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Économiste, sociologue et HEC à la retraite (maître de conférence à l’Université Dauphine et membre du Cabinet Syndex, expert-comptable spécialisé dans le conseil aux Comités d'entreprise et aux syndicats de salariés), il s’occupe, depuis une dizaine d’années, de promouvoir l’Indépendance de la Kanaky Nouvelle-Calédonie. Il s’est mis en outre à écrire autre chose que de savants traités...

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Billet de blog 19 juillet 2025

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Économiste, sociologue et HEC à la retraite (maître de conférence à l’Université Dauphine et membre du Cabinet Syndex, expert-comptable spécialisé dans le conseil aux Comités d'entreprise et aux syndicats de salariés), il s’occupe, depuis une dizaine d’années, de promouvoir l’Indépendance de la Kanaky Nouvelle-Calédonie. Il s’est mis en outre à écrire autre chose que de savants traités...

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"L’État de la Nouvelle-Calédonie" ? Pas "l’indépendance" : un "protectorat" français

Plein de grains de sable possibles dans un verre ½ plein ou ½ vide ; à mon humble avis, plutôt au ¾ vide. Pourquoi ? C’est, pour presque tous, la bonne surprise de l’Accord de Bougival du 12 juillet, "un tournant historique". Pour d’autres, mais très minoritaires, c’est une "bascule tactique, un recul imposé, une trahison silencieuse". Et, danger, une loi peut toujours défaire une loi précédente…

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Économiste, sociologue et HEC à la retraite (maître de conférence à l’Université Dauphine et membre du Cabinet Syndex, expert-comptable spécialisé dans le conseil aux Comités d'entreprise et aux syndicats de salariés), il s’occupe, depuis une dizaine d’années, de promouvoir l’Indépendance de la Kanaky Nouvelle-Calédonie. Il s’est mis en outre à écrire autre chose que de savants traités...

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Un « statut sui generis » inscrit dans la Constitution de la République française qui pourra être reconnu par la communauté internationale. Selon Wikipédia, « Sui generis est un terme latin de droit, signifiant "de son propre genre" et qualifiant une situation juridique dont la singularité empêche tout classement dans une catégorie déjà répertoriée et nécessite de créer des textes spécifiques ». En plus clair : une nouvelle situation inédite, en effet, dont les accords sur le statut du Caillou ont le secret. Et un caillou en moins dans la chaussure de Macron, du moins pour le moment.

Après l’échec de Valls au conclave de Déva en suivant, comme le lait sur le feu et avec de rares billets, l’actualité de la Kanaky Nouvelle-Calédonie qui m’est très chère, je m’attendais comme tout le monde avant cette surprise, à un échec possible sinon certain : on avait attendu des semaines les résultats de la mission de Godot-Manuel[1] Valls qui, malgré son échec dans l’hôtel cinq étoiles Sheraton New Caledonia Deva Spa & Golf Resort de Bourail, à plus de 160 km de Nouméa, fut, concernant l’ex-Premier ministre, une bonne surprise ; puis on attendait Godot-Emmanuel[2] Macron, et le résultat du nouveau conclave dans l’hôtel Hilton (4 étoiles seulement...) à Bougival dans la banlieue chic de l’Ouest parisien à un jet de pierre de Paris.

Je constatais la bonne surprise pour Godot-Valls : une nouvelle santé (inattendue) « à gauche » (mais toujours « irréconciliable » avec l’extrême gauche, sauf, donc, sur la Kanaky)... Je m’attendais donc pour Godot-Macron : soit à un échec cinglant (ça risquait de faire « pschitt », comme disait Chirac en 2001) ; soit à une moyenne surprise, peut-être une pseudo-indépendance-protectorat dite "État associé", rebaptisée "sui generis" (c’est moins hard). Mais dans une génération : 15 à 20 ans ![3]

On sait maintenant, et c’est important, que cette procrastination habituelle de Macron a disparu : le projet est pour presque tout de suite et non plus aux calendes grecques. Changement de pied radical de celui qui se veut le maître des horloges.

C’est donc d’une sorte de moyenne[4] surprise qu’a accouché l’Accord de Bougival[5] : très en-deçà de l’Indépendance-association et même en-deçà de l’État associé, mais ainsi avec un règlement de la question institutionnelle qui se veut pour demain.  

On va d’abord commencer brièvement par la fin de l’histoire, ce beau récit avec une belle mise en scène par le président Macron le soir du 12 juillet, mais dans une ambiance de jubilation cependant mêlé à comme un malaise ; on continuera par tenter de présenter le contenu de l’Accord selon la presse locale et mondiale (un véritable buzz en Métropole) ; on, finira par les principales réactions politiques, essentiellement sur le Caillou.

1 – Un beau récit… mais avec comme une culpabilité de la réussite miraculeuse et, de tous les côtés, les risques que le compromis soit considéré comme des compromissions

Commençons donc par cette fin qualifiée par tous « d’accord historique » qui s’est terminé en beauté par une émouvante conclusion à l’Élysée où Macron a reçu, et avec tout le beau monde de l’État, les principaux acteurs calédoniens[6].

Émouvante, en effet, cette grosse heure ou rôdait toutefois (ça me semble central, jinsiste) chez chacun la peur des éventuelles suites hostiles à cet accord, comme lors de l’accord de 1988 entre Jean-Marie Tjibaou et Jacques Lafleur qui a coûté la vie au premier[7], assassiné (il avait 53 ans) un an après par un Kanak qui le considérait comme un traitre. Le second est mort de sa belle mort en 2010 à 78 ans sur la Gold Cost australienne ; mais sa vie politique a sans doute pâti de 1988. 

Heure introduite par Macron suivi par le président du gouvernement local Ponga ; le député loyaliste radical Metzdorf évoquant tout de suite des réactions déjà hostiles à cet accord sur le Caillou dans chaque camp, mais aussi l’insuffisance de traitement des questions économiques (en gros, de gros sous) ; idem le député Tjibaou ; Falaeo, présidente du Congrès, dit peu de choses. Backès, autre loyaliste radicale et présidente de la Province Sud, en rajoute (« Ce ne sera pas simple pour les indépendantistes quand ils vont rentrer », et idem pour nous) ; idem pour Ruffenach, élue du Rassemblement, l’équivalent des LR (« Nous sommes un peu secoués ; […] ça va secouer un peu ») ; pareil pour Gomès, le patron de Calédonie ensemble ; Muliava, élu de l’Éveil océanien (parti presque indépendantiste de la communauté wallisienne-futunienne du Caillou) apporte une longue touche plus pleureuse, mais pas idiote sur l’altérité non négociable mais qui se rapproche par un compromis ; etc.

Puis Valls, le ministre d’État des outre-mer (félicité par Macron, sans doute au grand dam des loyalistes radicaux : mais Valls a cependant dû avaler quelques anguilles, singulièrement dont la quasi-partition du Caillou à laquelle il sétait opposé à Déva) qui détaille un peu le projet de compromis, rajoutant, parlant des responsables calédoniens : « Ils risquent leur vie, parfois » ; puis le premier ministre Bayrou, rapidement, suivi par Larcher, président du Sénat qui met l’accent sur le courage et la volonté du vivre ensemble grâce à ce compromis, suivie par Braun-Pivet, la présidente de l’Assemblée nationale, qui se dit très émue et admirative, mais note « Ce n’est qu’un début […] il faudra [tous] assumer ».

Maron conclut, remercie encore en particulier Valls ; il insiste sur la nouvelle filière nickel à mettre en place (pour ne pas dire, PC, le changement de la doctrine nickel…) les réformes économiques, et reste évasif sur le projet d’État de Nouvelle-Calédonie au sein de la France. Il conclut : « Il y a dix jours, en ouvrant ce sommet, je vous ai fait confiance… [pause] il y a une très belle formule d’Emmanuel Levinas que j’ai souvent citée "La confiance, au moment où elle était donnée, est devenue le problème de l’autre" ; je pense que la formule n’a jamais été aussi vraie que pendant les dix jours que vous venez de vivre » ; et Macron d’insister sur « la part de l’autre ».

2 – Un accord qui dit quoi ?

21 – Premiers résumés selon la presse

On connaît maintenant le contenu exact de l’accord, proposé à Bougival, écrit de 13 pages, intitulé Le pari de la confiance[8] : « Premier élément d’importance : la création d’une nationalité calédonienne sur des critères bien précis. Des citoyens calédoniens qui jouiront de la double nationalité française et calédonienne. Le principe devrait débuter en 2026. Deuxième point, les élections. Le projet d’accord précise qu’il n’y aura pas d’élection cette année. Des municipales se dérouleront au mois de mars 2026, suivies de provinciales en mai ou en juin. Des élections avec des règles qui changent : pour y participer, on devra être né en Nouvelle-Calédonie, ou y résider sans discontinuer depuis quinze ans[9]. Le troisième sujet concerne la filière nickel. Un plan stratégique sera élaboré en vue d’atteindre un équilibre pour la valorisation de la ressource. On parle de la relance de la transformation du minerai en province Nord. Le dernier point de ce texte porte sur le calendrier : on remarque qu’avant la tenue des scrutins, les Calédoniens seront appelés à se prononcer sur l’accord politique, vraisemblablement en février 2026 ».

Comme beaucoup d’autres, ce résumé n’est que factuel, incomplet et peu analytique. Médiapart a publié rapidement, également le 12 juillet, sous la plume d’Ellen Salvi qui connait bien le Caillou, une analyse plus intéressante[10], plus détaillée et qui évoque les ambigüités du texte (mais sans plus…) relevant « du monument historique ». Trois points sont mis en exergue ; les commentaires en caractères gras sont de mon cru.

1/ Le nouvel « État » ne possède, pour le moment qu’une seule compétence régalienne : « À l’exception de la compétence en matière de relations internationales, dont la poursuite du transfert, déjà engagé par l’accord de Nouméa, permettra une reconnaissance de ce nouvel État sur la scène diplomatique, la répartition des autres compétences demeure inchangée. La France reste donc compétente en matière de défense, de justice, de monnaie, mais aussi de sécurité et d’ordre public[11], dans une association étroite, cependant, avec les institutions de l’archipel. [Je souligne, PC] ». Sans aucun doute, la question centrale des attributs de l’État reste pour le moins très en-deçà de ceux de l’indépendance.

2/ Idem pour ce que Médiapart nomme un « embryon de Constitution calédonienne »[12]. Encore loin donc d’une Constitution, même en enfance…

3/ « Le texte aborde évidemment l’épineuse question du corps électoral […] les élections provinciales devraient se tenir en mai-juin 2026, avec un corps électoral élargi à 12 000 personnes nées sur le territoire et jusqu’ici privées de vote, ainsi qu’aux électeurs et électrices justifiant de quinze années de résidence. Il sera ensuite défini selon les règles de la nouvelle nationalité ». Un simple détail pour lauteure de l'article ?

Ellen Salvi conclut ainsi ces trois points : « C’est un texte équilibré. Personne ne peut dire qu’il a gagné ou perdu. C’est important pour la suite » ; je ne partage que moyennement cette conclusion d’un « texte équilibré ». Heureusement, les conclusions de cet article seront profondément modifiées et, de fait, autocritiquées quelques jours plus tard ; mais gardons le suspense...

Un autre article[13] du 14 juillet de NC 1ère (sur lequel on reviendra plus loin) propose aussi son analyse qui s’ouvre par « Le mot "indépendance" absent » et note « Le statut proposé ressemble à un "protectorat" pour le constitutionnaliste Benjamin Morel, interrogé sur La 1ère, samedi. Dans le cadre de cet accord, juge-t-il, "les loyalistes (…) acceptent l’indépendance de droit, mais en essayant de maintenir une absence d’indépendance de fait" ».

Enfin, un intéressant article du 16 juillet se pose les questions de fond suivantes[14] : « Que signifie ce nouveau statut ? Existe-t-il d’autres exemples dans le monde ? Et surtout, fait-il de la Calédonie un État souverain ? Éléments de réponse ». Les réponses des constitutionnalistes bien connus de nos lecteurs (Léa Havard, Karine David, Ferdinand Mélin-Soucramanien et Eric Descheemaeker) apportent peu d’eau au moulin, en discutant en particulier du fédéralisme. On y apprend cependant que l’on est passé, selon le projet de Valls de Déva, de « l’État de la Nouvelle-Calédonie aura vocation à être reconnu [Je souligne, PC] par la communauté internationale » à, dans l’accord de Bougival, « pourra être reconnu[idem] ». En outre : « … même si le sujet est régulièrement évoqué, l’accord ne précise pas spécifiquement que la Nouvelle-Calédonie aura un siège - même d’observateur - aux Nations Unies ». Il évoque simplement "une reconnaissance par la communauté internationale". Les termes employés laissent du flou, et c’est certainement ce qui a permis la signature. (Léa Havard) ».

On n’est donc pas plus avancé ; je laisse le mot de la fin au point de vue des loyalistes radicaux que résume le professeur (de droit privé…) en Australie Eric Descheemaeker : « Soit, l’État de Nouvelle-Calédonie est un vrai État, et alors ce n’est plus la France. Soit c’est une collectivité territoriale sur laquelle on a apposé une étiquette ronflante mais vide d’implications concrètes, et alors il faudra le dire et en tirer les conséquences. […] des mots sur le papier ».

22 – Mon analyse critique (mais rapide) du texte

Le texte ne se comprend en fait pas facilement ; on y trouve quelques éléments sur lesquels la presse est pour le moment discrète. Mon inventaire un peu à la Prévert (mes commentaires étant en caractères gras)…

L’accord « repose aussi sur la volonté des Calédoniens de faire peuple. Cet accord constitue une nouvelle étape sur la voie de la décolonisation et de l’émancipation, dans le respect des principes démocratiques et de l'État de droit. Le droit à l’autodétermination demeure garanti par le droit international ». Ça va mieux en le disant.

« Une loi organique spéciale définira les conditions de mise en œuvre de l’accord. Elle organisera en particulier la répartition des compétences entre l’État et les institutions de la Nouvelle-Calédonie, celle-ci pouvant évoluer y compris dans le domaine régalien ». « Modification des dispositions relatives à l’élection des membres du Congrès. Le Congrès de la Nouvelle-Calédonie, composé désormais de cinquante-six membres, pourra adopter une résolution à la majorité qualifiée de trente-six membres proposant que soient modifiées les modalités de son élection »[15].

Cet aspect est fondamental : insistons. Le rééquilibrage du nombre d’élus au Congrès du Caillou au profit de la Province Sud où la population des Caldoches, des Zoreils et des autres Non-Kanak à majorité écrasante loyalistes étaient encore très majoritaire en 2019 (peut-être un peu moins en 2025) est évident avec l’accord et est une victoire des loyalistes radicaux ; victoire partielle cependant (mise en lumière par Ruffenach, voir plus loin) : elle ne correspond pas encore à la répartition de la population évaluée par le recensement de 2019. Voir ci-dessous les graphiques où la population de la Province Sud compte autour des ¾ du total, 59 % des élus selon le schéma actuel et 66 % selon l’Accord de Bougival.

Illustration 1

" Dispositions applicables aux provinces. Les provinces sont confortées comme échelon privilégié de mise en œuvre du développement économique, social et de l’emploi ». Peu de détails, mais c’était et c’est toujours l’un des principaux chevaux de bataille des loyalistes radicaux, avec la surpression des discriminations positives favorisant les Provinces Nord et des Îles en matière fiscale.  Cependant, est indiqué (mais sans précision) un garde-fou : « La loi organique spéciale garantira le maintien d’un mécanisme de solidarité financière entre les différentes institutions et collectivités de la Nouvelle-Calédonie ».

« La Loi fondamentale de la Nouvelle-Calédonie pourra modifier les signes identitaires du pays (nom, drapeau, hymne, devise...) ». Pour le moment, ce n’est donc pas encore Kanaky Nouvelle-Calédonie …

« La compétence en matière de relations internationales est transférée à la Nouvelle-Calédonie dans le champ des compétences propres des institutions calédoniennes. […] L’État est compétent en matière de défense, la Nouvelle-Calédonie étant étroitement associée à son exercice… […] L’État est compétent en matière de justice, la Nouvelle-Calédonie étant étroitement associée à son exercice… […] La compétence monétaire demeure celle de l’État… ». Médiapart le notait. Mais pas ce qui suit.

« Un plan stratégique pour la filière nickel sera élaboré… […] Le schéma de mise en valeur des richesses minières et le code minier seront revisités, [Je souligne, PC] en tenant compte des principes suivants : la relance d’une activité de transformation du nickel en province Nord… […] … la facilitation de l’export de minerai dans le cadre d’une doctrine renouvelée. [Je souligne encore, PC] Le minerai de nickel calédonien restera prioritairement transformé dans les usines présentes sur le territoire ou dans l’usine calédonienne offshore, dans le respect de leurs équilibres économiques. Si sa composition chimique, sa teneur, la capacité de production des usines ou leur équilibre économique ne le permettent pas, il sera exporté… [Idem, PC] ».  L’expression « doctrine renouvelée » est ambiguë[16] mais peut être traduite : soit par « On ne change pas la "doctrine nickel" des Accords de Bercy de 1998 obtenue de haute lutte par les indépendantistes soutenus par le parti Calédonie ensemble ; soit par « On la chamboule », comme proposé par Le Maire-Macron lors du véritable chantage dudit « Pacte nickel »[17] ? On a là une inconnue de l’accord, non encore relevée, sauf erreur ; et ce n’est pas un détail au niveau de la politique économique.

Le reste est du vieux vœu pieu (jeunesse, formation, lutte contre les inégalités, etc.) qui ne mange pas de pain ; à rire si ce n’était pas à pleurer[18] surtout concernant la jeunesse...

3 – Les premières et suivantes réactions officielles[19] des politiques du Caillou : Accord de Bougival, je t’aime pour la plupart des loyalistes radicaux ; je t’aime aussi pour le FLNKS de Tjibaou (mais silence de Christian Téin) ; quelques râleries ailleurs mais surtout moi non plus pour certains indépendantistes radicaux peu médiatisés, du moins au début… Même Valls qui tempère et réitère à l’envi ses peurs…

Pour les parties prenantes, chacun voit midi à sa porte, mais réactions relatées le plus souvent par la presse, donc évidemment le plus souvent biaisées par leur sensibilité.

31 – Je t’aime chez les loyalistes radicaux et les centristes qui avaient pourtant adoubé la proposition de Déva

Relaté par Le Figaro dès le 12 juillet[20], les loyalistes radicaux n’y voient que le maintien de la Calédonie française dans la République, le dégel partiel du corps électoral et la modification de la répartition des sièges au Congrès calédonien : le tout en leur faveur. Un peu plus tard, le 14 juillet, un autre article de NC 1ère reprend ce point de vue[21]

Sonia Backès, des Loyalistes, le 18 juillet[22], est toujours enthousiaste « parce que je crois profondément que ce n’est pas un camp qui a gagné, c’est la Nouvelle-Calédonie qui a gagné », bien qu’elle découvre, de retour au pays, que, indique l’article, « "Ça demande des explications plus que des débats à ce stade. On commence les explications tous les jours, tous les soirs", pour faire comprendre "des notions complexes", poursuit la présidente de la province Sud. "Ce qu’on constate, c’est qu’une fois que les explications sont données, je pense qu’il y a moins d’opposition" »[23].

Virginie Ruffenach, du Rassemblement, les LR locaux, est dans la même veine[24] ; l’accord de Bougival « ne souffre d’aucune ambiguïté […] Aucun des deux camps n’a trahi ceux qu’il représente à travers cet accord. On a renoué avec le pari de l’intelligence ». Concernant le nouveau poids de la Province Sud au Congrès, elle minimise son évolution[25], et elle n’a pas tort (voir plus haut) !

Philippe Gomès, le patron de Calédonie ensemble, prend également une position claire le 16 juillet[26] : « "Je comprends que les uns et les autres ne retrouvent pas tous leurs petits", formule-t-il en faisant allusion aux militants de chaque camp, "les positions de départ étaient assez radicales". Mais d’affirmer : "C’est un excellent accord parce que rien n’aurait été pire qu’un non-accord" ».

Milakulo Tukumuli de L’Éveil océanien (à mon avis, de moins en moins clair depuis un moment…) invité de la matinale d’NC la 1ère du 17 juillet[27] parle d’un « Un Accord dans lequel le statut est pérenne, mais évolutif selon lui. "Les trois consultations [référendums] ont abouti à un Non. Donc le statut de la Nouvelle-Calédonie se passe forcément au sein de la République. Le compromis parle d’un État de la Nouvelle-Calédonie au sein de l’ensemble national et inscrit dans la constitution. C’est un statut pérenne, mais évolutif" ». Aucune critique du troisième référendum suivi de son curieux « donc… »

32 – Je t’aime aussi chez les indépendantistes

Le FLNKS réagit, enfin, deux jours plus tard[28], lui aussi positivement. Sa délégation y défend sa position et « des avancées majeures concernant l’objectif de recueillir à terme l’ensemble des attributs de souveraineté[29] », « un projet d’accord sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie », ou encore « un accord de principe pour avancer sur la trajectoire vers la souveraineté ». Mais on lit en creux qu’il ne s’agit que de perspectives et qu’un chemin est encore à parcourir ; encore, indique l’article, faut-il le défendre auprès des bases politiques, mais « Nous avons pris nos responsabilités ».

Le 14 juillet, Le Figaro indiquait aussi que le FLNKS précisait[30] sa position : « Quarante-huit heures après la signature de l’accord de Bougival sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie, le Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS) s’exprime enfin. "Dans un moment difficile pour notre pays, marqué par une crise politique, économique et sociale profonde, nous (...) avons pris nos responsabilités" ».

Le Monde du 14 juillet[31] nous en dit plus sur le miracle de la signature de l’accord : c’est grâce à l’UNI-Palika[32], l’autre mouvance principale des indépendantistes, séparée comme on le sait du FLNKS, que ce dernier qui voulait se retirer a été convaincu de signer ! D’ailleurs, le même mouvement, par la voix[33] de Victor Tutugoro (avec toujours son chapeau…) présente une position favorable mais mitigée sur l’accord : « Nous, on portait le fait d’accéder tout de suite à la pleine souveraineté. [Curieux, PC : la position de l’UNI-Palika est depuis longtemps l’indépendance-association et non la peine souveraineté (???)] Le compromis, c’est que cette question est renvoyée à plus tard. Dans quelle temporalité ? C’est encore à construire. La satisfaction, c’est qu’on crée un État, avec ses éléments de souveraineté, même si aujourd’hui cet État est lié à la France et à la Constitution française. C’est un élément de satisfaction, parce que ce sujet a été posé sur la table et on y est. Pour autant, la nationalité, les compétences, le transfert des compétences, la reconnaissance sur le plan international, etc. Tous ces éléments restent à construire ». Mais selon lui le bilan serait globalement positif (il n’emploie toutefois pas cette ritournelle) et a réponse à toutes les objections d’un accord favorable aux loyalistes ; il avale même la couleuvre du dégel du corps électoral : « Donc, à partir du moment où on fait le pays, où on lance la souveraineté et qu’on est dans la construction, à quoi ça sert de continuer à geler le corps électoral ? On rentre dans une logique de construction du pays, donc on associe tout le monde ».

33 – Cependant, ça râle un peu sur le Caillou : un peu, beaucoup, passionnément…

Dans un article du 13 juillet[34], la présidente du Medef local, Mimsy Daly regrette un volet économique « un peu léger » (plus que léger : très léger, PC) ; l’article mentionne aussi une réaction plus dure : « Philippe Blaise, premier vice-président de la Province sud, a ainsi annoncé publiquement se désolidariser des signataires loyalistes, affirmant avoir découvert le contenu de l’accord "comme tous les Calédoniens". M. Blaise dénonce une "ligne rouge franchie" avec la reconnaissance d'un "État calédonien" et d’une "nationalité distincte", qu’il juge incompatibles avec l’unité de la République ». Joël Kasarerhou (président du mouvement citoyen Construire autrement, ni loyaliste ni indépendantiste) est aussi sévère[35].

Côté indépendantiste, quelques réactions négatives, mais au début encore pondérées[36] ; d’autres moins : « Sous couvert d’anonymat, continue l’article, un responsable d’une des composantes du FLNKS, interrogé par l’AFP, parle de "trahison des positions adoptées lors des conventions". Il affirme que les négociateurs indépendantistes ont "cédé sur des points essentiels", notamment l’ouverture du corps électoral, sans validation militante ».

Il y a plus sévère, mais ça ne se trouve pas sous le sabot d’un cheval : le site du Mouvement des Océaniens Indépendantistes, le MOI[37]  donne l’analyse de Opahi Buillard, indépendantiste du Tavini, parti indépendantiste de Polynésie présidé par Oscar Temaru, dont le titre dit presque tout : Il y a des accords qui relèvent du compromis, et ceux qui, sous couvert de consensus, camouflent un déséquilibre profond, et qui continue par : « L’ Accord sur un État de la Nouvelle-Calédonie, signé à l’arraché au petit matin, appartient clairement à cette seconde catégorie ». Le contenu du texte est à l’avenant : « On nous parle de tournant historique, de "pari de la confiance", de double nationalité, de transfert de compétences, voire d’un futur siège à l’ONU… Mais une fois le vernis gratté, c’est un verrouillage méthodique de l’avenir kanak que l’on découvre[38]. […] Et pendant ce temps, le corps électoral est dégelé, élargi à 12 000 personnes. Un changement capital, qui affaiblit durablement le poids politique du peuple premier de ce territoire. Le piège se referme sans bruit. Mais au-delà du fond, c’est la méthode qui inquiète, voire qui révolte : l’État a sciemment joué la division[39]. Et le plus grave, c’est ce que ce nouvel « équilibre » prépare en silence : la partition[40]».

La conclusion du texte de cet indépendantiste polynésien est claire et va au-delà du Caillou : « Alors non, ce n’est pas un tournant historique. C’est une bascule tactique, un recul imposé, une trahison silencieuse. Et l’histoire jugera sévèrement ceux qui, au nom d’une fausse paix républicaine, auront piégé un peuple dans les rets d’un État colonial qui ne dit plus son nom. [Le gras est de mon fait, PC] Ce qui se joue en Kanaky résonne jusqu’à nos rivages. On comprend désormais pourquoi le Tavini refuse toute négociation institutionnelle hors du cadre de l’ONU. L’exemple calédonien le prouve : sans garantie internationale, le dialogue devient une mise en scène. Et la promesse d’émancipation, une stratégie de contournement ».

Les mots sont forts et de mauvais augure, dont « trahison silencieuse »

Un peu plus tard, le 15 juillet un article[41] précise que les noms d’oiseaux[42] auraient fleuri, dans les deux camps, sur les réseaux sociaux et une protection policière a donc été proposée aux élus qui retournent sur le Caillou. « Devant le président de la République, samedi soir, le député indépendantiste Emmanuel Tjibaou (FLNKS) exposait d’ailleurs ces craintes. "Choisir ce chemin qui est difficile, qui est nouveau, cest aussi se mettre à lépreuve de la critique. On va se faire insulter, menacer, parce que nous avons choisi un chemin différent (...)", a-t-il dit ». Le 16 juillet, les oppositions se précisent[43] : Yewa Waetheane, militant indépendantiste kanak récemment libéré de prison déclare, sans insulte : « Comme je l’ai fait savoir à mes responsables, je me suis désolidarisé totalement de l'accord qui a été signé. A été remis sur la table des négociations des acquis politiques sur lesquels on n’était pas d’accord, justifie-t-il. La paix, ce n’est pas l’accord de Bougival. Pour nous, en Nouvelle-Calédonie, la paix, elle s’appelle l’indépendance ». « Contacté suite à la conclusion de l’accord de Bougival, Christian Téin n’a pas souhaité réagir dans l’immédiat ».

C’est là qu’il faut mentionner le nouvel article de Médiapart, du 16 juillet, qui chamboule les conclusions de celui du 12 juillet[44], ne serait-ce que par son titre (Nouvelle-Calédonie : un accord et encore plus d’incertitudes) et son premier paragraphe : « L’accord de Bougival soulève de nombreux questionnements dans l’archipel, notamment dans le camp indépendantiste. Bien qu’inédit, le nouveau statut proposé se rapproche de certains autres modèles, qui ont montré leurs limites dans la voie de la décolonisation ».

Bref, les râleries des indépendantistes sont passées par là ; tout simplement ! L’article arrive rapidement dans le dur : « Des principes assez flous pour offrir de la "souplesse", selon les mots du ministre des outre-mer, Manuel Valls, à celles et ceux qui vont devoir expliquer leur choix. Une tâche ardue au regard des premières réactions qui ont émergé des deux camps, en particulier au sein du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS), où nombre de militant·es ont exprimé leur colère. "Comme je l’ai fait savoir à mes responsables, je me suis désolidarisé totalement de l’accord qui a été signé", a par exemple déclaré Yewa Waetheane, membre de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), incarcéré pendant un an dans l’Hexagone. "A été remis sur la table des négociations des acquis politiques sur lesquels on n’était pas d’accord, a-t-il indiqué. La paix, ce n’est pas l’accord de Bougival. Pour nous, en Nouvelle-Calédonie, la paix, elle s’appelle l’indépendance".  Pour beaucoup, ce projet est considéré comme une rupture fondamentale avec la lutte kanak. Hormis un communiqué de la délégation du FLNKS, visant à temporiser, les élu·es indépendantistes gardent le silence en attendant les réunions politiques du mouvement »[45].

La redite de la citation de Yewa Waetheane est volontaire de ma part : c’est probablement après ces dernières nouvelles du Front que le point de vue de Médiapart a été modifié.

Suivent ensuite des références aux « enseignements des îles Cook »[46] bien connus. Puis (le gras est encore de mon fait) « Le pouvoir métropolitain garde le contrôle » (selon l’accord de Bougival)[47]. Si ce n’est pas une autocritique de l’article précédent, ça y ressemble fort ; et c’est tant mieux ! Ellen Salvi avait peut-être, emportée par le mouvement général, tiré plus vite que son ombre...

34 – Manuel Valls lui-même reste encore prudent sinon alarmiste

Les 14 et 15 juillet[48], dans un entretien exclusif, à la question concernant l’accord, « De quoi s’agit-il ? Est-ce qu’il s’agit d’un "État-associé" ? Est-ce que c’est autre chose ? Comment vous le définiriez ? », Valls répond qu’il « ne faut pas s’enfermer dans les mots »[49]. Le plus important suit avec cette phrase : « Je ne suis pas naïf, je sais que ça va être difficile, je sais qu’il y a un risque. […] Et je sais qu’il y a des extrêmes, des extrémistes et que tout peut basculer, qu’un drame est toujours possible. Il faudra être très responsable » [50]. Il reconnaît à demi-mot que le dégel partiel du corps électoral et la modification du Congrès avec plus d’élus de la province Sud sont des succès des loyalistes : « Il fallait là aussi tenir compte des évolutions démographiques ». Il reste évasif concernant les aides de la France et les réformes économiques demandées et la nouvelle stratégie nickel. Il persiste et signe encore le 16 juillet[51], « rappelant que les responsables politiques calédoniens devaient maintenant l’expliquer et le défendre sur place. […] "Il y a beaucoup de risques, je le sais". […] S’il n’y avait pas eu d’accord, le risque était celui […] de la radicalisation et du retour, d’une certaine manière, de la violence, voire de la guerre civile", a ajouté Manuel Valls sur France Inter, saluant la "responsabilité" des délégations, parvenues à un compromis… ».

Avant de conclure, quelques mots sur les réactions dans le Pacifique[52] (où cela n’a pas fait le buzz…) et de quelques partis politique de Métropole, picorés ça et là.  

En Métropole, « l’accord historique » ne remporte pas tous les suffrages des politiques ; quelques réactions complétant celles données par l’article du 15 juillet[53] ; on y retiendra en particulier celle de Bruno Retailleau qui était avec Wauquiez, vent debout contre le projet de Déva, et qui est maintenant ravi (et pour cause, selon moi...) : « Le ministre de l’Intérieur et patron du parti Les Républicains (LR), Bruno Retailleau, voit dans la signature de cet accord des "victoires". "La Nouvelle-Calédonie restera dans la France. Les trois référendums sont respectés. Le corps électoral sera dégelé. Les institutions retrouveront une gouvernance efficace. Et la perspective d’un nouveau référendum d’autodétermination est enfin écartée", a-t-il énuméré dans un communiqué au nom de son parti ».

Bayrou salut évidemment cet accord, avec un coup de chapeau à Valls : « Honneur aux courageux négociateurs, merci à M. Valls. C’était possible ! ». Le chef de file de La France insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon, n’applaudit pas mais semble mettre la balle au centre plutôt que dans un soutien critique aux indépendantistes : « Les Insoumis devront procéder à une étude approfondie du document conclu sur la Nouvelle-Calédonie-Kanaky ainsi que des réactions des parties prenantes. Mais il sera essentiel d’analyser les conséquences sur le statut constitutionnel de la France et de ses principes profondément bouleversés par ces dispositions ». Le PS, par la voix de Hollande reste un centriste de gauche sur la décolonisation « L’accord entre les parties en Nouvelle-Calédonie ouvre une perspective d’avenir pour le territoire. Avec la création d’un État adossé à la République et la double nationalité, il s’inscrit dans la lignée des accords de Matignon et de Nouméa en consacrant une démarche de solidarité et de vie en commun. […] Il doit désormais trouver sa traduction constitutionnelle et poser les bases de la refondation économique »[54].

Le journal L’Humanité du 14 juillet[55] salut « une avancée majeure en termes de décolonisation » mais émet des doutes sur la réception de cet accord : « Compromission ou compromis ? Dans les deux camps, les sentiments sont mitigés après l’annonce de l’accord. Selon un bon connaisseur du dossier, qui préfère rester anonyme, la réaction des indépendantistes est partagée, certains reprochant à la délégation d’avoir signé un texte n’accordant pas l’indépendance immédiate, où le mot même n’est pas mentionné. En réalité, cette dichotomie a toujours existé au sein du camp indépendantiste : c’est sous le prétexte qu’ils avaient signé l’accord de paix de Matignon en 1988 que Jean-Marie Tjibaou et son bras droit, Yeiwéné Yeiwéné, avaient été assassinés l’année suivante ».

La Tribune du 13 juillet[56] nous éclaire en particulier sur la position du RN : dubitatif ; mais Jean-Philippe Tanguy, très dubitatif, présente pour le moment une position de normand. « Aux yeux de Marine Le Pen, qui se veut très investie sur le sujet des Outre-mer, cela "constitue un exercice d’équilibrisme juridique et politique difficilement compréhensible et donc périlleux, tant en Calédonie même que pour l’effet de contagion qu’il est susceptible de provoquer dans l’ensemble des outremers" ».

Rajoutons le point de vue, publié le 18 juillet[57], du socialiste Alain Christnacht, négociateur de l’Accord de Nouméa : « L’accord me paraît assez équilibré. Il se réfère aux Accords de Matignon et à l’Accord de Nouméa. Il dit d’ailleurs que les dispositions qui ne sont pas contraires au nouvel accord, subsistent. Donc c’est dans la continuité, en allant un peu plus loin sur certains points »

Pas si loin que ça selon moi...

Après ces développements ayant utilisé le maximum d’informations disponibles, longs et lourds avec trop de notes (indispensables  pour éviter les enfumages) donc sans doute relous pour certains, j’ai peut-être cependant été enfumé par certaines nouvelles publiées par la presse, comme je l’avais été dans mon billet précédent ; je renvoie à un article du 7 juillet[58] du Portail des outre-mer.

Je suis convaincu que, sans faire de l’arithmétique d’un verre de grains de sables rempli ou vidé au ½ ou au ¾, cet accord est avant tout (pas la peine de radoter tout ce qui précède...) une victoire de Macron et de sa France qui serait moins belle sans la Calédonie ; une victoire partielle certes, mais qui sauve les meubles de la colonie de peuplement des Caldoches et des Zoreils anciens et futurs qui viendront de nouveau chercher L’Eldorado. La grande légèreté du projet économique, critiqué par les loyalistes, en rajoute à cette victoire : il n’y a pas eu besoin de sortir le gros carnet de chèque pour obtenir l’approbation des indépendantistes ! 

Rôde donc cependant le danger de l’inacceptations de cet accord. Si ma conclusion approche de la vérité, ce danger ne viendra sans doute pas des quelques rares râleurs loyalistes radicaux (on ne trouve pour le moment, chez les chefs à plumes, que Philippe Blaise) ; il ne viendra probablement pas non plus d’un rejet par la voie du référendum proposé (comme le craint Christnacht) ; il viendra des indépendantistes radicaux.

Mais sous quelle forme ?

NB : un autre billet du même jour donne une information supplémentaire, et pas inintéressante : impossible de la coller ici, car je dépasse les 100 000 caractères...

Notes

[1] Godot, rappelons-le, peut renvoyer à God ; Manuel est un diminutif du prénom hébreu Emmanuel qui signifie « Dieu est avec nous ».

[2] Voir note 1

[3] Article du Nouvel Obs (Service Actu, avec AFP) du 4 juillet ; déjà bien ancien :

https://www.nouvelobs.com/politique/20250704.OBS105596/sommet-sur-la-nouvelle-caledonie-pas-d-accord-transition-de-15-a-20-ans-etat-associe-ou-en-sont-les-discussions-a-l-elysee.html

« Selon une source proche du dossier, l’exécutif ne s’est pas engagé sur un modèle institutionnel figé, mais a proposé une transition de quinze à vingt ans durant laquelle les acteurs calédoniens pourraient bâtir un projet commun, destiné à être validé par un référendum de projet ». L’article corrige ainsi le scoop du quotidien Le Monde de début juillet (voir le billet précédent) qui n’évoquait que l’ « État associé », en précisant que Macron avait en fait considéré plusieurs options possibles : « Le statu quo, la large autonomie, l’État associé ». L’article du Nouvel Obs n’était pas très optimiste : « Depuis que Manuel Valls a porté un projet fondé sur une "souveraineté avec la France" de la Nouvelle-Calédonie, les indépendantistes l’envisagent désormais comme un socle de travail. Rejeté en bloc par les loyalistes, cela empêche tout accord ». L’article continuait : « Ce qu’ont confirmé jeudi les indépendantistes kanaks. "Il n’y aura pas de signature durant cette séquence-là, même si on reste une semaine, deux semaines, un mois", a déclaré Mickaël Forrest, membre de la délégation du Front de Libération nationale kanak et socialiste (FLNKS), lors d’une conférence de presse ». Cette information (que j’avais aussi reprise dans mon billet précédent, comme beaucoup de médias ; comme d’autres infos, on y reviendra plus loin) fut souvent interprétée comme un refus de tout accord, ce qui est inexact et corrigé dans l’article par « Le député Emmanuel Tjibaou (GDR), qui conduit la délégation du FLNKS, a précisé que les rencontres en cours ne constituent qu’une étape : "On fait des discussions et puis on repart vers nos structures pour valider le processus engagé", a-t-il indiqué, rappelant la nécessité d’un "document" écrit et d’"éléments concrets" de la part du gouvernement ».

[4] Moyen dans le sens de pas super : même pire, donc, pour quelques empêcheurs de se réjouir en rond.

[5] Quand les négos de Bougival semblaient s’enliser, le Premier ministre François Bayrou et le ministre des Outre-mer Manuel Valls ont aussi présidé, jeudi 10 juillet, au ministère des Outre-mer rue Oudinot, le Comité interministériel aux Outre-mer (CIOM), rassemblant deux poignées de ministres concernés ; réunion consacrée essentiellement à Mayotte, la vie chère et la sécurité.

Voir l’article du 10 juillet 2025 (AFP / LNC) :

https://www.lnc.nc/article/france/societe/a-paris-un-comite-interministeriel-des-outre-mer-consacre-a-la-securite-mayotte-et-la-vie-chere

Manuel Valls, écrit cet article, a auparavant appelé « à "refonder la relation entre l’Hexagone et ses territoires ultramarins", estimant que ceux-ci "devraient rayonner d’abord pour eux-mêmes", notamment via leur intégration régionale. "C’est pour ça que j’ai évoqué la question de la démétropolisation", explique-t-il ».

Aussi, le lendemain au matin :

https://www.lnc.nc/article/france/politique/vie-chere-narcotrafic-refondation-de-mayotte-que-retenir-du-comite-interministeriel-des-outre-mer

Plus un mot, dans l’article, sur la « démétropolisation ».

[6] Voir et entendre, dans l’article du 12 juillet :

https://la1ere.franceinfo.fr/accord-nouvelle-caledonie-suivez-en-direct-l-echange-entre-emmanuel-macron-et-les-negociateurs-de-l-accord-1604187.html

« Après dix jours de négociations sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie, la fumée blanche est enfin apparue à Bougival dans les Yvelines, ce samedi matin. Suite à la signature d’un accord "historique" de 13 pages, le président de la République a reçu les parties prenantes à l’Élysée. La solution trouvée prévoit entre autres la création d’un État de la Nouvelle-Calédonie au sein de la France. Ce qui veut dire que les Calédoniens pourront notamment bénéficier d’une double nationalité, française et calédonienne. L’accord aborde aussi l’économie avec un futur "pacte de refondation économique et financière" qui prévoit notamment un "plan stratégique" pour le nickel. Cet accord doit encore être soumis au vote de la population locale en février 2026, mais a été largement salué par la classe politique française. […] … les parties prenantes de ce dossier ont été reçues ce samedi en début de soirée par le président de la République à l’Élysée ».

[7] Mais rien à voir avec cette époque. En 1988, l’accord entre Lafleur et Tjibaou avait suivi les massacres de la gendarmerie puis de la grotte d’Ouvéa et n’avait réussi que grâce aux lourdes menaces de Rocard aux indépendantises (en substance : S’il n’y a pas d’accord et la paix, la France est prête à la guerre) et de Blanc aux loyalistes. Aujourd’hui, mai 2024 est déjà loin, aucune menace de guerre contre les indépendantistes et l’accord de Bougival n’aura suivi que deux mois d’incertitude, feinte ou non, de Macron.

[8] Article du 12 juillet (les caractères gras des citations qui suivent le sont dans l’article) ; où le PDF des 13 pages de cet accord est donné :

https://la1ere.franceinfo.fr/nouvellecaledonie/sommet-nouvelle-caledonie-les-grandes-lignes-de-l-accord-historique-signe-ce-12-juillet-1604061.html

[9] Le détail des changements de règles est donné par l’article très pédagogique du 18 juillet :

https://la1ere.franceinfo.fr/nouvellecaledonie/decryptage-accord-nouvelle-caledonie-quid-du-corps-electoral-1605450.html

[10] https://www.mediapart.fr/journal/france/120725/signature-d-un-accord-pour-la-creation-d-un-etat-de-la-nouvelle-caledonie

[11] Pour ce qui concerne l’ordre public, Médiapart note : « Le projet d’accord acte ainsi "la création d’un Haut Conseil calédonien de la sécurité", réunissant des représentant·es de l’État, du gouvernement calédonien, des provinces, des maires et des autorités coutumières. De même que "l’attribution aux provinces de responsabilités propres de police administrative de sécurité" et "la mise en place d’une police coutumière sur les terres coutumières", qui "aura notamment pour mission de veiller au respect des règles coutumières" ».

[12] « Outre l’adoption d’une loi organique spéciale définissant les conditions de mise en œuvre de cet accord, une réforme constitutionnelle est aussi prévue à l’automne – à condition, bien entendu, que le gouvernement de François Bayrou ne tombe pas lors de l’examen du futur budget. Surtout, le texte pose les principes d’une loi fondamentale, qui devrait être entérinée par la Nouvelle-Calédonie début 2026, afin de consacrer "sa capacité d’auto-organisation". Cet "embryon de Constitution calédonienne", selon les mots d’un acteur proche du dossier, décidera des signes identitaires du pays (nom, drapeau, hymne, devise…), et pourra comprendre "un code de la citoyenneté" et "une charte des valeurs " partagées par l’ensemble de la population : républicaines, kanak et océaniennes. Élaborée avec la contribution du Conseil économique, social et environnemental (Cese) et du Sénat coutumier, "elle pourra également accueillir les propositions issues des réflexions portées par la société civile" ».

[13] https://la1ere.franceinfo.fr/nouvellecaledonie/accord-nouvelle-caledonie-le-flnks-decrit-un-accord-de-principe-pour-avancer-sur-la-trajectoire-vers-la-souverainete-1604556.html

[14] https://la1ere.franceinfo.fr/nouvellecaledonie/decryptage-accord-nouvelle-caledonie-que-signifie-la-notion-d-etat-1604883.html

Un article du journal Le Monde du 16 juillet reprend le même sujet :

https://www.lemonde.fr/politique/article/2025/07/16/en-nouvelle-caledonie-apres-l-accord-de-bougival-les-citoyens-reclament-des-explications_6621604_823448.html

[15] « Dès lors […] la loi organique spéciale pourra modifier le mode de scrutin pour l’élection des membres du Congrès de la Nouvelle-Calédonie et arrêter le nombre de circonscriptions dans lesquelles elle se tient. Elle pourra, par voie de conséquence, modifier le nombre de membres des assemblées de province. […] Le Congrès de la Nouvelle-Calédonie pourra adopter une résolution à la majorité qualifiée de trente-six membres, demandant que soient transférées à la Nouvelle-Calédonie des compétences de nature régalienne dans l’un des champs suivants : défense, monnaie, sécurité et ordre public, justice et contrôle de légalité ». Ici, la diplomatie est curieusement oubliée…

« La Loi organique spéciale instituera un mécanisme de transfert de compétences de la Nouvelle-Calédonie vers les provinces, à leur initiative. À compter de l’élection prévue en 2026, les assemblées de province seront composées, respectivement pour les îles Loyauté, le Nord et le Sud, de cinq, quatorze, et trente-sept membres, également membres du Congrès, ainsi que de neuf, huit et trois membres supplémentaires, non membres du Congrès. La loi organique spéciale organisera le caractère évolutif de cette répartition dans le temps pour tenir compte des réalités démographiques et de l’objectif de rééquilibrage ».

[16] Les synonymes de renouveler sont contradictoires, par exemple : bouleverser, chambouler, changer… versus proroger, raviver, reconduire… C’est moins clair pour le double sens de revisiter…Ils sont forts les auteurs qui ont concocté l’Accord de Bougival !

[17] Voir mon billet du 1er mai 2024 (peu de temps avant les émeutes commencées le 13 mai…)

Le Maire-Darmanin, c’est foutu ! Pacte nickel à la rue, le Caillou est dans la rue ! | Le Club

Sous-titré Le Pacte nickel est fin mal barré : son opposition forme une large majorité (du FLNKS, de l’Éveil océanien et de Calédonie ensemble) contre ses soutiens, surtout l’État et les loyalistes radicaux. Ces derniers appelant à « foutre le bordel », manifs et contre-manifs poussaient cette majorité à un petit début de rapprochement. Pour au moins éviter la guerre civile ; et plus si affinités ?

[18] « La construction du projet de société s’appuiera sur la mise en œuvre de politiques ambitieuses en particulier en matière de santé, d’éducation et de formation, d’économie et de lutte contre la vie chère, de transport, de logement notamment social, de préservation de l’environnement, de culture et de vie associative, de lutte contre les addictions à l’alcool et aux drogues, adaptées aux spécificités du territoire, afin de conforter la capacité de tous les Calédoniens à vivre ensemble et à s’engager pour leur avenir commun. Ces politiques auront pour priorité absolue la jeunesse. Elles viseront à garantir à chaque jeune un accès effectif à l'éducation, à la formation, à l’emploi, à la culture et à encourager l’engagement civique. Elles devront également permettre de réduire les inégalités, notamment entre les communautés. Les indicateurs de développement économique et social, de même que les politiques publiques mises en œuvre, feront l’objet d’un suivi et d’une évaluation régulière avec l’État ».

[19] Les premières réactions de la population en Calédonie, données par la presse locale, sont plutôt positives, contrairement à ces propos tenus à l’Elysée ; voir l’article du 13 juillet :

https://la1ere.franceinfo.fr/nouvellecaledonie/province-sud/noumea/accord-nouvelle-caledonie-des-caledoniens-pleins-d-espoirs-au-lendemain-de-la-signature-a-paris-1604319.html

« Ils n’y croyaient plus, ils ont trouvé le temps long... Ce dimanche 13 juillet, NC La 1ère a demandé à plusieurs Calédoniens comment ils accueillaient l’accord politique signé par les élus à Paris. Malgré les zones de flou, la confiance domine. […] L’"espoir" , c’est le mot qui revient dans la plupart des témoignages de Calédoniens interrogés ce dimanche matin… ». Cependant, ajoute l’article, « Les délégations politiques devront faire preuve de pédagogie à leur retour de Paris, pour expliquer le contenu de cet accord très attendu, mais qui suscite aussi des interrogations. Dans le document qu’ils ont signé à Paris, l’ensemble des partenaires s’engage à "présenter et à défendre le texte en l'état" ». Mais il ne s’agit d’abord que de micros-trottoirs dont on fait ce que l’on veut.

[20] Article du Figaro avec l’AFP du 12 juillet :

https://www.lefigaro.fr/actualite-france/nouvelle-caledonie-independantistes-et-non-independantistes-signent-un-accord-historique-20250712

« "Un accord historique a été signé", ont indiqué dans un communiqué les non-indépendantistes des Loyalistes et du Rassemblement. Ils se félicitent aussi que "ce choix respecte la volonté souveraine exprimée par les Calédoniens" lors des trois référendums d’indépendance de 2018, 2020 et 2021 et évoquent des "concessions", avec "la transformation de la collectivité Nouvelle-Calédonie en État intégré dans l’ensemble national".[…] "Accord signé. Pour une Nouvelle-Calédonie dans la France", a commenté Nicolas Metzdorf, député non-indépendantiste de Nouvelle-Calédonie, sur X. "Plus aucun référendum en vue si ce n’est celui qui sera organisé pour valider cet accord. Une ouverture du corps électoral", a ajouté l’élu dans une réaction transmise à l’AFP. "On nous avait prédit un référendum sur l’État associé dans 15 ans. Nous avons fait de fortes concessions pour l’éviter et pour projeter définitivement la Nouvelle-Calédonie dans l’avenir et sans date butoir", a-t-il complété ». Mais ce n’est pas tout : « Aussi, entre autres, un corps électoral pour les élections provinciales aux personnes nées en Nouvelle-Calédonie ainsi qu’à celles y résidant depuis au moins 15 ans de manière continue serait mis en place, ainsi qu’une nouvelle répartition des sièges au Congrès ».

[21] https://la1ere.franceinfo.fr/nouvellecaledonie/accord-nouvelle-caledonie-le-flnks-decrit-un-accord-de-principe-pour-avancer-sur-la-trajectoire-vers-la-souverainete-1604556.html

Contrairement au premier article du Figaro (mais, à sa décharge, le FLNKS ne s’était pas encore exprimé précisément le 12 juillet) cet article du 14 juillet indique aussi le point de vue des loyalistes (radicaux). Les deux principales composantes non indépendantistes du Congrès s’y félicitent d’un « choix [qui] respecte la volonté souveraine exprimée par les Calédoniens à trois reprises, lors des référendums de 2018, 2020 et 2021, de maintenir la Nouvelle-Calédonie au sein de la République française ».[…] Elles saluent le "rééquilibrage des sièges au Congrès au bénéfice de la province Sud" et le fait de donner aux provinces "les leviers nécessaires à la définition de leur propre modèle de société, à travers l’exercice de la compétence fiscale". Toujours selon les Loyalistes et le Rassemblement, cet accord "conforte le rôle de la France en Nouvelle-Calédonie, en maintenant les compétences de sécurité, de justice, de défense et de monnaie à l’État. Il sécurise enfin les biens des Calédoniens en mettant un terme aux revendications foncières sur le domaine privé. […] Parce qu’il est le fruit d’un consensus, cet accord implique également des concessions de notre part, que nous assumons pleinement", continuent-ils : "la transformation de la collectivité Nouvelle-Calédonie en État intégré dans l’ensemble national français et reconnu dans la Constitution ; la création d’une nationalité calédonienne indissociable de la nationalité française ; la mise en place d’une loi d’auto-organisation permettant une plus grande souplesse et réactivité institutionnelle" ; […] l’élargissement de l’action de la Nouvelle-Calédonie sur la scène internationale" ».

[22] https://la1ere.franceinfo.fr/nouvellecaledonie/accord-nouvelle-caledonie-pour-sonia-backes-ce-n-est-pas-un-camp-qui-a-gagne-c-est-la-caledonie-1605483.html

[23] « Ce qui est évidemment difficile à accepter pour nos militants, c’est le fait d’avoir une notion d’État, d’avoir une nationalité ». Mais cet inconvénient est largement compensé par l’inconvénient des autres : « Pour les militants indépendantistes, ce qui est difficile à faire passer, c’est qu'évidemment, ce statut respecte le résultat des trois référendums. C’est le fait qu’il n’y a pas d’indépendance programmée ou qu'il y a un mécanisme complexe ». Astucieusement, elle trouve un avantage pour ses adversaires avec le rééquilibrage du Congrès calédonien au bénéfice de la Province Sud : « … selon elle, ce rééquilibrage devenait "inévitable" au regard de l'écart démographique qui s’est creusé entre le Nord, les Îles et le Sud depuis 1998. "On ne peut pas considérer qu’un électeur du Nord pèse deux fois plus lourd qu’un électeur du Sud. Je veux dire, aujourd’hui, le nombre de Kanak en province Sud est plus important que dans le Nord et dans les Îles. Pourquoi ils pèseraient moins lourd qu’un électeur du Nord ou des Îles ?" ».

[24] https://www.lnc.nc/article/nouvelle-caledonie/politique/virginie-ruffenach-aucun-des-deux-camps-n-a-trahi-ceux-qu-il-represente

[25] « C’est d’abord un rétablissement démocratique. On ne peut pas avoir 75 % de la population [en province Sud NDLR] qui ne représentait que par 59 % des élus. Ça n’était plus acceptable. Avec cet accord, nous passons à 66 % d’élus issus de la province Sud. Ce n’est pas encore un pour un. On a accepté une forme de décalage, mais qui colle davantage à la démocratie, et on revient dans un rapport de forces équitable. Les équilibres vont être modifiés, mais pas dans des proportions démesurées ».

[26] https://la1ere.franceinfo.fr/nouvellecaledonie/accord-nouvelle-caledonie-pour-philippe-gomes-c-est-un-excellent-accord-parce-que-rien-n-aurait-ete-pire-qu-un-non-accord-1605123.html

[27] https://la1ere.franceinfo.fr/nouvellecaledonie/accord-nouvelle-caledonie-pour-milakulo-tukumuli-c-est-un-compromis-qui-est-evolutif-1605426.html

Il tente d’expliquer son « statut pérenne, mais évolutif » : « On avait déjà plus ou moins expliqué à nos militants au dernier congrès de l’Éveil Océanien qui s’est déroulé le 17 mai, que les solutions définitives ne marchent pas. Nous aurions donc une solution transitoire. Pour nous, c’était le transitoire de type "Accord de Nouméa numéro 2", avec une période transitoire et un référendum. On constate qu’à Bougival, ce n’est pas ce transitoire qui a été trouvé. C’est un autre compromis, qui est "évolutif", ajoute le président du parti ».

[28] Encore ; donc :

https://la1ere.franceinfo.fr/nouvellecaledonie/accord-nouvelle-caledonie-le-flnks-decrit-un-accord-de-principe-pour-avancer-sur-la-trajectoire-vers-la-souverainete-1604556.html

[29] « … la création d’un État de Nouvelle-Calédonie reconnu au plan international bien que maintenu dans la constitution de la puissance administrante ; le transfert immédiat de la compétence régalienne des relations extérieures ;

  • "la création de la nationalité calédonienne préservant le socle du corps électoral citoyen du nouvel État" ;
  • "la création d’une loi fondamentale, future Constitution du pays, permettant l’auto-organisation de la Nouvelle-Calédonie" ».

« La délégation FLNKS met aussi en avant que, "de manière progressive, le transfert des compétences régaliennes restantes (justice, monnaie, ordre public et défense) est rendu possible". Et la "préservation du droit à l’autodétermination garantie par le droit international". Autre élément notable, "l’ensemble des éléments transcrits dans le projet d’accord seront portés à l’approbation de nos structures en vue d’en débattre collectivement sur les suites à lui donner, et à l’information de la population" ».

[30] https://www.lefigaro.fr/actualite-france/nouvelle-caledonie-nous-avons-pris-nos-responsabilites-reagit-le-flnks-20250714?msockid=32b27833dc5c62a92e636e19dd5463a0

[31] https://www.lemonde.fr/politique/article/2025/07/14/nouvelle-caledonie-l-accord-de-bougival-a-l-epreuve-du-terrain_6621159_823448.html

[32] L’article indique : « D’ailleurs, si l’accord a finalement été approuvé à l’aube, ce le fut in extremis. Á 4 heures du matin, l’échec était annoncé : le bureau politique du FLNKS ordonnait à ses délégués de l’Union calédonienne de rejeter l’accord. Á 6 heures, le dénouement fut positif. Entre-temps, selon les informations du Monde confirmées par des négociateurs, c’est un des délégués de la modérée Union nationale pour l’indépendance, Adolphe Digoué, qui, à 5 h 30, a permis la bascule finale ».

[33] https://www.lnc.nc/article/nouvelle-caledonie/politique/victor-tutugoro-on-construit-la-souverainete-non-plus-les-uns-contre-les-autres-mais-ensemble

[34] https://la1ere.franceinfo.fr/polynesie/tahiti/polynesie-francaise/en-nouvelle-caledonie-le-projet-d-accord-est-loin-de-faire-consensus-1604511.html

Il ne conte pas l’histoire précédente de l’UNI à l’origine du miracle.

[35] Selon l’article, « l’accord est "mort-né", dénonçant une "mauvaise" réplique des accords précédents, "sans ambition ni vision". M. Kasarerhou regrette aussi que la jeunesse, au cœur de l’insurrection du mois de mai 2024, soit "oubliée ou à peine mentionnée", et critique une "reconduction des ambiguïtés" de l’accord de Nouméa, notamment sur le corps électoral. Il redoute ainsi un "nouveau 13 mai", date du début des émeutes de 2024, si les frustrations ne sont pas traitées ».

[36] Brenda Wanabo-Ipeze, l’une des responsables de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT) qui fut incarcérée dans l’Hexagone, estime que « ce texte, il est signé sans nous. Il ne nous engage pas ». […] Ouvrir le corps électoral, c’est nous effacer » ; Mélanie Atapo, présidente de l’USTKE, l’Union syndicale indépendantiste et membre du FLNKS, s’est déclarée « surprise, […] il était question de continuer les discussions et de revenir partager avec les bases avant toute signature ».

[37] Voir ce site, passionnant, à la date du 14 juillet 2025 :

https://www.facebook.com/search/top?q=mouvement%20des%20oc%C3%A9aniens%20ind%C3%A9pendantistes

Ce MOI est-il une référence à ce qui constitue l'individualité, la personnalité d’un être humain, ou au mouvement du Groupe Manouchian des Francs-tireurs et partisans - Main-d'œuvre immigrée (FTP-MOI) ?

[38] « Ce texte ne garantit ni l’indépendance, ni l’autodétermination, pourtant au cœur du combat du peuple kanak depuis des décennies. Il renvoie tout à un futur incertain : le Congrès local pourra, à la majorité des 3/5 (soit 34 élus sur 56), demander le transfert de certaines compétences régaliennes. Mais même si, par miracle cette majorité venait à se former, il faudrait encore l’aval de l’État français, puis une consultation populaire. Chaque porte de la souveraineté reste donc fermée à double tour par Paris ».

[39] « Après avoir écarté Christian Téin des négociations, il a isolé les délégations, usé d’une pression maximale, et visé le FLNKS comme point de rupture. Au centre de la cible : Emmanuel Tjibaou, fils de Jean-Marie, héritier d’un combat historique. En le plaçant en première ligne dans les dernières heures, l’État l’a isolé politiquement. Le résultat : un piège stratégique qui fragilise l’unité du mouvement. Objectif : l’isoler de sa base, fracturer le mouvement indépendantiste, jouer sur les lignes générationnelles et brouiller la mémoire. C’est une mécanique bien connue de la République coloniale : gagner du temps en semant la discorde ».

[40 « Un Nord kanak, appauvri, isolé politiquement. Un Sud loyaliste, riche, ouvertement arrimé à la France. Une scission du territoire, rêvée depuis longtemps par Sonia Backès et ses acolytes… que cet accord rend désormais possible. Ce texte ne clôt pas le dossier calédonien. Il le redessine en faveur des loyalistes. Il affaiblit les revendications kanak, dilue la dynamique indépendantiste, et prépare la dislocation d’un territoire défini, pourtant, comme une "communauté de destin" ».

[41] https://la1ere.franceinfo.fr/accord-nouvelle-caledonie-face-aux-menaces-une-protection-policiere-proposee-aux-elus-caledoniens-de-retour-de-bougival-1604949.html

[42] « "Enfumage total", "honte", "trahison"...  Après la conclusion de l’accord entre l’État, les indépendantistes et les non-indépendantistes samedi 12 juillet à Bougival (Yvelines), certains internautes se sont montrés extrêmement virulents envers les signataires calédoniens. "Sérieux, tout ça pour ça ? (...) Vous vous êtes couchés, il faut arrêter de chercher à mettre des mots sans saveur pour nous faire avaler une pilule bien amère…", écrit une internaute sous le post d’une élue non-indépendantiste. "Comment il peut parler à la place du peuple kanak alors qu’il vient de signer de nouveaux accords qui sont le contraire de ce qu’il dit ?", peste un autre, à l’attention d’un indépendantiste. Et d’ajouter : "C’est un vrai imposteur ce type (...). J’ai peur du retour au pays pour lui" ».

[43] https://la1ere.franceinfo.fr/temoignage-yewa-waetheane-militant-independantiste-kanak-recemment-libere-de-prison-denonce-l-accord-de-bougival-pour-nous-la-paix-s-appelle-l-independance-1605231.html

[44] Par Romaric Godin et Ellen Salvi :

https://www.mediapart.fr/journal/france/160725/nouvelle-caledonie-un-accord-et-encore-plus-d-incertitudes

[45] Et l’article continue : « Nombre de militant·es considèrent ce projet comme une "trahison" de leur revendication première : l’accession à la souveraineté, pleine et entière. Et le droit du peuple kanak à l’autodétermination, toujours garanti par le droit international. Sur les réseaux sociaux, ils et elles partagent des vidéos de Jean-Marie Tjibaou sur lesquelles on voit l’ex-leader du FLNKS, assassiné en 1989 par un opposant kanak à l’accord de Matignon, expliquer pourquoi les indépendantistes ont toujours refusé de s’engager sur un statut d’autonomie. Des décennies plus tard, son fils, Emmanuel Tjibaou, est critiqué dans ses propres rangs pour avoir signé un texte visant à créer un "État de la Nouvelle-Calédonie" au sein de la République française, c’est-à-dire toujours intégrée à la puissance coloniale ».

[46] En notant : « Cet attelage a tenu pendant près de soixante ans, mais on notera qu’il est en crise profonde aujourd’hui. En février, le gouvernement des îles Cook a signé un accord de partenariat économique avec la Chine. Wellington a estimé qu’il s’agissait là d’une rupture du partenariat et a coupé en conséquence une partie des transferts financiers vers l’archipel. Son premier ministre, Mark Brown, y a vu une position "paternaliste" de l’ancienne métropole ».

[47] « "L’ensemble national" dans lequel le nouvel État de la Nouvelle-Calédonie s’intégrera sera donc la République française, qui continuera ainsi d’avoir un lien hiérarchique avec l’archipel. L’État néo-calédonien n’aura par conséquent d’activités diplomatiques que dans le cadre défini par la France, ce que l’accord précise explicitement. Concrètement, cela signifie que les intérêts de la métropole restent une contrainte fixe pour la Nouvelle-Calédonie en matière de diplomatie comme de défense, et non pas un sujet de discussion potentielle entre les deux parties. […] La renonciation à la nationalité française entraînera la renonciation à la nationalité calédonienne. Il en ira de même pour la "nationalité calédonienne". L’accord prévoit une "double nationalité", mais la nationalité calédonienne n’est qu’une sous-catégorie de la nationalité française, ce que prouve ce point du projet, qui a beaucoup fait réagir dans les rangs indépendantistes : "La renonciation à la nationalité française entraînera la renonciation à la nationalité calédonienne" ».

[48] Article du 14 juillet mis à jour le 15 avec la vidéo de tout l’entretien :

https://la1ere.franceinfo.fr/accord-nouvelle-caledonie-tout-peut-basculer-un-drame-est-toujours-possible-dit-manuel-valls-apres-la-signature-du-compromis-entre-independantistes-et-non-independantistes-1604706.html

[49] « L’État de la Nouvelle-Calédonie, c’est une entité sui generis. C’est l’État de la Nouvelle-Calédonie dans l’ensemble français, avec une souveraineté partagée "plus plus". Moi, j’avais parlé de "souveraineté avec la France". D’autres parlent de "souveraineté partagée plus plus". D’autres encore parlent de la "souveraineté dans la France"... Nous connaissons ce débat sémantique sur les mots ». « Ça peut signifier un siège à l'ONU pour la Nouvelle-Calédonie ? » est-il questionné ; « Ça fait partie, sans doute à terme, du processus. C’est à l’ONU aussi de le décider. Ce sont des processus longs, il faut être prudent. Installons déjà ces bases ». Autre question : « Les autres compétences régaliennes (défense, monnaie, justice, maintien de l’ordre) pourront être transférées à l’État de Nouvelle-Calédonie, mais à la majorité qualifiée du futur Congrès. Est-ce que c’est une façon de verrouiller ces transferts de compétences ? » ; « Non, c’est une manière de dire que sur tous ces sujets-là, il faudra travailler ensemble. […] Pour le transfert des compétences régaliennes, c’est possible. On peut trouver des majorités au 3/5e. L’État peut dire "oui", les Calédoniens peuvent approuver cela à travers une consultation... Mais cela va obliger sur tous ces sujets-là à travailler ensemble ».

[50] En conclusion de l’entretien, suite à la remarque de la journaliste, « Mais cela va être très difficile pour les délégations de faire de la pédagogie sur cet accord », Valls précise :  « Oui, elles le savent. Elles l’ont dit au président de la République comme au Premier ministre. […] Il faudra que les délégations, les formations politiques, utilisent les prochaines semaines pour convaincre. Et on convainc en expliquant et en assumant. C’est ça la démocratie. La politique sert à ça. Je ne doute pas qu’elles réussiront. Mais je sais aussi qu’il y a des risques et qu’il y a des risques sérieux. Pas politiques seulement. Mais il y a des menaces sur des élections, sur les élus, sur les délégations. Moi, j’appelle au débat, à la confrontation des idées, mais au calme aussi. C'est le rôle du haut-commissaire et des forces de l’ordre, policiers, gendarmes. C’est le rôle de la justice aussi d’être très attentive à tout développement, à toute violence, à toute menace. On a démontré qu’on était capable de faire un accord. Il ne faut pas que cela soit mis à mal parce qu’il y aurait ici ou là des extrémistes qui voudraient provoquer une guerre civile ».

Ici ou là seulement  ? Et des extrémistes, évidemment...

[51] Voir :

https://www.lnc.nc/article/nouvelle-caledonie/politique/accord-de-bougival-le-plus-difficile-reste-a-faire-insiste-valls

[52] https://la1ere.franceinfo.fr/nouvellecaledonie/video-comment-les-medias-du-pacifique-accueillent-ils-l-accord-sur-l-avenir-de-la-nouvelle-caledonie-1605516.html

[53 https://www.lnc.nc/article/france/politique/les-reactions-nationales-a-l-accord-de-bougival

[54] Le paragraphe précédent trouve ses sources dans la fin du premier article de Médiapart du 12 juillet.

[55] Voir :

https://www.humanite.fr/monde/decolonisation/kanaky-nouvelle-caledonie-tout-comprendre-a-laccord-de-bougival-un-jalon-historique-et-un-fragile-compromis

[56] Voir :

https://www.latribune.fr/economie/france/etat-de-nouvelle-caledonie-un-saut-dans-le-vide-pour-eviter-le-chaos-1029627.html

« Le député RN Jean-Philippe Tanguy avait indiqué sur LCI que le parti d’extrême droite pourrait ne pas voter la modification de la Constitution. "C'est possible qu’on le vote, mais c’est possible qu’on ne le vote pas" ».

[57] https://la1ere.franceinfo.fr/nouvellecaledonie/entretien-accord-nouvelle-caledonie-ce-n-est-pas-un-point-d-arrivee-mais-un-point-de-depart-estime-alain-christnacht-1605762.html

« Est-ce un texte équilibré pour les deux camps ? ». « Je crois que oui. […] Il y a un certain nombre de choses qu’il faut préciser, y compris avant la consultation [la soumission aux Calédoniens de l'accord politique, en février 2026]. Parce que le risque pour la consultation c’est la conjonction des deux extrêmes, qui aboutissent à un résultat négatif qui serait très regrettable. L’un des éléments qui montre que c’est plutôt équilibré ce sont les oppositions fortes, dans les deux camps ». Ou encore : « C’est un État qui a des caractéristiques d’État associé. Par exemple avec la compétence internationale. Sur un autre plan il ressemble plus à un État fédéré, par rapport à la France, ou avec les compétences des provinces. Dans tous les cas, c’est un État qui n'est pas complètement indépendant. [Je souligne, PC] En matière internationale, on dit que la compétence régalienne est transférée à la Nouvelle-Calédonie. La politique internationale devra être menée sans "compromettre les intérêts nationaux de la France". Cette expression, on la trouve dans le traité entre Monaco et la France. Or la principauté de Monaco est indépendante ». Si l’on veut…

[58] Voir, et attentivement :

https://la1ere.franceinfo.fr/de-la-couverture-partisane-au-contresens-imprudent-comment-les-medias-nationaux-couvrent-ils-le-sommet-sur-l-avenir-de-la-nouvelle-caledonie-1602513.html

J’avais pris pour argent comptant le « scoop » du quotidien Le Monde du 3 juillet (Nouvelle-Calédonie : Emmanuel Macron prône un accord transitoire vers un État-associé) :

https://www.lemonde.fr/politique/article/2025/07/03/nouvelle-caledonie-le-chef-de-l-etat-prone-un-accord-transitoire-vers-un-etat-associe_6617586_823448.html

L’article Face au huis clos, comment les médias nationaux couvrent-ils le sommet sur l’avenir de la Nouvelle-Calédonie ? rectifie : « Au passage, Le Monde a lâché une petite bombe qui a fait trembler les participants au sommet de Bougival. Selon la journaliste à l’origine de l’article, Emmanuel Macron aurait prôné l’idée de faire de la Nouvelle-Calédonie un "État-associé". Ce qui supposerait une certaine souveraineté du territoire. Selon nos informations, le chef de l’État a en réalité mis sur la table plusieurs options statutaires, dont l’État-associé, mais sans prendre parti pour l’une ou l’autre. Aux acteurs politiques de négocier ».

J’avais également cru à la dépêche de l’AFP, maintenant étrillé par Face au huis clos, comment les médias nationaux … : « La semaine dernière, lorsque le FLNKS a organisé sa conférence de presse, les médias nationaux, dont l’AFP, ont retenu une phrase prononcée par Mickaël Forrest, membre du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, présent aux côtés d’Emmanuel Tjibaou et de Christian Téin ce jour-là. "Il n’y aura pas de signature durant cette séquence-là, même si on reste une semaine, deux semaines, un mois", a déclaré l’indépendantiste. Le FLNKS entendait par là que, même si un accord était trouvé avec les non-indépendantistes à Bougival, aucune signature ne serait apposée sur un document car le mouvement devra d’abord consulter ses instances en Nouvelle-Calédonie pour valider un potentiel accord. Ce qu’a précisé l’AFP dans le corps de son article. Sauf que l’Agence a tout de même décidé de titrer sa dépêche dessus : "Nouvelle-Calédonie : pour les indépendantistes, il n’y aura pas d’accord signé lors du sommet". Une formule qui peut prêter à confusion car elle laisse sous-entendre que le Front ne cherchera en aucun cas à trouver des compromis avec l’État ou les loyalistes. Ce qui n’est pas le cas ».

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