Avant de commencer, précisons que je n'écris pas pour faire la morale à qui que ce soit mais pour éclairer le débat. En voyant se multiplier les appels à l'abstention de mes amis mélenchonnistes, je me suis posé la question: à partir de quel niveau d'abstention arriverons-nous à 50/50 pour le 2e tour de la présidentielle ? J'ai donc mené un calcul simple à partir des résultats du 1er tour, en nombre de votants, et à partir des sondages de "report de voix" publiés par Opinionway.
Scénario noir et scénario rose
J'ai construit ensuite deux scénarios selon le taux d'abstention des uns et des autres. Ce qu'on peut craindre est que les électeurs FN seront très mobilisés car pour eux c'est une occasion historique de renverser la table, alors que les partisans d'En Marche seront moins motivés (la "front républicain" semble infiniment moins efficace en 2017 qu'en 2002, la posiiton de Mélenchon et de nombreux autres signaux en attestent clairement).
Dans le scénario rose avec 0% d'abstention (personne ne fait le pont du 8 mai), Macron recueille 16,7 millions de voix et Le Pen 11,8 millions, ce qui conduit à une victoire par 58,6% contre 41,4% des suffrages exprimés pour Macron.

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Dans le scénario noir j'ai supposé que 15% des Macronistes iraient à la pêche. J'ai de plus fait l'hypothèse que 5% des abstentionnistes du premier tour se "réveilleraient" pour voter EM et 15% des bstentionnistes du premier tour se mobiliseraient pour voter FN. On arrive alors à une victoire pour Le Pen avec 50,3% (13,4 millions de voix contre 13,2).

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Est-ce vraiement le plus probable ?
Il est impossible d'attribuer des probabilités au scénario noir et au cénario rose, et je ne prétends pas prédire l'avenir. Ce que je dis en revanche c'est que l'abstention différentielle (plus forte chez les macronistes que chez les lepénistes), combinée au "ni-ni" d'une partie de l'extrême gauche ("ni facho ni banquier") pourrait très bien conduire à une victoire surprise du Front National. Ce n'est pas de la politique-fiction c'est de l'arithmétique.
Les raisons suppleméntaires d'être inquiets sont nombreuses:
- Une contexte international tendu ou les nationalistes marquent des points (Trump, Brexit, Pologne, Hongrie)
- Marine Le Pen est un adversaire politique redoutable et très expérimenté qui peut marquer des points dans la campagne du 2e tour.
- Les slogans des partis d'extrême-gauche ou d'extrême-droite sont plus simples (car issus d'une vision simpliste) et donc plus facile à faire passer à la télévision: "la France aux Français", "les riches doivent payer". Défendre une réforme en profondeur du marché du travail et de l'assurance-chômage est plus ardu car le sujet est plus complexe et ne peut se réduire à quelques slogans accrocheurs.
- Quasiment tout les candidats ont concentré leurs attaques sur Emmanuel Macron pendant 6 mois ce qui laisse des traces et diminue l'impact des ralliements de second tour.
- Les sondages peuvent donner une image faussé à cause de l'abstentionnisme différentiel, comme je viens de le montrer
- Les attentats islamistes ne sont évidemment pas là pour améliorer l'amiance et nous inciter à être optimistes et ouverts sur le monde.
- Les Français ont horreur qu'on leur fasse la morale et peuvent avoir l'impression qu'on cherche à leur forcer la main avec le "front républicain"
Et le biais idéologique de l'auteur de ce billet ?
Afin d'éviter les éventuelles attaques sur mes convictions personnelles supposées, les voici en clair dans le texte. J'ai hésité entre Macron et Mélenchon, car j'aime bien le programme économique de Macron et j'aime bien les prises de positions en faveur des animaux et de l'écologie de Mélenchon. J'ai finalement choisi Macron au 1er tour car il me paraît à même de mener des réformes de structures (marché du travail, retraites, Europe, etc) dont le pays a besoin. En gardant l'espoir de faire évoluer le prochain gouvernement sur la sortie du nucléaire ou la cause animale notamment. Comme tous les citoyens j'essaie de trouver un candidat qui se rapproche de mes valeurs et de ce que je crois être bon pour le pays. En 2007 c'était Bayron en 2017 c'est Macron.
Que faire ?
Au 1er tour on vote selon son coeur, pour le candidat qu'on aime le plus. Au 2e tour on vote selon la raison, pour le candidat qu'on déteste le moins. Tout en respectant les convictions de chacun sur la France, l'Europe, l'économie, et le reste, voici mon conseil à ceux qui auront lu ce billet:
- Renseignez-vous sur les programmes, la presonnalité des candidats, leurs soutiens. Ils sont vraiment très différents. Ceux qui disent "Le Pen et Macron c'est pareil" sont mal informés ou bien de mauvaise foi. Entre Cédric Villani et Florian Philippot pour diriger le ministère de l'Education Nationale, pour ne donner qu'un seul exemple, mon choix est vite fait, personnellement !
- Votez et encouragez votre entourage à éviter l'abstention
- Ne croyez surtout pas que votre voix ne compte pas et que le deuxième tour est joué d'avance.