26 sept 14:00 Matthieu Delacharlery
On ne va pas se mentir ! Personne, ou presque, ne lit les conditions d'utilisation et règles de confidentialité avant d'installer une application sur son smartphone. Tout le monde, ou presque, clique sur "J’accepte". Et pour cause : en ouvrant un compte sur la messagerie Gmail, par exemple, l'utilisateur doit avaler pas moins de 20 pages au format Word de conditions d'utilisation et de confidentialité, soit au total plus de vingt minutes de lecture, qui plus est dans la langue de Shakespeare. Or, une fois acceptées (à l'aveuglette), ces sortes de contrats tombent aux oubliettes alors qu’ils définissent pourtant la collecte, l'exploitation et la dissémination de nos données personnelles, et cela de manière permanente.
Vous l’imaginez bien, ces textes, rédigés par des juristes hors pair, servent davantage à protéger les entreprises que les utilisateurs. Et l’application Tinder, avec ses 50 millions d’utilisateurs, n’échappe évidemment pas à la règle, comme a pu le constater la journaliste Judith Portail. Dans un article paru ce mardi 26 septembre sur le site du quotidien The Guardian, fait état du nombre colossal d’informations, parfois même très intimes, que possède Tinder sur chacun de ses membres.
800 pages d'informations collectées en l'espace de 4 ans
En mars dernier, la journaliste, apparemment utilisatrice régulière de l’appli (920 connexions, 870 interactions et 1700 messages échangés depuis son inscription, il y a quatre ans), a demandé à l’entreprise Match Group, propriétaire de Tinder, de lui donner accès à toutes les données personnelles collectées depuis son inscription. Peu de gens le savent, mais tout citoyen européen est autorisé à le faire en vertu de la directive européenne sur la protection des données, comme le rappelle l’article du Guardian.
Surprise ! Au total, pas moins de "800 pages d’informations" confidentielles, allant de ses "J’aime" sur Facebook à ses photos Instagram (même après avoir supprimé le compte associé, précise-t-elle), en passant par son niveau d’études, la tranche d’âge des hommes auxquels elle s’intéresse, ou encore la date et le lieu de chaque conversation sur l’application, etc. A partir de ces données, Tinder peut ainsi dresser un portrait très précis de chaque utilisateur, c’est-à-dire aussi bien ses centres d’intérêt que les lieux qu’il fréquente, ses emplois, ce qu’il aime manger ou encore ses goûts musicaux.
Un ancien de Google avoue : la Silicon Valley joue avec votre esprit

Ne bradons pas notre temps d’attention aux géants du web Par Luc Vinogradoff
Tristan Harris : « Des millions d’heures sont juste volées à la vie des gens » Alice Maruani
Technologie. La Silicon Valley pirate nos esprits Bianca Bosker