L’adoption à l’unanimité de ses listes européennes par le Parti socialiste est un premier pas de l’entreprise de rénovation engagée, il y a deux mois. Elle ouvre la voie à la tenue d’une Convention nationale d’ici la fin de l’année annoncée officiellement ce 21 mars par Martine Aubry.
C’est en effet lors de la réunion des secrétaires de section à la Mutualité le 1° février que la première secrétaire avait fixé deux principes simples qui devaient présider à la constitution des listes :: aucun candidat ne devait détenir une fonction exécutive locale ; tous les candidats s’engageraient à accomplir leur mandat européen jusqu’à son terme, donc à ne pas briguer durant ce temps un mandat les obligeant à abandonner ce dernier.
C’était à la fois une interdiction du cumul des mandats et la promotion du mandat européen en tant que tel. François Hollande avait dit la même chose lors du congrès de Dijon en mai 2003 ; sauf qu’il avait laissé grossièrement bafouer par quelques caciques ces belles promesses et notamment dans le Sud. Cette fois-ci les principes ont tenu bon.
Les complications survenues dans la confection des listes ont administré deux leçons : d’abord celle de l’absurdité de ce scrutin avec ses huit grandes régions totalement artificielles, le Centre étant sans doute la plus baroque. C’est Lionel Jospin qui défendit dès 1998 ce découpage (que Raffarin appliqua en 2002). Il s’agissait alors de préserver l’accès à la représentation européenne pour les Verts et le PCF, ce qu’un scrutin organisé dans les 22 Régions administratives aurait empêché. D’évidence, il valait mieux conserver le territoire national comme base pertinente, nonobstant les objections de Bruxelles.
Car ce scrutin est éminemment politique et c’est ensuite la deuxième leçon de cet épisode : le PS fonctionnait jusqu’ici comme une mosaïque de baronnies où les féodaux promeuvent leurs protégés indépendamment de la nature de l’élection. La défense de territoires fictifs est toujours propre à mobiliser le patriotisme local des militants du cru même si c’est pour mieux servir la construction de carrières qui leur échappe complètement. Cette pratique a été clairement battue par la base des socialistes n’en déplaise au maire de Lyon.
C’est donc le vieux parti qui a été condamné par les votes dans les sections les 12 mars et au Conseil national ce 21 mars. Et c’est une modeste première victoire du travail engagé par le secrétariat à la rénovation dont Arnaud Montebourg à la charge. J’ai exposé ici même l’ambition de cette équipe qui s’attelle maintenant à la définition de primaires ouvertes pour l’élection présidentielle dont une Convention nationale débattra dès cette année même. Mais c’est aussi l’organisation d’une Ecole de la diversité où seront formés des militants issus de l’immigration afin qu’ils puissent s’imposer eux-mêmes comme des candidats crédibles dans toutes les élections. Ceci aboutira à des changements en profondeur dans le droit-fil de ce qui a été obtenu aujourd’hui.
Le processus est bel et bien engagé. Pour que nul n’en ignore une Lettre quinzomadaire de La Rénovation est publiée désormais sur le site officiel du Parti socialiste. On peut la lire en allant sur : http://renovation.parti-socialiste.fr/. C’est aussi un de mes premiers pas dans l’univers réputé impitoyable de la rue Solférino.