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Billet de blog 2 juillet 2012

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Olafur Ragnar bat des records

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

L'Islande à la Une ? Un blog, ça devient très vite chronophage si, à chaque fois que l'actualité tend les bras, le titulaire cède à l'invitation...

Tombouctou, l'Islande - comme Berlin ou la Pologne – ce sont pour nous des sujets de longue fréquentation. De même le pillage du système bancaire et les folies de la consommation, autres centres d'intérêt pour ne pas tous les citer.

Raison de plus pour résister. En attendant « d'avoir le temps » de rédiger, de vérifier, de hiérarchiser ; avant de réagir et de « bien » s'expliquer.

Reste alors, pour s'exprimer, la solution de reprendre, dans leur jus, des documents personnels anciens, ayant simplement valeur de « repère dans le temps ». Et la saveur du collector, la solidité de l'authentique, la bénédiction de la poussière. De petits talismans.

Avec au passage, quand même, la faiblesse de céder à l'anecdote, à la notule dans l'urgence, au clin d’œil. Impossible, par exemple, de ne rien dire de la réélection du Président islandais qui, avec un cinquième mandat, devient recordman. Pour le patrimoine de Tombouctou et les populations piégées du Sahel, il s'agit d'un coup au cœur, de désespoir et d'impuissance devant l'irréparable qui s'étend.

Un détail : plusieurs journaux titrent « Le président Grimson réélu », là où les Islandais parlent plutôt de Olafur Ragnar : dans un pays où il n'y a pas de patronyme, Grimson signifie « fils de Grimmur » comme Finnbogadóttir se traduit par « fille de Finnbogur ». A choisir, il est plus pertinent de parler de « Olafur Ragnar », comme on disait « Vigdis ». C'est le prénom qui fait le viking.

En 2004, nous avons réalisé, à Bessastadir, une interview filmée de Olafur Ragnar Grimson, alors qu'il était Président de la République d'Islande depuis 1996.

Pour cette occasion, nous avions retrouvé les photos d'une interview « audio » réalisée, quasiment par hasard, 32 ans plus tôt, en 1972 (ci-dessus). Cette année-là, pour répondre à notre souhait d'interviewer un jeune politicien de l'opposition, un conseiller du ministère des affaires étrangères nous avait proposé de rencontrer... Olafur Ragnar Grimson.

Sur les photos de 1972, Olafur Ragnar a les cheveux long du contestataire. Contraste total avec le look présidentiel et, pour ces documents, succès garanti en 2004.

Avec une question d'évidence : « Qui allez-vous interviewer cette fois-ci ? ». Olafur Ragnar étant le seul politicien auquel nous nous soyons intéressés lors du reportage de 1972... nous nous sommes gardés de démentir l'infaillibilité de notre « flair »...

En 1972, Olafur Ragnar Grimson avait vingt-neuf ans, Catherine dix-huit... et moi tout juste vingt-trois. En 1996, à cinquante-trois ans, l'ex-jeune député allait donc devenir le 5ème président islandais, depuis l'indépendance acquise en 1944. Dans l'intervalle, de 1980 à 1996, la fonction avait été remplie par Vigdis Finnbogadóttir... que j'avais rencontrée en 1971 (ci-dessous), lors du premier reportage.

Vigdis ayant elle-même succédé à Kristjan Eldjarn, interviewé en 1971 (ci-dessous) puis en 1979.

Sur cinq Présidents élus depuis l'indépendance (qui aura bientôt soixante-dix ans), trois interviewés en 40 ans : sans être, de loin, notre plus grand souvenir d'Islande, ce n'est pas banal. En réalité, nous n'avons réellement connu que Vigdis Finnbogadóttir (billet du 14 juin) et cette rencontre là, elle, fut précieuse et marquante. Et l'est encore.

Il y a beaucoup à dire sur l'Islande, l'île différente, le nouveau lieu de référence (et pas sans raisons) mais, pour ne pas se contenter du simplisme ou de lieux communs, il faut avoir du temps devant soi. Décidément !

Un de ces jours, c'est sûr, je vais revenir sur l’envoûtement, les questions et les réponse de cette île-passion. D'ici là, reste la possibilité de puiser dans le coffre aux trésors du « déjà publié ». Témoignages figés mais précieux. Dès maintenant, pour tout savoir, vous pouvez lire les chroniques islandaises de Michel Sallé (association France-Islande).

Avant - comme une récompense - d'approfondir le « dossier islande », il y a probablement beaucoup d'alertes à lancer sur des sujets essentiels, vitaux.

Ainsi le Crédit Mutuel va centraliser la fabrication de l'information pour les journaux, de plus en plus nombreux, dont il prend le contrôle (groupe de presse Elra, mise en œuvre dans trois mois). Plus globalement, la prise en main des médias français par les financiers, souvent cachés derrière les pseudo-banques coopératives, s'accélère. C'est gravissime.

Ainsi les Caisses d’Épargne continuent à se vendre sur France-Inter comme modèle de banques coopératives : c'est rigolo pour des coopératives toutes neuves construites « d'en haut » par les initiés... et à la gestion confisquée.

Ainsi, pour sauver les revenus, sauver l'emploi, il est proposé de fabriquer de plus en plus de voitures. C'est hallucinant. Monsieur décroissance, au secours ! Gourou Bon Sens, au pouvoir ! Pour dissiper les ténèbres (étymologie sanskrite). En Islande, aux limites du cercle polaire, après la nuit sans fin vient le jour permanent : est-ce un lien suffisant pour faire une chute ? Bof !

Et si on arrêtait tout, ce serait triste ? Dites, Monsieur Gébé, en quelle année sommes-nous ? 01 ou pas 01 ? Mince, une autre problématique, le raisonnement binaire.

A traiter un jour de pluie, avec beaucoup de temps !

Une vraie remarque finale. Olafur Ragnar Grimson fut un jeune député ambitieux, non conformiste, peut-être brouillon mais prêt à secouer le cocotier, avant d'être un président richement marié, ébloui par les prouesses des « nouveaux vikings », les banquiers fous. Il s'est fait plébisciter en se raccrochant aux casseroles des manifestants pour défendre le « droit à la différence ». Résistant de la dernière heure ? En tout cas, au bon moment. Savoir évoluer, c'est être sage, non ?

Il est vrai que ce président est le premier à venir de l'univers de la politique. A être un politicien. Avant lui, la fonction était restée d'abord honorifique, réservée à des hommes (et à une femme) issus du monde de la culture. A des intellectuels. Conclusion ? Pas de conclusion.

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