31 mars 2013 22H56m03s Jean-Michel C. roule à tombeau ouvert sur la D650. Jean-Michel C. s’appelle ainsi pour des raisons obscures qui seraient trop longues à expliquer ici. Jean-Michel C. est un homme pressé qui n’a pas que ça à foutre. L’aiguille du compteur atteint 133 km/h. Jean-Michel C. est ingénieur en génie nucléaire à la Hague. Il est blond, mesure 1 mètre 83 et pèse 88 kilos. Il est responsable de l’exploitation du réacteur Flamanville 1. À cet instant précis, il pense à la pompe qui sert à refroidir les réacteurs en cas de défaillance du système de refroidissement.
22H57mO7s Jean-Michel C. pense à nouveau à la pompe. Dans sa profession, il est important de pomper. Il faut observer l’univers, trouver une étendue d’eau quelconque et vlan, actionner la pompe. La machine tourne, les réacteurs refroidissent, l’humanité est sauvée. Pomper, c’est sa passion. Il aurait pu être journaliste scientifique, n’empêche.
22H57min10s (Attention, ceci est une fiction ! Surtout, restez calme!)
NUT NUT ! ALERTE, CECI EST UNE FICTION ! JE RÉPÈTE : CECI EST UNE FICTION ! NUT NUT !
22H58m45s Soudain, alors qu’il approche de Surtainville, sa voiture fait une embardée. Il pense d’abord à une crevaison avant de constater avec frayeur qu’il s’agit d’un raz de marée. La mer vient d’envahir dunes et vergers et submerge la départementale. Sa voiture ne roule plus, elle flotte. Qu’à cela ne tienne ! Jean-Mi ouvre la fenêtre et se met à ramer consciencieusement d’une main tandis que, de l’autre, il tient le volant.
-Bon sang, un tsunami! s’exclame-t-il, ça commence à ressembler à Fukushima !
D’autres que Jean-Michel C. pourraient se décourager mais lui, non. Malgré les remous et les courants violents, il sait qu’il pourra atteindre la centrale de La Hague où on l’attend sans doute avec impatience.
Jean-Michel C. est heureux. Il va pouvoir pomper un bon coup. Depuis le temps qu’il en rêvait!
- Je vais pomper euh ! Je vais pomper euh ! chantonne-t-il, guilleret.
(à suivre)