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Patrick Castex

Économiste, sociologue et HEC à la retraite (maître de conférence à l’Université Dauphine et membre du Cabinet Syndex, expert-comptable spécialisé dans le conseil aux Comités d'entreprise et aux syndicats de salariés), il s’occupe, depuis une dizaine d’années, de promouvoir l’Indépendance de la Kanaky Nouvelle-Calédonie. Il s’est mis en outre à écrire autre chose que de savants traités...

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Billet de blog 31 octobre 2023

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Cocos et anars jouent Éros plutôt que Thanatos : uchronie et Histoire (Saison 1)

Précisons : il s’agit d’une uchronie très ensoleillée, du moins on l’espère, et d’une fort sombre Histoire ; très sombre. Il s’agit de celles des Rouges et des Noirs : Charlot (Karl Marx), Freddy (Friedrich Engels), Pierrot-Joé (Pierre-Joseph Proudhon), Mickey (Michel Bakounine), Lou (Louise Michel) et les autres...

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Illustration 1

Remarque : l’image ci-dessus, ainsi que les quelques autres qui parsèment ce feuilleton, sont l’œuvre de l’un de mes petits-fils Noé, probablement un futur Picasso qui préfère se nommer Éon... Ça a une autre gueule que l’image de la bande des cinq « marxistes-léninistes » également souvent scandée dans les bandes son, autour de Mai 68 dans les manifs par les Maos : Marx, Engels, Lénine, Staline, Mao !

J’ai fait un rêve. Celui où les mouvements révolutionnaires marxistes-communistes et anarchistes-libertaires s’étaient entendus. Celui où ils s’étaient unifiés, ou au moins toujours alliés plutôt que de se combattre à mort. Celui où l’on n’avait jamais opposé le socialisme libertaire au socialisme autoritaire ou vice-versa. Ce rêve aurait pu se réaliser : c’est le sens profond de l’uchronie. Un rêve, un éclat de lumière qui aurait pu changer du tout au tout l’histoire des Révolutions depuis le milieu du XIXe siècle ; l’Histoire, avec un grand H fut beaucoup plus sombre : un crépuscule sans fin.

***

Écrire des récits sur ce thème en 2023, c’est débattre du sexe des anges ; comme les Byzantins du concile de Constantinople se querellant sur cette histoire pendant que les Turcs assiégeaient la ville en 1453. Se préoccuper des chicanneries entre anars et cocos alors  que la vie des humains sur terre risque pour le moins de se dégrader (fascisations en Europe, guerre en Ukraine avec ou sans bombes thermonucléaires, dérèglements climatiques), bof ! Mais pas seulement. Je ne peux résister à mettre mon grain de sel après près de trois semaines de la nouvelle guerre entre le Hamas et plusieurs organisations armées de la Bande de Gaza (et plus si dérapage…) et Israël. Guerre commencée le 7 octobre par ledit « Déluge d’Al-Aqsa » et 1 400 morts en Israël, dont une majorité de civils massacrés et peut-être 200 prisonniers-otages ; opération qui a déclenché en réponse l’opération israélienne « Glaive de fer ». 

Beaucoup d’encre a coulé ; je n’ai pas une virgule, un accent aigu, grave ou circonflexe à changer au contenu de l’article d’Alain Gresh du Monde diplomatique de novembre, Barbares et civilisés (Dossier Israël-Palestine : l’embrasement, et après ?). Selon cet article, la campagne de bombardements aériens massifs, avant les opérations terrestres déclenchées ensuite, fait plus de 5 000 morts et des milliers de blessés civils ; plus de  8 000 selon selon le ministère de la Santé dirigé par le Hamas jusqu’au le 31 octobre. Avec ces macabres décomptes, tout est dit sur ce que sont les terroristes barbares (substantif et qualificatif réservés en général au Hamas) et les civilisés (la réaction, quoique considérée de temps en temps comme un peu forte) d’Israël.

Terroriste ou résistant le Hamas ? Quelle connerie, cette polémique née au sein de LFI et qui va sans doute tuer la NUPES (qui n’avait d’ailleurs pas besoin de cela). À mon humble avis, terroriste sans aucun doute après les exactions-crimes de guerre contre des civils israéliens : des actes de barbarie commis de sang-froid et d’humain à humain. C’est dégueulasse ; et ne me demandez pas : « C’est quoi dégueulasse ? ». La résistance du peuple palestinien est une juste lutte, sa lutte armée également ; mais on peut faire de la résistance sans être dégueulasse et aussi en restant conscient de la terrible supériorité militaire de l’ennemi ; de Gaulle nous l’avait recommandé dès octobre 1941, et sans faire de morale. Je me permets d’ajouter de la morale, sans doute petite-bourgeoise comme dirait l’autre ; car aucune fin ne justifie n’importe quel moyen. Ça vaut le coup de lire et d’écouter avec attention ce que disait de Gaulle (car on se contente ici de l’évoquer rapidement) ; mais il n’a pas toujours été entendu par la Résistance française responsable de quelques bavures. Voir et entendre, en cliquant sur ce lien :

Charles de gaulle - paroles publiques - Réaction après les représailles allemandes suite aux attentats de la Résistance (ina.fr)

Pour l’occupant allemand, tous les résistants français étaient des terroristes, comme le Hamas pour les Israéliens, la plupart des pays dits occidentaux et la France ; comme le Hezbollah, mais pas, officiellement, pour la France pour ce dernier. Il y avait du « en même temps » dans ce discours du général de Gaulle après les premiers attentats-actes de résistance contre des officiers allemands (le premier étant celui commis par Pierre Georges, dit plus tard le Colonel Fabien) quand les communistes se lancèrent dans la résistance armée après l’invasion de l’Union soviétique par Hitler. D’un côté, de Gaulle affirmait : « Il est absolument normal, il est absolument justifié que les Allemands soient tués par les Français. Si les Allemands ne voulaient pas recevoir la mort, ils n’avaient qu’à rester chez eux et ne pas nous faire la guerre ». Et il précise bien Allemands et non pas Nazis. De l’autre, il conseillait (mettant discrètement en garde les communistes) : « La consigne que je donne pour le territoire occupé, c’est de ne pas y tuer ouvertement d’Allemand. Cela pour une seule mais très bonne raison, c’est qu’il est en ce moment trop facile à l’ennemi de riposter par le massacre de nos combattants momentanément désarmés ». Il ne s’agit donc pas de raison morale, mais de la « seule et très bonne raison » ; pas très morale ; et passons sur le « ouvertement » et le « en ce moment ». 

On vous prie de nous excuser de cette digression qui commence ce feuilleton par un hors sujet complet ; et qui propose en outre d’entendre la voix du général de Gaulle dans un contexte de sexe des anges en Palestine-Israël où ces chérubins ne sont plus présents depuis longtemps.

***

Revenons au cœur du sujet où le sexe (de nos quatre compères et de notre unique commère qui n’étaient pas des anges) ne sera pas absent.

La période où se développe le récit de la plus grande partie de cette juxtaposition de l’uchronie et de l’Histoire est courte, une trentaine d’années : du début des années 1840, où apparaissent les principaux acteurs, jusqu’au début des années 1870 où la lutte entre anarchistes (ils furent plusieurs, dont surtout Proudhon et Bakounine) et marxistes (le duo Marx-Engels) se termine par la malheureuse victoire des seconds en 1872. L’histoire de la première Association internationale des travailleurs (l’AIT), nom officiel de la Première Internationale ouvrière est encore plus courte : elle est fondée en 1864 à Londres. À la fin de cette période, Louise Michel, une blanquiste (c’est-à-dire une adepte d’Auguste Blanqui[1]) pendant la commune de Paris de 1871, donc pas encore anarchiste, se trouva déportée (avec 5 000 communards) en Nouvelle-Calédonie. On n’ira guère plus loin que cette période, sauf par un petit dessert ; mais ne déflorons pas encore…

On présente ces deux récits sous la forme d’un feuilleton en beaucoup de saisons regroupant quelques épisodes : c’est tout bêtement un écrit, comme au XIXe siècle, mais un peu modernisé : on trouvera en notes des liens hypertextes renvoyant à beaucoup de compléments multimédia. Cette saison 1 entre directement dans les deux récits, sans développer la moindre introduction (donnée néanmoins, pour éclairer le sujet, dans la saison 2). On commencera donc tout de go par la jeunesse du principal héros de l’uchronie, Charlot Mordechai, et celle de son clone : le Karl Marx de l’Histoire.

Charlot ou Karl : la jeunesse

Illustration 2

Charlot Mordechai garda, grâce à son père, son nom juif

Le 5 mai 1818 naquit à Trèves (en allemand, Trier avec la fin du mot à prononcer comme rire et non pas comme le verbe trier) à l’ouest de l’Allemagne, le petit Charles. Il fut le deuxième d’une famille nombreuse (huit ou neuf enfants ; ça dépend des sources). Son père, Herschel Levi Mordechai, (ça ne fait pas très bon aryen...) voulut être avocat ; il ne le fut pas, car son grand-père était rabbin, juif ashkénaze. Cependant, Herschel refusa de se convertir au protestantisme luthérien. Malgré le passage de Napoléon Ier en Allemagne, l’antisémitisme reprenait du poil de la bête après la bataille de Waterloo ; ainsi, Trèves, ville devenue un temps française, était repassée chez les Allemands comme annexe du royaume de Prusse : beaucoup de professions furent de nouveau fermées aux Juifs. Herschel était athée mais se sentait juif ; il fit autre chose, mais rêva toujours du droit.

Le jeune Charles aima rapidement son nom de famille, car Mardochée est un personnage fondamental de la Bible (Livre d’Esther) : les Juifs déportés à Babylone (le prénom Mardochée-Mordechai dérive de Marduk, le grand dieu de la ville) devaient être exterminés selon un décret ; un retournement en faveur des Juifs les sauva, et ce jour est désormais célébré par eux comme la fête de Pourim. Charlot portait ainsi le nom d’un Dieu qui voulait exterminer les Juifs…

La ville de Trèves avait une longue et glorieuse histoire. Elle fut, avant d’être romanisée, le chef-lieu d’un peuple gaulois, les Trévires ; elle devint capitale de la Gaule gallo-romaine, plus proche des ennemis germains qui titillaient l’Empire : à la fin du IIIe siècle, elle est alors qualifiée de Roma Seconda (Seconde Rome). L’ancienne capitale des Gaules, Lugdunum (aujourd’hui Lyon) en fut pour ses frais. Bref, sa ville fut considérée par le jeune Charles presque comme un centre mondial ; et il était aussi fier de son prénom, celui de Charlemagne (Karl der Grosse en allemand). En fait, Charles fut toujours assez fier de lui.

Charles fut surnommé curieusement Charlot, et les deux en français. Les Juifs, au moins en France, aiment à substituer leurs prénoms bien français (comme dirait Zemmour) par un sobriquet : Charlot pour Charles, par exemple ; histoire peut-être de se distancier de l’assimilation, car on leur imposa, justement pour leur assimilation (voir encore Zemmour...) un prénom du cru (pas forcément gaulois). Mais pour le père de Charlot, cette référence au français n’était que la conséquence logique du siècle des Lumières et des libérations-conquêtes de la Révolution puis de Napoléon.

Charlot eut cependant un surnom : Le Maure (Der Maure) qui pourrait se traduire aujourd’hui par Le Maghrébin ou au moins Le pas franchement louche, mais Le franchement basané ; le surnom préféré que ses camarades étudiants lui donnèrent à Berlin à cause de son teint foncé ; peut-être aussi par référence à sa judéité. Quand ce sobriquet était affectueux (ce l’était souvent, mais lard ou cochon ?) Charlot souriait, mais souriait jaune ; quand c’était agressif, il répondait « Oui, je suis juif et je t’emmerde », accompagné d’un coup de poing ou d’un coup de boule. Et il fit tout de suite le parallèle avec le racisme envers les Noirs, les Nègres assimilés aux esclaves ; il avait en effet été choqué pendant ses premiers cours de français (il devait avoir 12 ou 13 ans) par la lecture de vieux dictionnaires ; dans le premier de l’Académie française de 1762, il sursauta quand il lut que le mot nègre était synonyme de celui d’esclave ; dans d’autres plus tardifs, il bondit en lisant qu’au mot nègre était écrit plus simplement : « Voir esclave ». Il fit aussi le parallèle avec l’horreur du colonialisme : « Quand ces cochons de Français vont-ils abolir l’esclavage et arrêter de vouloir coloniser l’Algérie ! » hurla-t-il dans la bibliothèque de son lycée. Il fut puni mais, fier de sa sortie, il écrivit dans un petit carnet, jamais retrouvé : « Un jour, il y aura bien un nègre colonisé par la France qui dira comme moi : Je suis nègre et je t’emmerde ! ».

Charlot se considéra toujours en effet, et dès tout petit, comme un Juif. Il était fier de se nommer Mordechai, ce nom biblique de haute tenue, bien que celui d’un ennemi.... C’est difficile à expliquer ce que veut dire s’identifier comme juif alors qu’on n’a eu aucune éducation religieuse ni encore aucun cours d’histoire ancienne ; mais certains peuvent le comprendre. Très jeune, Charlot fut toujours révolté ; pas seulement contre les vannes antisémites qu’il subissait tous les jours, mais également contre la société où la misère, sinon la pauvreté, apparaissant à chaque coin de rue quand il sortait de son quartier avec sa mère qui s’occupait un peu des pauvres. On ne trouve aucune saillie antisémite dans tous ses écrits ultérieurs, contrairement à tous ses comparses révolutionnaires du siècle.

Ses rapports avec sa mère furent toujours conflictuels. Probablement typique mère juive assumée en tant que telle, donc un peu possessive (« Surtout, ne prends pas froid, mais n’aie pas trop chaud non plus ; ne fume pas et soit propre sur toi, mastique bien quand tu manges, etc. »). Il est vrai que Charlot fut toujours de santé fragile et négligeait sa toilette et, plus tard, sa coupe de cheveux et de barbe. Rien n’indique cependant le moindre complexe d’Œdipe, d’un côté comme de l’autre ; ses relations exécrables avec sa mère furent, surtout après la mort de son père de tuberculose en 1838 (il avait vingt ans) des histoires de fric et d’héritage.

Karl Marx, juif baptisé dans la religion luthérienne

Son père, Heinrich Marx, né Herschel Levi Mordechai, devient avocat en 1814, alors que Trèves était encore en France, dans le département de la Sarre, avec égalité de droit pour tous. Son nom était bien Herschel Levi Mordechai ; Marx n’est peut n’être qu’une déformation de ce patronyme ; mais c’est sans doute plus compliqué… En 1808, en application du décret de Bayonne (pris par Napoléon envers les Juifs pour les assimiler, bien après qu’ils obtinrent pour la première fois la citoyenneté en 1791) exigeant des Juifs de France à avoir un nom de famille définitif et à le déclarer à la mairie, la famille prit le nom de Marx. Après la défaite de Waterloo, la région du Rhin fait partie de la Prusse qui limite alors le droit des Juifs à intervenir dans la vie administrative. Le père de Marx, bien que défendu par ses collègues (singulièrement par le président de la Cour suprême de la province, appel rejeté par le ministre de la Justice prussien) est ainsi contraint de se convertir au luthéranisme en 1816 ou 1817 pour devenir avocat ; il baptisera ses enfants en 1824.

On croirait que Karl lui-même est l’auteur du caractère de son prénom[2]. « C’est ainsi : j’avance puissamment, en donnant l’impression du plus grand calme ; je réalise mon projet, j’impose la marche vers mon but, j’agis en essayant de ne pas faiblir, douter ou revenir en arrière. L’action, je ne souffre pas de la voir remise à plus tard […] J’ai d’évidentes aptitudes au commandement, à l’exercice de l’autorité, spirituelle aussi bien que temporelle, et mon intelligence est le moteur central de toutes mes entreprises ».

Karl ne fut pas élevé de façon religieuse ; mais, bien qu’athée, il se sentait juif ; s’il l’avait oublié, on le lui rappelait souvent par des railleries antisémites qui le glaçaient et auxquelles il répondait souvent par l’indifférence, quelquefois par le coup de poing. Curieusement son sobriquet était Le Maure et non pas (en argot allemand ou en yiddish) Le schmoutz, Le youtre ou tout simplement Le youde. Il eut cependant avec les Juifs des rapports ambigus : ses saillies antisémites contre les Juifs, assimilés à l’argent, sont connues ; mais Proudhon et Bakounine ne furent pas en reste.

La colonisation n’existant pas encore en Allemagne (elle n’apparut vraiment qu’après la proclamation de l’Empire allemand en 1871 dans la galerie des Glaces du château de Versailles, suite à la guerre gagnée contre la France en 1870) le racisme anti-Noir en Allemagne fut une curiosité : Karl ne s’en soucia donc pas. On trouve peu de critiques anticoloniales (sauf concernant l’Irlande) et antiracistes chez Marx et Engels ; on trouve en revanche chez Engels de curieux propos racistes et pro coloniaux[3].

Charlot, à à peine 18 ans, drague Jenny Hirsch « qui a du chien », grâce au poète Heinrich Heine

Et apparut Jenny. Jenny Hirsch, une grande bourgeoise juive d’Aachen (Aix-la-Chapelle). Charlot Mordechai hésita longtemps, avant de se fiancer, entre quelques baronnes ou duchesses von Etwas ou von Irgendetwas ; il choisit Jenny. Comme pour Charlot, la famille de Jenny refusa toujours de s’assimiler et n’embrassa jamais le culte de la religion luthérienne.

Charlot avait un faible pour Aachen : la ville le rapprochait de Karl der Grosse. Cette ville possédait en outre les meilleurs bars à vin et brasserie de la région, ainsi que les Bordelle (comme l’écrivent les Allemands) les mieux dotés. Charlot préférait l’argot, Puff ; il savait que ce mot était passé en français donnant poufiasse. Il passait des uns aux autres ; il oubliait qu’il ne serait probablement pas un nouveau Karl der Grosse, seulement un sympathique petit Charlot. Il se fiança avec la petite Jenny ; pas si petite : elle avait 4 ans de plus que lui quand il la connut, lui à peine sorti de l’adolescence. Dans tous ses plans cul, pas seulement dans les maisons closes, il avait un faible pour les plus mûres. Jenny se doutait bien de quelque chose ; on murmurait cependant à Aix-la-Chapelle qu’elle ne fut pas l’oie blanche dont rêva des années Charlot : il ne l’épousa, dans la ville de Charlemagne, qu’en 1843 : il avait 25 ans et elle approchait la trentaine, un âge canonique pour l’époque. Elle était plutôt jolie, mais loin d’être resplendissante ; tout le monde disait d’elle : « Elle a du chien ! ».

C’est le poète Heinrich Heine, que Charlot appela rapidement Riton, rencontré dans un Puff d’Aix, qui avait présenté Jenny à Charlot, en 1836. Heine, revenu incognito en Allemagne (comme souvent) était tombé par hasard sur l’altercation d’un jeune homme avec un antisémite, altercation qui se termina par un coup de boule et la fuite du salaud ; cela lui rappela sa jeunesse et, curieux, il suivit le jeune homme qui entra dans un bordel. Une curieuse amitié naquit, d’autant plus que Charlot comprit vite que son nouvel ami, d’abord discret, était le poète déjà maudit en Allemagne ; amitié qui continua plus tard, en particulier à Paris. Charlot avait alors 18 ans, Henri plus du double.

Peu de temps après, Heine présenta Jenny à Charlot ; il la présenta comme sa nièce, et Charlot le crut, cependant étonné que des rapports entre nièce et oncle puissent être aussi démonstratifs ; mais Heine était un poète, et sa nièce devait également l’être : entre poètes, tout est permis ! Et une conversation, plutôt le cours d’un vieux adressé à un jeune ignorant, commença, Jenny jetant des yeux pétillants tantôt vers son oncle, tantôt vers Charlot.

Heine expliqua au très jeune Charlot que « L’idée d’une société égalitaire et harmonieuse, était très ancienne et semblait être née en Orient (dans le confucianisme, le taoïsme et le bouddhisme) ». Charlot n’avait jamais entendu parler de tout cela, mais écoutait avec intérêt, tout en reluquant la nièce. « En Grèce antique, près de chez nous, continua Heine, Sparte était déjà une société de type communiste, avec terres mises en commun ; mais cette communauté intégrale des biens était réservée à la seule élite des citoyens spartiates ». Charlot ne comprenait pas, car il avait appris, au début de ses études au Gymnasium, qu’Athènes était au contraire une cité où la citoyenneté était fondée sur la petite propriété individuelle de la terre ; il l’objecta à Heine. « Tu as raison, sourit le poète, mais Athènes n’était pas Sparte : Athènes fut le berceau de la démocratie fondée en effet sur la propriété privée individuelle, un sorte d’île au milieu de sociétés despotiques où la propriété de la terre était collective et gérée de façon plus ou moins centralisée ; et, c’est amusant, le philosophe Platon imagine à Athènes, dans son écrit La République, une cité idéale (La Kallipolis, la Belle ville) qui n’a rien à voir avec la démocratie athénienne : comme à Sparte, l’élite appliquerait la mise en commun des biens matériels, mais aussi celle des femmes et des enfants ». « Ça, ça me va, dit Charlot, avec un sourire éclatant ; la propriété collective de la terre, ça ne me va pas, mais celle des femmes, ça me va ; quant aux enfants, il faut voir ; bref, le communisme, c’est donc Platon ! ». Jenny devint écarlate et ne regarda plus Charlot ; j’aurais peut-être dû m’abstenir pensa ce dernier, mais un peu tard ; il lui envoya un sourire confus. « Oui, répondit Heine qui avait vu l’ange passer, mais il fit des petits, toujours chez nous, tant chez les bons chrétiens, mais surtout chez des foufous, dont tu as sans doute entendu parler au lycée : le Britannique Thomas Moore et son livre Utopia[4], ou, encore plus près de chez nous, des luthériens révolutionnaires comme, durant la guerre des Paysans allemands, l’un de ses chefs, Thomas Münzer… ». « C’est quand, cette histoire ? » se hasarda Charlot qui en profita pour ne pas avouer qu’il n’avait jamais entendu parler d’Utopia. « Juste après Luther, répondit Heine qui se dit que ce petit cours n’était peut-être pas inutile, vers 1525, mais on en parle peu à l’école, car ce sont aussi des communistes. Je continue. Le Français Gracchus Babeuf, tu ne connais sans doute pas non plus, le communiste de la Révolution française, avec, en 1796, sa Conjuration des Égaux (il y a laissé sa tête) : partisan de la propriété commune, abolition de la propriété privée, révolution par l’organisation d’un coup de force par un parti clandestin et la dictature d’une minorité agissante. L’un de ses copains d’origine italienne, Philippe Buonarroti (descendant de la famille de Michel-Ange, Michelangelo Buonarroti) échappa à la guillotine et continua la lutte ; je viens de le rencontrer à Paris, mais il est bien mal en point ». « C’est la première fois, en effet, que j’entends parler de ces deux-là » répliqua Charlot avec humilité ; il n’osa pas mais regrettait de ne pas prendre des notes. « Mais d’autres n’étaient pas communistes, continua Heine, intarissable : ils rêvaient d’une société sans État, sans pouvoir central, on peut les appeler anarchistes. Il y en eut peu, peut-être le Britannique William Godwin, mais ça ne te dira rien ; en France, j’ai aussi rencontré par hasard (comme toi) un ouvrier imprimeur dont seul le prénom m’est resté, Pierre-Joseph, il se dit anarchiste et se voit déjà le grand penseur de France et même d’Europe ; Bref, un foufou ». « Je comprends, répondit Charlot, retrouvant une certaine fierté et, en même temps, le regard de Jenny ; sympa comme idée, mais on n’a jamais eu ça nulle part, surtout pas en Europe, et ça n’arrivera jamais chez nous, en Allemagne où, depuis ces connards de Prussiens qui font l’unité allemande, on glorifie l’État ». « Tu ne crois pas si bien dire, répliqua Heine qui commençait à trouver que sa nièce regardait plus souvent le jeune que lui-même, un philosophe bien de chez nous, Hegel, vient de mourir il y a peu ; il n’est pour le moment connu que des philosophes académiques mais je pense qu’il va bientôt éclairer tout le mouvement politique ». « On m’en a un peu parlé en dernière année du Gymnasium, répondit Charlot, encore plus fier, mais je n’ai rien compris ! ». Heine reprit son souffle : « Attends, c’est encore plus compliqué ! Il y en a qui ne sont ni communistes ni anarchistes ; on ne peut même pas dire qu’ils veulent en faire la synthèse. Par exemple les Saint-simoniens français dont je fus adepte mais que j’ai quitté quand ils sont devenus délirants ; ou ce fou furieux de Charles Fourier qui ne va pas tarder à casser sa pipe et son Phalanstère… ». « Le Phallus au pouvoir ! », éclata Charlot qui se mordit aussitôt la langue. « Rien à voir, mais on en reparlera… » termina Heine : il avait senti que, contre toute attente, sa nièce présentait des yeux de plus en plus pétillants.

Jenny intervint : « Comment, on en reparlera ! Continuez, bon sang ! Fou… Machin qui va casser sa pipe, Familistère au pouvoir, je commençais juste à m’intéresser à vos trucs de vieux et jeunes mâles… ». Heine, soupira « Phalanstère, pas Familistère : il n’y a plus de famille dans cette société nouvelle ! » ; en soupirant encore, il acquiesça : « D’accord, mais ce sera ma dernière déclaration ; et elle pourra vous choquer tous les deux. Je suis à la fois amoureux de l’égalité et de la liberté ; et je prétends que le mouvement révolutionnaire doit se colleter avec cette contradiction fondamentale : l’égalité sans faux-semblant du communisme et la liberté absolue des anarchistes. L’avenir appartient aux communistes, continua Heine, presqu’en gémissant et les yeux hagards, j’en suis convaincu ; mais j’ai une appréhension, et même une ire extrême, une horreur, un effroi : s’en sera fini de la poésie, de l’art et de la liberté… ». « Tu te fais du mal, rétorqua Charlot, d’après ce que tu viens de m’enseigner, communisme et liberté ne sont pas si en opposition que ça ! ». Heine se mit à rire et se reprit : « Je n’en crois pas un mot ! Pourtant, bien que le communisme soit contraire à mon esprit de liberté, je soutiens ″que les hommes ont tous le droit de manger″, or l’inégalité règne en maîtresse ! De plus, j’ai la haine, la haine de ceux qui exploitent sans pitié la classe ouvrière. Entre mon amour de la liberté et cette haine, c’est cette haine que je choisis ! »[5].

En se rassurant, Heine conclut : « De toute façon, ces deux philosophies ne sont que des chimères, des utopies comme celle de Thomas More, du socialisme utopique ». Charlot comprit parfaitement ce que venait de lui dire son nouvel et vieil ami ; il pensait un peu la même chose et était en fait peu convaincu de la convergence possible entre communisme et liberté. Il enregistra l’expression socialisme utopique[6] qui lui plut. Mais il était encore bien jeune ; il verrait plus tard… Et son amour naissant pour Jenny lui parut plus important que cette dialectique.

Ce que Charlot ne devina jamais, c’est que Jenny était en fait la maîtresse allemande de Heine depuis que, révolutionnaire maudit en Prusse, il s’était exilé et installé à Paris en 1831, au lendemain de la Révolution de Juillet, mais revenait souvent, incognito donc, dans son pays. Charlot le reconnaîtra : c’est Henri qui l’éveilla à l’esprit révolutionnaire, par ses écrits, ses poèmes et surtout ses conversations.

Henri comprit tout de suite l’attirance réciproque entre Jenny déjà mûre et délurée et Charlot sortant à peine de l’enfance. Il comprit qu’il allait la perdre au bénéfice de son jeune ami. Mais la fille, évidemment éprise du jeune homme qui avait l’air si dégourdi, accepta sa proposition de fiançailles, mais tellement attachée au poète qui n’était pas seulement adroit en poésie, elle le garda comme amant et Charlot, malgré ses avances répétées, attendit sept ans sans comprendre la raison des réticences de sa « fiancée » avant de l’épouser et la connaître au sens de la bible. Henri s’étant marié à Paris en 1841, avec une grisette, il délaissait de plus en plus l’Allemagne et Jenny ; cette dernière se dit alors qu’elle pouvait essayer un plus jeune et succomba enfin.

Charlot ne sut jamais les raisons de la longue attente de Jenny, sauf peut-être inconsciemment ; en vieillissant, il se détacha progressivement de son vieux copain Riton et devint de plus en plus communiste et anarchiste en même temps, probablement grâce à lui. En outre, il apprécia peu le mariage de Riton avec la française Mathilde, une jeune ouvrière parisienne et de plus non mariée, bref une grisette, ce qui était peu respectable pour Charlot qui avait abandonné les bordels.

Karl épousa Jenny von Westphalen ; Heine dit d’elle : « Elle est magique »

L’épouse de Marx, dite Jenny, Johanna Bertha Julie von Westphalen, est une noble, une baronne issue de la noblesse rhénane, de quatre ans l’aînée de Karl. Ils furent amis d’enfance et Karl s’était fiancé avec elle en étant encore étudiant. « Karl et Jenny, indique Victor Fay dans son Esquisse pour un portrait de Marx[7], avaient joué ensemble quand ils étaient petits ; il avait dix-sept ans et elle en avait vingt-et-un quand ils se fiancèrent, et comme Jacob pour Rachel, il ″servit″ sept années avant d’épouser Jenny ». Pour donner une idée des différences de classe et d’ambiance politique entre les deux amoureux, Fay indique que le (demi-) frère aîné de Jenny « deviendra ministre de l’Intérieur du royaume de Prusse au cours d’une des périodes les plus réactionnaires que connut ce pays, de 1850 à 1858 »[8].

Concernant la noble Jenny von Westphalen-Marx, Fay (op. cit.) ajoute encore que Jenny était « D’une beauté extraordinaire, qui faisait le bonheur et la fierté de Marx, et qui transportait d’admiration des hommes comme Heine [...] d’une intelligence et d’un esprit aussi brillants que sa beauté, Jenny von Westphalen était de ces femmes que l’on distinguait entre mille ». Quand le poète Heinrich Heine la rencontrera à Paris, il dira de Jenny, dit-on : « Elle est magique... » ; tout le petit groupe qui fréquentait les deux tourtereaux approuva : magique. Jenny et Karl filèrent le (presque[9]) parfait amour jusqu’à la mort de Jenny en 1881, peu d’années avant celle de Marx.

Le poète Heinrich Heine fut compagnon de route de Karl Marx et Friedrich Engels ; il est né Harry Heine, en Allemagne, vers 1800 et mourut à Paris sous le nom de Henri Heine en 1856 : il avait donc une génération d’avance sur Marx. Il gagna sa croute comme journaliste critique et politiquement engagé ; Wikipédia indique que « Heine fut aussi admiré que redouté ». Il était juif (il eut une éducation juive, mais il se convertit au christianisme, un peu comme le père de Marx : il voulait devenir juriste) mais tout à fait indifférent au fait religieux ; il constata que bien des porteurs de la culture luthérienne n’acceptaient pas un juif, même converti, comme faisant partie des leurs. Heine n’était cependant pas prêt à supporter les humiliations et les discriminations sans répliquer : il provoqua d’ailleurs de nombreux duels. Ses choix politiques très à gauche (à Paris, d’abord avec les saint-simoniens puis avec Marx) lui valurent hostilité et ostracisme, surtout en Allemagne où l’on aimait peu les révolutionnaires et les Juifs, surtout quand ils cochaient les deux cases.

Il passa, à Paris, du mouvement des saint-simoniens à une amitié avec Marx et Engels. Le mouvement fondé par Claude-Henri Rouvroy de Saint-Simon (neveu de celui qui écrivit au XVIIIe siècle des mémoires célèbres) fut, en France, le premier truc un peu pas comme il faut. Comme tous les mouvements que l’on définirait aujourd’hui comme gauchiste, il fut d’abord utopiste, avec Le Nouveau Christianisme écrit par le fondateur, puis franchement sectariste avec le premier « Saint », Prosper Enfantin (le principal « Père suprême » et ses apôtres), pour finir avec une droite affairiste, les frères Pereire ; on y reviendra.

Heine commet en effet, à la fin de sa vie (en 1855, dans la préface de l’édition française de son écrit Lutèce, Lettres sur la vie politique, artistique et sociale de la France) un écrit où alternent, bien qu’il ne fût jamais vraiment anarchiste, le repoussoir du communisme et son soutien indéfectible à ce dernier[10]. D’un côté il affirme son effroi devant lui ; de l’autre, même si c’est à contrecœur, il le soutiendra quand-même. C’est politiquement intéressant, bien écrit et plein d’humour désespéré : « Cet aveu que l’avenir appartient aux communistes, je le fis d’un ton d’appréhension et d’angoisse extrêmes. [...] En effet, ce n’est qu’avec horreur et effroi que je pense à l’époque où ces sombres iconoclastes parviendront à la domination : de leurs mains calleuses, ils briseront sans merci toutes les statues de marbre de la beauté, si chères à mon cœur ; ils fracasseront toutes ces babioles et fanfreluches fantastiques de l’art, qu’aimait tant le poète ; ils détruiront mes bois de lauriers et y planteront des pommes de terre. […] Et hélas ! mon Livre des Chants servira à l’épicier pour en faire des cornets où il versera du café ou du tabac à priser pour les vieilles femmes de l’avenir. Hélas ! je prévois tout cela, et je suis saisi d’une indicible tristesse en pensant à la ruine dont le prolétariat vainqueur menace mes vers, qui périront avec tout l’Ancien Monde romantique. […] Et pourtant, je l’avoue avec franchise, ce même communisme, si hostile à tous mes intérêts et mes penchants, exerce sur mon âme un charme dont je ne puis me défendre ; deux voix s’élèvent en sa faveur dans ma poitrine, deux voix qui ne veulent pas se laisser imposer silence. […] Car la première de ces voix est celle de la logique. […] Et si je ne puis réfuter cette prémisse : ″que les hommes ont tous le droit de manger″, je suis forcé de me soumettre aussi à toutes ses conséquences. […] La seconde des deux voix impérieuses qui m’ensorcèlent est plus puissante et plus infernale encore que la première, car c’est celle de la haine, de la haine que je voue à un parti dont le communisme est le plus terrible antagoniste, et qui est pour cette raison notre ennemi commun. Je parle du parti des soi-disant représentants de la nationalité en Allemagne, de ces faux patriotes dont l’amour pour la patrie ne consiste qu’en une aversion idiote contre l’étranger et les peuples voisins, et qui déversent chaque jour leur fiel, notamment contre la France »[11].

Notes de bas de page

[1] Blanqui, Auguste, né au début du XIXe siècle (ne pas confondre avec son frère aîné Adolphe, économiste très libéral qui aida Proudhon). Il fut surnommé « l’Enfermé » car il passa une grande partie de sa vie en prison (dont pendant la Commune de Paris) ; souvent rangé dans le courant des socialistes utopistes, il ne l’est pas, pas plus qu’il est anar : c’est un étatiste radical collectiviste et adepte des coups de main. Il n’apprécia jamais le marxisme alors que Marx pensait que sa présence comme dirigeant avait manqué à la Commune (il fut donc rapidement jeté en prison) ; Engels le critiqua, mais le salua comme un « révolutionnaire indubitable et chaud partisan du socialisme ».

Le lecteur peut jeter un œil sur la Toile sur celui qui inspira Louise Michel avant qu’elle ne devienne anarchiste. De toute la bande des acteurs principaux de nos récits, elle fut la seule qui changea radicalement, passant de l’étatisme au rejet radical de l’État ; mais, tout au long de sa vie, elle se soucia peu de théorie économique ou politique : ce fut surtout, comme Blanqui, une femme d’action.

[2] On a trouvé ce caractère sur la Toile, par hasard ; et Marx n’y est sans doute pour rien… La fin de la description du caractère du prénom Karl fait évidemment anachronique et surtout prête à confusion avec l’uchronie : « Je vous laisse au charme des autres Karl à venir. Je vous permets même de sourire et de rire, et le Charlot ironique dont vous m’affubleriez n’entame en rien mon prestige et mon humour, puisqu’avec Chaplin il force encore le respect ».

[3] Voir par exemple :

https://blogs.mediapart.fr/ahmed-chenikii/blog/290920/les-propos-peu-convenables-racistes-de-marx-et-dengels-sur-les-colonises

[4] On peut le lire sur la Toile selon l’une des traductions françaises de l’une des versions anglaises, grâce à l’Université́ du Québec à Chicoutimi ; on s’aperçoit qu’il s’agit d’un texte politique, avec, en première partie une critique de la société réelle anglaise du début de la Renaissance sous Henri VIII, et, en seconde partie, la description d’une société communiste jugée idéale par More mais qui peut aussi préfigurer ce que sera le socialisme-communiste historique :

http://droit.wester.ouisse.free.fr/textes/doc_mutcoop/utopie_Ed_fr_1842.pdf

[5] Seule la fin du dialogue entre Heine et son jeune ami se rapproche de l’Histoire. On va y revenir.

[6] Voir sur la Toile, entre autres, un rapide résumé de Wikirouge (site marxiste révolutionnaire) de ce socialisme utopique :

https://wikirouge.net/Socialisme_utopique

[7] In L’Homme et la société, n° 7, 1968, numéro spécial 150e anniversaire de la naissance de Karl Marx.

[8] Le texte de Fay est intéressant et lisible sur la Toile, voir :

https://persee.fr/docAsPDF/homso_0018-4306_1968_num_7_1_1117.pdf

[9] En lisant Fay, on comprendra ce presque. Mais gardons le suspense pour les nombreux lecteurs qui ne s’attarderont pas sur le texte de Fay…

[10] Tout le monde aura compris que la conversation transcrite plus haut dans l’uchronie entre Heine (l’amant de Jenny Hirsch) et le très jeune Charlot n’était qu’affabulation ; mais, répétons-le, proche de l’Histoire.

[11] On peut lire sur la Toile la prose de ce grand poète, grâce à BNF Gallica :

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9763391z/f74.double

L’auteur de cette uchronie, qui n’a jamais lu Heine, ni avant ni après 1968, fait sienne cette profession de foi contradictoire.

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