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Je me minotaurise à vue d’œil. Aujourd’hui, mon nez s’est gonflé jusqu’à devenir un mufle rosâtre. Les oreilles taillées en pointe ne manquent pas de charme. Les cornes sont plus grossières. Je vais essayer de les obscurcir au cirage. Il m'est toutefois difficile de venir au vernissage...

Tu râles.Tu es déçue. Tu espérais me présenter des gens importants. On ne peut jamais compter sur toi! Pauvre type ! Tu répètes ces deux mots assassins. Puis tu vas te changer en vitesse dans la chambre. Ton soutif, ta jupe et ta culotte sur le sol. La bonne les ramassera demain à l’aube. Tu appelles un taxi. Tu te tires.

Je t’imagine furieuse sur la banquette arrière. Je tourne en rond dans l’appartement. Je me coule un bain brûlant. Je me sens un peu déprimé et rumine tes dernières paroles avec amertume. L’immersion dans l’eau chaude me soulage de la solitude. J’examine le reste de mon corps. Rien n’a bougé en dehors des doigts de pied. Soudés les uns aux autres, ils forment désormais un sabot épais. Avoir une tête animale ne me déplaît pas. Je me sens d’une force exceptionnelle. J’encorne le shampoing sans le vouloir. Un liquide jaunâtre se mêle à la cascade du robinet. Et je me perds peu à peu dans le labyrinthe de mes pensées.