Shoshana Zuboff dénonce la tentative de renversement de la souveraineté démocratique par le capitalisme de surveillance. Elle appelle les pays et leurs législateurs à réagir en adoptant les normes et les lois nécessaires à prévenir efficacement cette spoliation du pouvoir.
L’Âge du capitalisme de surveillance (En France, paru chez Zulma le 15.10.20). Traduit dans une vingtaine de pays, ce livre monumental est le résultat de près de dix ans de réflexion, de recherche et d’écriture. Il se veut le premier chapitre de la quête de toute une vie pour répondre à la question « Pouvons-nous habiter le futur numérique ? ».
Shoshana Zuboff y décrit une nouvelle forme de marché qui revendique l’expérience humaine privée comme matière première dont elle se sert dans ses opérations secrètes d’extraction, de production et de vente. L’économie de surveillance est ainsi devenue l’expression dominante du capitalisme dans l’ère numérique, à distinguer du capitalisme de marché.
Sa matière première consiste en ce que l’auteure nomme le « surplus comportemental », soit tout ce que monétise cette forme de surveillance discrète au-delà des données comportementales, toutes les traces que l’on laisse et qui permettent d’influencer et de modeler nos comportements
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Le Monde diplomatique novembre 2020
par Cyril Pocréaux & François Ruffin
Pour que l’Union européenne continue de faire la course en tête, j’ai lancé sans attendre une initiative afin d’accompagner et d’accélérer nos efforts de recherche en Europe sur la 6G. » Quelle est donc la priorité de M. Thierry Breton, l’ancien patron de France Télécom, à peine nommé commissaire européen au marché intérieur ? Non pas l’Europe sociale, non pas l’harmonisation fiscale, ces promesses agitées depuis trente ans et qui, manifestement, peuvent encore attendre. Quelle est l’urgence pour les peuples, pour leur avenir ? La 6G. La 5G n’est pas encore arrivée, 40 % du territoire français ne dispose pas de la 4G, Bussus-Bussuel — code postal 80135, dans la Somme — et des centaines d’autres communes ne disposent toujours que de la 0G, mais les têtes pensantes de Bruxelles, décidément tournées vers l’avenir, préparent la 6G. Et pourquoi ? Pour « accélérer », pour « faire la course en tête ».