Paul DEVIN
Syndicaliste, Paul Devin a été inspecteur de l'Education nationale et secrétaire général du SNPI-FSU. Il est actuellement le président de l'Institut de Recherches de la FSU
Abonné·e de Mediapart

182 Billets

0 Édition

Billet de blog 19 octobre 2022

Paul DEVIN
Syndicaliste, Paul Devin a été inspecteur de l'Education nationale et secrétaire général du SNPI-FSU. Il est actuellement le président de l'Institut de Recherches de la FSU
Abonné·e de Mediapart

Les conséquences gravissimes du néo-management sur le service public d'éducation

Les stratégies néomanagériales ne cessent de dégrader le service public d'éducation. Une récente enquête en témoigne à nouveau

Paul DEVIN
Syndicaliste, Paul Devin a été inspecteur de l'Education nationale et secrétaire général du SNPI-FSU. Il est actuellement le président de l'Institut de Recherches de la FSU
Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Éric Debarbieux et Benjamin Moignard viennent de publier l’enquête sur le climat scolaire en collège et lycée qu’ils ont réalisé pour l’Autonome de Solidarité Laïque[1].
S’il fallait la résumer d’un mot : la défiance.

Désormais, ce sont plus de la moitié des personnels qui se disent insatisfaits du climat scolaire, chiffre en forte progression depuis l’enquête de 2013. Et plus encore en lycée professionnel et en collège. Mais cette dégradation n’est pas due à la détérioration de la relation avec les élèves, l’augmentation de leur violence ou la perte du respect. Si les violences existent, elles restent rares.
L’essentiel de la dégradation du climat est attribuée à la détérioration des relations entre adultes : manque de respect par la hiérarchie, contraintes à mettre en œuvre des réformes, conflits au sein des équipes, sentiment de harcèlement par un autre adulte. Le tout dans une perte de sens généralisée et d’un fort sentiment de déclassement et de maltraitance politico-institutionnelle.

La leçon est claire : les dérives néomanagériales continuent à mettre gravement à mal le système scolaire. La multiplication de réformes technocrates, le renforcement des stratégies autoritaristes, la multiplication des charges de travail, la mise en concurrence des personnels, … tout converge à la dégradation du climat de travail. Et les questions complexes auxquelles les enseignants sont confrontés sont elles aussi dégradées par ce climat. Par exemple, les craintes des enseignants au sujet de la laïcité se fondent davantage sur la perception négative qu’ils ont de l’école que sur la réalité objective des comportements des élèves.

 Il y a longtemps désormais que les discours de nombreux chercheurs convergent avec ceux de bien des syndicalistes sur un constat : les politiques néomanagériales qui sont à l’œuvre produisent une dégradation gravissime de l’école et des conditions de travail de ses personnels. Ces politiques sont portées par le cynisme de volontés ultralibérales de marchandisation et de privatisation qui semblent prêtes à aller loin en matière de destruction des services publics : multiplication des démissions, crise de recrutement, augmentation des risques psychosociaux …
Hélas, rien ne semble pour l’instant nous permettre d’espérer que le gouvernement actuel fasse le choix d’une autre politique.  

[1] Éric DEBARBIEUX, Benjamin MOIGNARD, A l’école de la défiance, ASL, octobre 2022

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Bienvenue dans Le Club de Mediapart

Tout·e abonné·e à Mediapart dispose d’un blog et peut exercer sa liberté d’expression dans le respect de notre charte de participation.

Les textes ne sont ni validés, ni modérés en amont de leur publication.

Voir notre charte