Vous êtes en poste depuis cinq ans, entre-temps les foyers de conflit se sont multipliés (Ukraine, Gaza, RDC, Soudan…). Malgré tout, diriez-vous que les droits de l’homme sont, à l’échelle mondiale, mieux respectés que par le passé ?
Non, absolument pas. La situation est dramatique, notamment à cause de la crise du multilatéralisme. En Europe, on n’a pas encore pris la mesure du ressentiment qui existe dans beaucoup de pays du Sud à l’égard du deux poids deux mesures que donnent l’impression de pratiquer les Etats-Unis, le Canada, mais aussi l’UE et le Royaume-Uni. Dans tous les débats auxquels j’assiste au sein de l’ONU, la complicité des pays occidentaux avec le génocide que commet Israël sous nos yeux est intolérable. Tous les discours que les dirigeants de ces pays peuvent tenir à l’égard du respect des droits humains ailleurs dans le monde perdent toute crédibilité dès lors que, alors même qu’ils dénoncent l’agression de l’Ukraine par la Russie, ils continuent d’être totalement timorés à l’égard d’Israël et du drame qui se déroule à Gaza. Il y a clairement des régions où le retrait de l’Usaid cause un très grand nombre de morts évitables
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Olivier De Schutter est un juriste belge, spécialiste des droits sociaux et économiques, de la mondialisation et des droits de l’homme enseigne à l’UCLouvain, à SciencesPo (Paris) et à l’université Columbia. Avant d’être le Rapporteur spécial de l’ONU sur l’extrême pauvreté et les droits humains, il a notamment été secrétaire général de la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH) et Rapporteur spécial pour le droit à l’alimentation du Conseil des droits de l’homme à l’ONU. Il n’a jamais exercé de mandat politique, mais a figuré sur la liste Ecolo (en tant que candidat indépendant) lors des européennes de 2019 et 2024.