Coup sur coup, plusieurs personnes expriment sur les médias leur déception à propos de la médiocrité politique :
- Pierre Ferracci, patron de Secafi, dans l'interview Eco de France info
- François Heisbourg dans un Monde d'idées de France Info sur les erreurs commises dans la lutte contre le terrorisme, dénonçant " la médiocrité (...) aux commandes " et " l'opportunisme politique "
- Alexis Poulin sur La Première « Face à l'info » : " nous sommes dans la médiocrité absolue " (17'33)
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Réduire l'explication du Brexit au choix des électeurs britanniques et au Royaume-Uni est une simplification du débat, voire une escroquerie intellectuelle. " Les politiciens de tous les partis doivent écouter et respecter ce vote. Des millions d'électeurs ont rejeté un système politique qui les a laissés sur la touche " (Jeremy Corbyn). Nathalie Chifflet détaille dans les Dernières Nouvelles d'Alsace la sociologie "gentrifiée" du vote remain ("Le Royaume de la désunion" p.4 samedi 25 juion 2016).
Le Brexit n'est qu'une conséquence de la politique des trente dernières années pendant lesquelles, tant au Royaume-Uni que dans le reste de l'Europe, a prévalu une politique de régression sociale, accompagnée d'une étrange mansuétude pour la criminalité financière (La fraude fiscale coûte 2 000 milliards d'euros par an à l'Europe,Chaque année, la corruption coûte jusqu'à 990 milliards d'euros à l'UE).
Le Brexit intervient peu de temps après les Panama papers, qui sont succédé au Luxleaks, au Swissleaks, nonobstant les scandales industriels et financiers de chaque pays.
Le défaut persistant d'Europe sociale et la régression sociale paraissent donc avoir une part prépondérante dans le Brexit.
L'accroissement des inégalités, la peur d'une menace de précarisation et de paupérisation qu'emporte le discours néo-libéral - dont François Hollande et les autres chefs de gouvernements des Etats membres - sont la cause principale de l'atomisation du projet européen et de la légitimité des pouvoirs qui y ont présidés.
Le personnel politique est doublement responsable du Brexit par l'absence de promotion d'une politique commune fiscale et sociale qui est un but de l'Union européenne, d'une part, et la promotion d'un paradigme néo-libéral au nom d'un principe " de concurrence libre et non faussée " qui n'est pas inscrit dans le droit des traités de l'Union, d'autre part, dont la loi travail est un dernier avatar.
Les politiques ont trahi leurs électeurs et le droit de l'Union en procédant par inversion normative, aboutissant à faire prévaloi l'intérêt particulier des " marchés " sur l'intérêt général de leurs mandataires.
Les difficultés financière de l'Ena interpellent sur la validité des compétences de gestionnaires des personnes qui en sortent.
Quant à l'idée d'un référendum sur la sortie de l'Union européenne de la France, ses promoteurs ne peuvent pas ignorer le risque d'implosion de l'unité nationale comme elle se profile au Royaume-Uni.
Rien ne garantit aujourd'hui qu'il n'y aura pas des régions françaises attachées au projet européen qui revendiqueront leur maintien dans l'Union en envisageant un processus d'indépendance.
Il y a donc lieu à s'interroger sur la perspicacité d'un pouvoir qui reçoit les stigmatisateurs de l'Etat solidaire et refuse d'entendre l'ensemble des syndicats et de l'opinion tout en affirmant sa volonté d'imposer un texte antisocial.
Quant à la sécurité (Hollande répond avec une Europe de la sécurité - Page 1 | Mediapart), les fiascos anti terroristes et les supporters de foot russes ont montré ce que vaut le discours sur la sécurité malgré une loghorée répressive et une inflation de lois liberticides.
Après le Brexit, la droite française martèle l'importance de la «Nation»
Par Aurélie Delmas
Sur le concept de nation en France :
Suzanne CITRON, Le Mythe national, l’histoire de France revisitée, Les Éditions ouvrières, 1987, nouv. éd. « L’Atelier en poche », 2008, 336 p.
Sur l'histoire de la démocratie, notamment en France :
Bibliographie de Serge Berstein sur Persée