Ecrire cela au matin d'une raclée historique de la gauche révolutionnaire italienne peut apparaître comme singulièrement léger. Et pourtant, il y aurait beaucoup à dire sur l'affaiblissement doctrinal, politique et culturel de la gauche réformatrice italienne, son incapacité à s'opposer depuis dix ans au berlusconisme jusqu'à l'effacer de ses discours électoraux. Mais en France ?
Le spectacle est à l'unisson. Pour ceux qui douteraient encore de l'oligarchisation du PS, il faut s'intéresser aux aventures de Pierre Larrouturou. Ce rocardien est surtout connu pour être un talentueux défenseur de la semaine de 4 jours. Ce seul sujet aurait dû suffire à le distinguer comme un dangereux utopiste dont la direction socialiste aurait dû se méfier. Et pourtant, il devint "délégué national"à l'Europe après le congrès du Mans. Il crû alors que cette conquête d'une des 220 délégations généreusement distribuées par François Hollande allait lui permettre un travail sur fond et notamment sur l'Europe sociale. Belle illusion: pas de réunion ni de commission ni de convention thématique pourtant prévu par les statuts du PS. Vous trouverez le récit édifiant de l'efficace étouffement de cette belle énergie dans le dernier bouquin de Larrouturou: "Le livre noir du libéralisme" qui vient de paraître aux éditions du Rocher. Vous y découvrirez l'art consommé de la direction socialiste d'enterrer les quelques "grandes questions qui conditionnent l'avenir de notre société". Parmi celles-ci, l'auteur ne traite pas de la question institutionnelle bien qu'il ait cette jolie phrase:" Ce n'est pas en améliorant la monarchie qu'on a inventé la République" (p. 292). Sur ce sujet, force est de constater que tous ceux prétendent construire une alternative à la dite direction, observent un silence assourdissant: pas une seule mention dans le questionnaire de Ségolène Royal; et pas un seul texte paru à ce jour dans la panoplie des "reconstructeurs". Et malgré un siège quotidien de la rue Solférino, on oppose à Larrouturou le calendrier consensuel du congrès pour mieux enterrer la pétition qu'il a lancé sur son site "Nouvelle Gauche" (www.nouvellegauche.fr). Elle mérite donc qu'on s'y intéresse.