La duperie politique à l’origine de la nomination de Michel Barnier à Matignon n’a rien de nouveau.
L’histoire ne se répète pas. Elle continue. Le gouvernement actuel est conforme à une histoire institutionnelle et à ses idées politiques.
L’alliance du centre à l’extrême-droite qu’incarne un gouvernement aussi mal élu, illustre combien la pensée conservatrice et réactionnaire - dont le nationalisme est une synthèse simplifiée à l’attention des foules - est une tradition. Le libéralisme est un voile de respectabilité destiné à lui donner l’illusion d’être fréquentable.
Même si son influence apparente fluctue, cette tradition est profonde. Il lui arrive de se faire discrète, au point d’en faire oublier sa prévalence, mais elle ne disparaît pas.
Le bonneteau politique de cet été et son succès témoignent comme elle est culturelle et ancrée. La domination n’est pas seulement masculine, elle est politique et consubstantielle à la pensée réactionnaire. Il est réducteur de limiter la culture du viol aux agressions sexuelles quant elle s’observe aussi dans la pratique institutionnelle,
Elle s’était totalement assumée avec Adolphe Thiers et du régime de Vichy. Par exemple.
Si elle a connu un petit reflux à la Libération, le regain actuel est conforme au particularisme politique français, attaché à l’ordre et à l’autorité, qu’Emmanuel Macron invoque et revendique souvent. Il n’y a pas qu’Éric Zemmour, Bruno Retailleau ou Marine Le Pen. À croire que l’extrême-droite est devenu un parti centriste.
L’héritage qu’ils revendiquent est une idéologie de brutes fondée sur le rapport de forces. Il règle les relations sociales depuis le néolithique. S’il y a eu depuis un grand progrès technique, la pratique politique n’a pas connu un progrès intellectuel équivalent. Cet archaïsme s’est théorisé. Il s’est fait une légitimité par procuration en s’appropriant le prestige de grands hommes et en se fabricant un mythe national. Chaque impérialisme actuel invoque le sien pour se perpétuer.
La mystification se transmet, notamment, en France, depuis plus de deux siècles, dans l’adoration de Bonaparte, sa prise de pouvoir par un coup d’Etat et son bilan humain désastreux. Son régime de notables, l’autorité et l’ordre, en font l’initiateur du fascisme. En opposition totale aux apports de la Révolution avec laquelle il est abusivement confondu ; celui-ci ayant trahi celle-là. Malgré cela, des chroniqueurs affirment que l’Arc de triomphe est un symbole de la République.
Cette perpétuation d’une mentalité autoritaire du 18 ème siècle, qui gouverne encore au 21 ème, contribue à expliquer l’insatisfaction des populations à l’égard de leurs dirigeants et l’importance du rejet que ceux-ci inspirent.
Le rejet naît d’une frustration que produit la contradiction d’une pratique politique, mais aussi sociale, issues d’une tradition totalitaire, d’une part, avec les valeurs de la République, d’essence progressiste, d’autre part ; que piétinent celles et ceux qui prétendent s’en revendiquer et les servir.
Les articles de Médiapart en dressent un catalogue surabondant. Ce ne sont pas tant les institutions qui sont faibles mais celles et ceux qui ne sont pas à la hauteur de leurs fonctions. L’actualité s’acharne à le confirmer.