Frédérick Stambach parle des doxosophes, diafoirus de l'économie, qui se penchent sur l'Etat, en lui prescrivant des saignées pour le rétablir, et plus particulièrement sur le cas de la sécurité sociale, ce qui signifie que l'effectivité du droit à la santé est menacée.
Le droit à la santé est un droit de l'homme, consacré par des instruments internationaux ratifiés par la France qui a l'obligation positive d'en assurer l'effectivité, sachant que la régression sociale est prohibée par le droit international.
En réduisant l'accès universel aux soins de qualité (les déserts médicaux en sont une conséquence), la France commet ainsi un acte internationalement illicite que les "doxosophes" cautionnent alors qu'ils appellent, par ailleurs, au respect des droits de l'Homme, quand il s'agit en dehors de nos frontières (!).
Charité bien ordonnée devrait commencer par soi-même.
Cette contradiction donne la mesure de l'absence de sincérité de leurs propos, dictés par une prétention de Diafoirus de l'économie alors que l'argent coule à flots :

Source : ARTE " Evasion fiscale - le hold-up du siècle "
http://future.arte.tv/fr/sujet/evasion-fiscale
En Belgique, la sécurité sociale est gérée par des mutuelles. Il faut cependant une complémentaire. Les tarifs sont très variés. Les meilleures complémentaires (dont le siège est à Luxembourg) sont accessibles aux revenus élevés. C'est vers ce modèle que s'oriente le système français.
Une telle organisation ne répond pas à l'effectivité du droit à la santé, qui relève d'une mission de service public devant garantir l'accès égal de tous aux mêmes soins de qualité.
Un service public s'explique par la mutualisation d'une activité non rentable.
Appliquer une approche économique à un service public conduit à ne garder ouverts que les lieux de soins rentables. Ce n'est donc plus un service public de santé, puisqu'il n'est plus accessible à tout le public, géographiquement comme financièrement.
L'abdication du politique, en matière santé, comme en d'autres, a une incidence directe sur la vie quotidienne.
L'étude de l'installation des nouveaux cabinets médicaux le montre.
Les médecins généralistes partent à la retraite et d'autres ne s'installent pas dans les régions où il n'y a pas ou plus de pôle hospitalier de proximité pour soutenir leur action sanitaire en cas de nécessité. C'est compréhensible.
Une politique se reposant sur la substitution d'une offre privée à une offre publique apparaît donc contraire à une politique du territoire et favorise la concentration des populations sur les agglomérations avec les inconvénients qu'y connaissent les habitants (coût de l'immobilier, temps de transport, pollution, bruit, mauvaise qualité de la vie, ).
Aborder le droit à la santé sous le seul angle du calcul économique provoque donc une offre déséquilibrée des services publics sur le territoire.
Une telle approche financière, à court terme, est incompatible à une politique de développement durable.
La géographie de l'accès aux soins est un exemple des conséquences du désengagement de l'Etat qui rompt le principe de l'égalité de tous. Ce phénomène peut aussi s'étudier pour les transports en communs, le courrier, les communications, la qualité de l'eau, le commerce, les écoles, la justice ...
Le désengagement de l'Etat a une incidence sur la santé des ménages qui vont renoncer à se soigner.
Il y a l'obstacle géographique.
Des régions privées d'installation hospitalière obligent les personnes à des déplacements importants. La distance conduit certaines d'entre elles à y renoncer. Cela menace la santé publique en cas d'infection. Le niveau de santé baisse et la pathologie s'aggrave pour - in fine - n'être reportée qu'à plus tard et plus loin et peser sur les hôpitaux. Le temps disponibles par patient se réduit. Le suivi est moins bon.
Il y a un obstacle financier.
Une clinique n'a pas les moyens d'un hôpital public, et quant elle les a, le coût d'une journée d'hospitalisation la rend inaccessible à une part importante de la population. Beaucoup de cas graves ne sont pas soignés en clinique et évacués sur les grands hôpitaux publics.
Il est donc évident qu'un service de santé privé ne peut pas se développer ni se substituer à un service public hospitalier et répondre à l'obligation positive de l'Etat de garantir à tous un accès effectif au droit à la santé.
Un facteur politique, dans le sens de la gestion des affaires publiques, n'est pas pris en compte dans l'absence d'hôpital public :
La disparition des hôpitaux publics au niveau des arrondissements ou des cantons impacte directement l'offre de médecine de proximité.
Les installations publiques favorisent le choix et l'installation des généralistes. Une prime ne suffit pas à motiver un médecin si celui-ci n'a aucune infrastructure à proximité pour le soutenir et le relayer dans l'exercice de sa médecine. Le désert médical commence donc par le désert des hôpitaux publics dont la disparition est suivie de la fermeture des cabinets et du non remplacement de ces derniers.
La disparition de l'offre de soin n'est que la partie visible de cette désertification et en elle n'en est pas la conséquence prévisible la plus dramatique, à laquelle l'économie ne répond pas et même s'abstient de prendre en compte (à moins qu'il s'agisse d'un refus bien conscient).
En effet, le maillage de la médecine de ville ou de famille est une politique publique de première importance pour garantir la population contre les risques sanitaires graves (épidémies, accident industriel par exemple). Ce risque est réel et sérieux. Il est connu des pouvoirs publics.
Un ex. : la vallée du Rhône, au sud de Lyon (2° zone urbaine de France après la région parisienne) est très fortement habitée et tout aussi industrialisée.

Cette vallée du Rhône comporte un nombre de sites classés SEVESO très important (70 sites déclarés SEVESO).
Si Lyon peut s'enorgueillir de quelques grands centres hospitaliers, il en va très différemment de la vallée du Rhône elle-même, également très habitée, où il y a très peu d'hôpitaux publics et où il manque des généralistes. En revanche, les supermarchés et les zones commerciales y poussent comme des champignons. Paradoxe libéral les vecteurs de maladie cardiovasculaire s'installe avec une facilité déconcertante et attire une population grandissante à laquelle les collectivités n'offrent pas les structures de soins prévisibles à cet afflux de fréquentation et d'installation. Il y a des budgets pour faire du bénéfice. Il n'y en a pas pour soigner. Un telle politique du territoire est déséquilibrée alors que les ressources sont en augmentation. Pourquoi ?
Le ministère de la santé, comme celui de la consommation, ne s'alarment pas des poussières toxiques de ces usines sur les poumons de la population et sur les grappes des vignobles, les fruits des vergers, ... destinés à l'alimentation.