Mercredi matin, à la Maison-Blanche, le président sud-africain Cyril Ramaphosa est tombé dans le même piège que celui tendu à son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky le 28 février.
Passé quelques plaisanteries de façade, le locataire du Bureau ovale a surpris son invité en ordonnant de tamiser les lumières pour diffuser une vidéo sur la prétendue persécution des Afrikaners. « Dubul’ ibhunu (tuons le boer) », s’écrie dans un clip Julius Malema, chef du parti d’opposition sud-africain EFF (Economic Freedom Fighters) à propos des descendants des colons néerlandais qui imposèrent le régime d’apartheid aboli en 1993. Avant qu’il ne puisse réagir, Ramaphosa s’est vu remettre des photocopies d’articles sur un prétendu « génocide » des Afrikaners, un refrain martelé par le milliardaire d’origine sud-africaine Elon Musk, présent à la rencontre. Donald Trump a haussé le ton et apostrophé le visiteur : « Vous dépossédez les gens de leurs terres et, dans de nombreux cas, ces personnes sont exécutées. »
Ainsi « zelenskyé », le président sud-africain a tenté d’un ton calme et posé de sauver les apparences en rappelant que l’ANC de Nelson Mandela avait rejeté les appels à la violence de Malema et que les fermiers blancs n’étaient pas plus victimes de violences que les autres groupes ethniques de la « nation arc-en-ciel » (ils ne comptent que pour 1 % des 27.000 morts annuels). Mais Trump n’a pas daigné le regarder en face, conservant un air buté et défiant.
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Ce meeting entre Trump et Ramaphosa « a viré au spectacle honteux », a commenté Patrick Gaspard, ancien ambassadeur des Etats-Unis en Afrique du Sud sous l’ère Obama. « Les dirigeants sud-africains sont venus avec leur diplomatie du golf, et Trump les a piétinés avec une sorte de fausse vidéo montée de toutes pièces et une violente rhétorique. S’adresser à Trump en jouant selon ses règles n’a jamais réussi à personne. Tout ça est une honte. »