Les évaluations TIMSS viennent d’être publiées : les promesses ministérielles de Jean-Michel Blanquer annonçant que ses réformes allaient permettre d’améliorer les résultats n’ont guère porté leurs fruits. On le savait déjà pour sa réforme du lycée qui avait accru les inégalités entre filles et garçons quant au choix des études scientifiques. On le sait maintenant pour les élèves de CM2 qui ont fait leur scolarité sous le ministère Blanquer et qui n’ont fait aucun progrès depuis les précédentes évaluations TIMSS.
Et il ne s’agit pas seulement des résultats en tant que tels mais des inégalités profondes qui perdurent tant sur le plan de l’origine sociale que du genre. Les différences entre filles et garçons se sont même accentuées, au CM2 comme en 4ème, ainsi que la part des élèves ayant les plus faibles résultats.
Les réformes Blanquer ont échoué !
Bien sûr on pourra toujours expliquer que c’est parce que les enseignants ne les ont pas mis en œuvre correctement … mais la question reste celle de réformes construites sur les convictions particulières d’un ministre et par l’impositions injonctive et non sur un travail de transformation progressive associant les acteurs.
Trois éléments y font essentiellement obstacle pour que ces réformes puissent conduire à une amélioration qualitative du service public d’éducation.
Le premier est lié à une volonté de réformer au rythme des alternances ministérielles. Certaines réformes ne sont pas encore totalement mises en œuvre qu’il faut déjà passer à la suivante. Et tout cela se mêle de lubies ponctuelles qui sont au cœur des discours institutionnels, le temps d’être oubliées pour passer à la suivante.
Le second est lié au management de ces réformes qui ne s’appuie pas sur l’engagement d’une réflexion professionnelle capable d’interroger les faiblesses du système mais sur des prescriptions d’organisation ou de méthodes que les enseignant·es sont sommés d’appliquer. Et c’est ainsi que la formation est trop souvent conçue, non plus pour développer les compétences professionnelles permettant d’améliorer les situations didactiques proposées mais pour s’assurer de la docilité des enseignant·es pour mettre en œuvre des réformes.
Le troisième est de considérer qu’on pourrait améliorer le système sans un investissement budgétaire conséquent. C’est une imposture… Comment des prescriptions méthodologiques pourraient venir à bout des insuffisances notoires qui font que les horaires réels d’enseignement sont à la merci des insuffisances de personnels, que la formation initiale et continue est exsangue et que le développement du recrutement contractuel fragilise le niveau des compétences enseignantes et leur engagement professionnel.
Il n’y aura pas d’amélioration du système éducatif sans un investissement budgétaire massif. La réussite des élèves ne s’améliorera pas par le recours à une méthode miracle dont l’exercice serait imposé. Elle demande des enseignants experts de la lutte contre les difficultés d’apprentissage donc des conditions de rémunération permettant de mettre un terme à la crise d’attractivité. Elle demande des conditions d’apprentissage favorables notamment du point de vue de la taille des effectifs des classes et des moyens d’engager une formation centrée sur la recherche pédagogique et didactique pour permettre aux enseignants d’être des experts, concepteurs de leurs enseignements.
Tant que cette volonté d’investissement ne sera pas réelle, les réformes ne produiront que des désorganisations, des illusions et des pertes de sens.