https://www.franceculture.fr/emissions/du-grain-a-moudre-dete/police-une-illegitime-defense
Si on tape « violence » et « police » sur un moteur de recherche bien connu, on est frappé de voir apparaitre, à parts égales, des articles sur les violences subies et celles commises par la police. Dans une dialectique un peu macabre, les bavures voisinent les suicides de policiers, les violences sur agents côtoient les tabassages de manifestants. Et l'on comprend vite que les uns répondent aux autres, qu’il y aurait comme un rapport de causalité qui s’est instauré entre les deux.
L’actualité récente est venue renforcer ce sentiment. Le 26 juin, l’Inspection Générale de la Police Nationale rendait publique une série de chiffres, et s’alarmait du recours aux armes à feu qui a explosé de 54% entre 2016 et 2017. Le 3 juillet, Aboubakar Fofana, 22 ans, était abattu à Nantes par un CRS qui a d’abord plaidé la légitime défense avant de revenir sur ses déclarations. Le même jour, les sénateurs François Grosdidier (LR) et Michel Boutant (PS) rendaient un rapport inquiet sur l’état des forces de l’ordre : ils parlent de crise, de malaise général, de perte de sens… Sur fond de montée de la violence et de sentiment de déclassement.
La situation aurait donc dérapé depuis 2015 et les attentats qui ont considérablement élevé le niveau de violence… Et rendu le pouvoir politique encore plus dépendant des forces de l’ordre. Alors Police : une illégitime défense ?
Bibliographie

La police contre les citoyens?Christian MouhannaChamp Social, 2013

Basse police, haute politique : une approche historique et philosophique de la policeHélène L'HeuilletFayard, 2001
Intervenants
Historienne et politologue, maîtresse de conférences en science politique à l'Université Paris 8
Directeur du CESDIP (centre de recherche sociologique sur le droit et les institutions pénales)
Maître de conférences en philosophie politique et éthique à l’université Paris 4 Paris-Sorbonne, psychanalyste, membre de l’Association lacanienne internationale.