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Billet de blog 29 mai 2025

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Les actionnaires receleurs de crimes de guerre et contre l'humanité

Des populations entières sont martyrisées par des guerres auxquelles contribuent directement des industries par des livraisons d'armes mais aussi des composants destinés au fonctionnement et à l'entretien de ces armes. Au-delà de la complicité par fournitures de moyens de ces sociétés grâce auxquelles sont commis les crimes, les actionnaires n'en sont-ils pas les receleurs ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Tuer des civils n'est pas une guerre. C'est un crime et la guerre est illégale au regard du droit international.

Les crimes de guerre, les crimes contre l'humanité, le génocide et le crime d'agression - crime contre la paix - sont des crimes imprescriptibles.

La fourniture de moyens permettant la commission d'un crime établit la complicité et le complice est puni comme l'auteur du crime.

Le recel est le fait de profiter, en connaissance de cause, des bénéfices d'un crime ou d'un délit. C'est un délit continu.

En amont du bras criminel qui, entre autre, tue au Soudan, en Palestine, en Ukraine, en Arménie, au Kivu, ... il y a le bras qui l'arme et la personne qui s'enrichit de l'argent de la vente. 

A défaut d'identifier avec certitude les criminels, les victimes le sont sans problème, ainsi que les moyens mis en oeuvre pour les tuer. 

Les armes et technologies permettant ces crimes permettent l'identification des entreprises complices, puisqu'elles participent à ces crimes industriels, des crimes de masse, et donc d'en identifier les responsables, tous les responsables, du sommet de l'organisation à celles et ceux qui en tirent un intérêt.

L'économie ne peut pas justifier les profiteurs de crimes de guerre, de génocide, de crimes contre l'humanité, de crime d'agression, puisque c'est l'effet pécuniaire auquel parviennent les investisseurs et les décideurs - conseil d'administration, direction, assemblée générale, actionnaires - des entreprises qui arment les criminels ou participent à faciliter ou rendre possible ces crimes. Il y a une implication directe des profiteurs complices et/ou receleurs que la notoriété publique des crimes commis ne permet pas d'invoquer l'ignorance ni la bonne foi contractuelle.

Comme il existe des victimes par ricochet, rien n'exclut d'évoquer la possibilité, dans une telle chaîne contractuelle rendant ces crimes possibles, une responsabilité solidaire criminelle, laquelle, in fine, a son origine dans les décisions des assemblées générales et les choix des actionnaires, qui en tirent un profit dans la perception des dividendes. La presse ne rapporte jamais d'assemblée générale où les actionnaires imposent aux dirigeants d'agir conformément à l'impératif catégorique. S'il y a un impératif économique ou politique, c'est l''optimisation immédiate des profits. Sans se soucier des conséquences humaines et environnementales.

Il serait si simple de pénaliser les dividendes. Une petite loi pour faire réfléchir la chaîne économique sur les conséquences de sa logique faustienne, prométhéenne. Réifiant tout, sans qu'aucun pouvoir politique ne s'en émeuve.

Il est gravement indécent et antidémocratique (puisque la norme fondamentale d'un ordre juridique démocratique est le respect de la dignité humaine) que cette évidence échappe avec persistance au débat politique sur les crimes qui indignent l'opinion publique.

La contradiction entre un discours public borné et autoritaire et l'indignation des populations signale des politiques peu préoccupés de leurs populations.

Quant au droit... les politiques sont, au mieux, soit des ignorants, soit des brutes. Quant ils ne mentent pas ou témoignent d'un cynisme ou abusent d'une rhétorique perverse et inquiétante. Comme les investisseurs et les décideurs économiques. La convergence du monde des affaires  et de la politique, au-delà du scandale ordinaire qui encombre l'information, favorise les crimes de masse.

A défaut d'être civilisée, l'actualité montre qu'elle est avant tout criminelle. Image de celles et ceux qui la font.

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