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Professeur Emérite à l'Université de Montpellier. Doyen honoraire de la Faculté de Droit. Président de la Convention pour la 6° République (C6R).

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Billet de blog 25 juin 2014

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J'ai posté cette semaine mon 134° billet de mon Blog "Une autre République est possible", rendant compte de la réunion de la gauche qui s'est tenue à Bellerive-sur-Allier le dernier week-end. J'ai "débuté" le 17 mars 2008 et Le Club portait bien alors son nom: un espace de liberté et d'échanges contradictoires souvent vifs et productifs.

Avec le temps, cette qualité s'est érodée et aujourd'hui disparait. Le Club est colonisé par une quinzaine de "contributeurs" qui se défoulent et se déchainent  sans considération aucune pour le dialogue ni la critique. Les auteurs comme les lecteurs désertent donc le domaine des "Réactions" tant celui-ci leur apparait comme stérile. Mais c'est le Club, une conquête sans doute de l'interactivité, rarissime dans le reste de la presse même en ligne.

Mais voilà que ces sérieux travers passent dans le journal: depuis hier, figure en une de Mediapart un article de Philippe Riès intitulé "Alstom: quand Montebourg fait du Sakozy en pire". Il développe un point de vue selon lequel Alstom serait bel et bien démantelé; mais aussi une charge contre le "mythe français de la production industrielle" qui ne serait qu'une reprise du "mythe du MITI japonais cher à Claude Allègre et à l'origine totalitaire depuis l'invasion de la Mandchourie". Pour rester dan un cadre raisonnable disons que cet argumentaire court les gazettes à sympathies néo-libérales. Il apparait même juste que Mediapart publie un "Parti pris" à côté de l'"Analyse" de Martine Orange sur le même sujet mais avec un raisonnement bien différent.

Ce qui pourtant n'est pas admissible, c'est la reproduction à l'identique des défoulements ad hominem qui sont devenus le "style" du Club. Ainsi Montebourg est-il traité par P. Riès de "Tartarin de Saône-et-Loire", de familier "des plateaux de télévision où se déroule l'essentiel de son activité, de "matamore de Prisunic" (emprunt à Alain Madelin), de "sapeur-camenbert" et j'en passe en signalant quand même la profondeur d'un diagnostic qui annonce d'ores et déjà que "les administrateurs nommés par Montebourg dans les conseils d'administration ne feront rien, zéro, nada" (merci pour la traduction multilingue).

Pour éviter à ceux qui s'apprêtent à partir à l'assaut de ce billet de perdre trop de temps, je précise que je travaille avec Montebourg depuis longtemps, qu'il incarne pour moi une démarche volontariste et réformiste devenue rarissime dans le sérail politique, qu'il a mené des combats qui reste d'une brûlante actualité (depuis le blanchiment de l'argent sale jusqu'à la 6° République), qu'il a d'indéniables défauts que je connais très bien (notamment celui de ne pas s'intéresser assez à la vie du Parti socialiste après avoir contribué à le rénover pendant cinq ans).

Ce ne sont donc pas les propos jugeant son action politique qui me choquent mais la légitimation de l'injure et du mépris comme style d'un "pure player"; autrement dit d'un journal en ligne où les tares internautiques (la grossièreté corrélée à l'anonymat) donnent le ton des jorunalistes eux-mêmes. Est-ce celui vers lequel Mediapart veut aller ?

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