Pendant que les élus rechignent à la transparence devant les électeurs, ils se retrouvent mis à nu par les lobbys de Bruxelles. La transparence ne serait-elle qu'une question de montant ?
Le Parisien : Exclusif.Lobby du tabac : Philip Morris fiche les eurodéputés : Des documents internes montrent que Philip Morris fiche les euro députés, notamment français, pour mieux les approcher. Tout y est détaillé.
La vie privée n'a pas beaucoup d'importance pour les élus comme l'a déjà montré PRISM.
Les USA violent le droit international et aucun Etat de l'Union n'a demandé d'excuse. Une seule (petite) réaction diplomatique vient du Brésil ; alors qu'il y a matière à poursuivre les USA devant la Cour internationale de Justice. C'est à croire que la justice internationale, comme l'a reproché de l'OUA, n'est vraiment réservée qu'aux Africains.
Une justice du vainqueur, la loi du plus fort, qui exige ses otages et ses coupables : La Côte d'Ivoire refuse de transférer Simone Gbagbo à la CPI
Discrimination ou néocolonialisme ?
C'est la crédibilité de la protection internationale des droits de l'Homme qui est mise en cause si, d'une part, on laisse faire n'importe quoi à un pays et, d'autre part, on se contente de stigmatiser toujours les mêmes. Ce n'est plus du droit mais un règlement de comptes, une mentalité de bac à sable.
Comment s'étonner alors de Prism et de l'abdication de l'Europe dans ces conditions ?
La commission européenne négocie les termes d'un traité en violation de la clause de démocratie et des droits de l'Homme, au mépris de l'article 6 du traité consolidé de l'Union européenne.
Prism n'est pas de l'espionnage mais une atteinte industrielle à la vie privée des gens.
L'espionnage consiste à connaître les secrets d'un autre Etat, pas la vie privée de tous ses habitants. Un pays espionnant ses propres citoyens est un pays totalitaire. Les moyens affectés par la puissance publique à la surveillance domestique manquent d'autant à la lutte contre la criminalité organisée, la désertion fiscale, la corruption. Il manque 600 milliards de ressources fiscales et 32 milliards de TVA quand la DCRI surveille le web et convoque le gestionnaire de site. Il est étonnant que la démonstration de tels moyens ne soient pas plutôt affectés à des objectifs plus ambitieux en terme de sécurité, comme l'actualité en témoigne.
Le facteur humain s'est éclipsé au profit d'une algorithmique automatisée (voir l'accès aux services clients -payants). L'empire numérique s'est imposé sous le couvert du secret, la contrainte et dans l'opacité.
C'était écrit et annoncé :
NS-Eye, C-Eye-A, FB-Eye, Eye-Phone, Eye-Tunes, Eye-Pad, Eye-Mac, Eyepple, Meyecrosoft, Googleye, Eyehoo, Feyecebook, Ameyezon, Sk-Eye-pe, Eye-Bay, ...
Le marketing a mis en pratique le "discours sur la servitude volontaire".
Des victimes exhibent leurs chaînes numériques à défaut de s'être interrogées avant d'acquérir le dernier Eye-machin : Are we all Eye-diots for the US-Eye gvt ? Yes, you can.
Changement d'époque et de mentalité. L'oeil vulgaire du matérialisme mercantile piétinela vie privée et il n'a pas le charme de celui du poète :
Les yeux
Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux,
Des yeux sans nombre ont vu l'aurore ;
Ils dorment au fond des tombeaux
Et le soleil se lève encore.
Les nuits plus douces que les jours
Ont enchanté des yeux sans nombre ;
Les étoiles brillent toujours
Et les yeux se sont remplis d'ombre.
Oh ! qu'ils aient perdu le regard,
Non, non, cela n'est pas possible !
Ils se sont tournés quelque part
Vers ce qu'on nomme l'invisible ;
Et comme les astres penchants,
Nous quittent, mais au ciel demeurent,
Les prunelles ont leurs couchants,
Mais il n'est pas vrai qu'elles meurent :
Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux,
Ouverts à quelque immense aurore,
De l'autre côté des tombeaux
Les yeux qu'on ferme voient encore.
René-François SULLY PRUDHOMME (1839-1907)
Source : http://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/poemes/rene_francois_sully_prudhomme/les_yeux.html