« La VI° République qu’on invoque souvent (sic), c’est en fait le retour à la IV° République sans les talents d’alors. Je dis donc: attention ! Ce débat sur la primaire, je le suis avec intérêt mais si c’est pour s’en prendre à la légitimité du Président et des institutions, alors je ne suis pas d’accord . » Le rapport entre la IV° République et les Primaires est pour le moins curieux. Il est vrai que M. Valls a toujours été plus que sceptique sur les « Primaires citoyennes ». Quand elles étaient en débat au sein du PS il disait, en avril 2011 sa crainte qu’ »elles se transforment en un grand apéro géant (sic) si les trois principaux principaux présidentiables (Aubry, Royal, Strauss-Kahn) ne concluent pas un accord avant ». On peut mesurer là sa confiance en la démocratie élective (et aux 3 millions de futurs participants aux Primaires). Dans le même temps, son représentant au «secrétariat à la rénovation » qui instruisait le dossier, Carlos Da Silva ne participait plus à ses réunions. Pour ce qui est de la V° République il avait essuyé un vrai camouflet au Bureau national du PS le 25 janvier 2011 quand son rapport commandé par Martine Aubry pour le Forum des idées sur les institutions (prévu pour le 2 février) n’avait même pas été soumis au vote, la majorité de cette instance ayant alors préféré rester fidèle au « Projet socialiste » de 2006 et au « Rapport Bel » de 2007 demandant un évolution «vers un régime parlementaire » (voir mon billet du 31 janvier 2011 sur ce blog). Néanmoins il fit, devant le Forum en question une apologie de la V° République. et des "responsabilités essentielles qui sont celles du chef de l’Etat et de son rapport au peuple » ce qu’il répète mot pour mot dans le JDD de ce 6 mars 2016.Qu’importe si aujourd'hui, 73% des sympathisants socialiste (IFOP avril 2015) et 54% de électeurs du chef en question au 1° tour de 2012 (Harris, février 2016) se déclarent contre une nouvelle candidature de sa part (et que 81% des sympathisants de gauche souhaitent que le PS organise des Primaires)?.
Il faut s’y résigner: Valls ne s’intéresse pas au débat des « experts » qui le dérangent et cela fait du monde: sur la question démocratique ( les institutions de la République en sont le centre) comme sur « les radicalisations et formes de violence » (objet d’un rapport de 70 pages qui vient d’être remis à la ministre de l’éducation nationale), les chercheurs en sciences sociales et politiques font avancer les analyses et solutions possibles. Ils témoignent de l’inanité, si ce n’est de la dangerosité obscurantiste d’un Premier ministre qui déclarait le 9 janvier 2015 (devant l’Hyper Cacher): « Il ne peut y avoir aucune explication qui vaille. Car expliquer, c’est déjà un peu excuser ». Emotion d’un moment ? Non; il s’obstine (au Sénat le 27 novembre 2015): « J’en ai assez de ceux qui cherchent en permanence des excuses ou des explications culturelles ou sociologiques à ce qui s’est passé ».Il y a une somme de réflexions sur les désastres du présidentialisme auquel nous a conduit la V° République dont le quinquennat de François Hollande est la dernière expression. Elles fécondent les perspectives d’une modernisation du régime ainsi que d’une réforme politique, à l’occasion des prochaines présidentielles. Des perspectives qui inquiètent celui qui ne sait que répéter qu’il « croit beaucoup aux institutions de la V° République » (le JDD). Manuel Valls, c’est décidément Ground zéro: celui qui n’a rien vu venir et reste cloué au sol où explose le système.