S’il y a un commentaire médiatique quasi unanime sur Gabriel Attal, c’est pour lui reconnaître son habileté de communiquant. Mais une telle louange pourrait lui conférer un avantage : laisser croire qu’il n’y a pas péril en la demeure puisqu’en fait tout cela n’est que stratégie de communication. D’ailleurs, pour preuve, sa méconnaissance des sujets qui lui fait affirmer que le redoublement et les classes de niveaux pourraient contribuer à réduire les inégalités alors qu’une lecture, même superficielle, des recherches sur le sujet suffit à convaincre rapidement de l’inverse.
Mais l’hypothèse d’une stratégie de communication où Gabriel Attal instrumentalise l’éducation pour lui permettre de se construire une stature présidentielle, n’écarte en rien une volonté politique de transformation radicale des finalités du système éducatif.
Les années 70 avaient initié une politique éducative essentiellement guidée par les nécessités du marché. A l’époque les besoins d’emploi convergeaient avec une massification de l’accès aux études secondaires et une forte élévation du niveau de diplomation. Tout cela permettait de légitimer les choix au nom de « l’égalité des chances ».
Les besoins économiques actuels sont autres et les exigences du capital ne veulent plus de travailleurs mieux qualifiés mais des travailleurs davantage flexibles. L’essentiel n’est plus la compétence d’un métier mais l’acceptation de la précarité.
On voit bien comment la réforme du lycée professionnel a été la première étape d’une accélération d’une telle évolution. La seconde est engagée aujourd’hui pour le collège : le redoublement, les classes de niveau, l’examen d’entrée au lycée, une orientation plus précoce … tout cela procède de la même volonté de réduire l’ambition scolaire pour permettre un asservissement plus efficace de l’éducation aux besoins du marché.
Pour y parvenir, Gabriel Attal a choisi une stratégie qui n’est pas nouvelle et qui caractérise les politiques scolaires néolibérales : tenir un discours de réussite scolaire tout en agissant pour renforcer les ségrégations, les tris sociaux et les inégalités. Et pour ce faire, y convoque toutes les représentations de discours commun, alimentées du fantasme nostalgique d’une école idéale et de ses aspirations réactionnaires.
Il le fait avec une telle évidence du propos qu’il suscite bien des adhésions.
Certains appelleront cela « habileté communicationnelle »… mais à bien examiner les enjeux réels, c’est avant tout le cynisme de la volonté de maintenir les dominations sociales et économiques et le mépris que cela se fasse aux dépens des enfants des classes populaires.