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Syndicaliste, Paul Devin a été inspecteur de l'Education nationale et secrétaire général du SNPI-FSU. Il est actuellement le président de l'Institut de Recherches de la FSU

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Billet de blog 1 juillet 2023

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La faute à l’éducation ?

Face à la présence de nombreux adolescents dans les émeutes en cours, la question de la responsabilité éducative est exprimée ici ou là dans les réseaux sociaux ou les médias.

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Face à la présence de nombreux adolescents dans les émeutes en cours, la question de la responsabilité éducative est exprimée ici ou là dans les réseaux sociaux ou les médias.
A cette heure, c’est, pour l’essentiel, la responsabilité des parents qui est fustigée au point que la ministre de la Justice, citant le Président de la République, déclare que « ce n’est pas l’État qui éduque les enfants mais les parents ! », niant, par une telle affirmation, le projet républicain qui depuis la Révolution française tente de construire une éducation nationale pour en faire la matrice des valeurs démocratiques, niant le principe de la responsabilité de l’État dans ce que la loi considère comme « la première priorité nationale ».
Le tour des enseignants viendra sans doute et déjà quelques commentaires politiques ou médiatiques croient pouvoir lire dans la violence des faits, le témoignage d’une école qui a failli. C’est vrai qu’au constat d’une révolte qui cible des équipements publics, des écoles , des centres de soins, des services administratifs, on doit admettre que l’école n’a pas réussi à remplir son rôle fondamental de transmission d’une capacité de jugement raisonné permettant l’exercice de la citoyenneté.

Mais qui en est responsable ?
Voilà des années que nous ne cessons de dire que l’école ne dispose plus des moyens humains et financiers nécessaires à son ambition. Face à cela, les politiques successives n’ont cessé de détruire le service public et réduire ses possibilités d’agir.
Voilà des années que nous exprimons notre grande inquiétude des conséquences de la crise d’attractivité pour les métiers de l’enseignement et de ses effets désastreux pour l’avenir. Face à cela, le gouvernement fabrique un leurre de revalorisation qui sera bien incapable d’infléchir la crise.
Voilà des années que les enquêtes internationales disent que notre école française est la plus inégalitaire de toutes. Face à cela les ministres se contentent de communiquer sur les prétendus effets positifs de leurs réformes successives qui ne cessent de déstabiliser le système sans lui permettre aucun progrès égalitaire.
Voilà des années que nous expliquons que le manque d’exigences en matière de mixité fabrique des ghettos scolaires qui enferment les élèves dans leurs échecs et les poussent au renoncement. Face à cela, on argue de la liberté de choix pour laisser se renforcer les clivages.
Voilà des années que nous disons les effets délétères des discriminations policières, des discriminations à l’emploi et au logement et des manifestations racistes dont la jeunesse des quartiers populaires est l’objet. Face à cela on nous tient un discours de négation de la réalité, faisant croire que nous serions guidés par de coupables compromissions.

Et nous disons aujourd’hui que la réforme du lycée professionnelle exclura davantage encore les jeunes des milieux populaires les plus en difficulté. Face à cela, la politique gouvernementale ne cesse de promettre des égalités dont elle sait pourtant qu’elles ne viendront pas.  

Il n’y a pas le choix : l’avenir de la jeunesse dépend de l’effort collectif qu’on lui accordera pour lui permettre de nourrir les espoirs d’une vie digne, libre et émancipée. A moins que les politiques en œuvre continuent à faire perdurer l’injustice, l’inégalité et le désespoir. Mais il sera trop tard pour se soustraire à la responsabilité du monde qui en sera la conséquence.    

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