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Billet de blog 25 mai 2012

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L'Isolation du plafond

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

    À l’origine, lorsque j’ai entrepris l’isolation du plafond, certains objectifs me paraissaient évidents. Nous allions nous protéger du froid extérieur et faire des économies de chauffage. Je me suis longuement documenté sur le sujet. Il ne s’agissait pas de choisir  un isolant nocif mais plutôt une substance naturelle qui n’agresse personne. J’ai parcouru de multiples forums sur la question. Wi2008 de brico.fr a brièvement résumé les avantages et les inconvénients de la cellulose. Sur le site du BHV, je suis tombé sur un fervent partisan du liège qui a fini par me convaincre. Ce matériau possède de nombreuses vertus pourvu qu’on évite l’utilisation d’une colle Néoprène éminemment toxique. Je me suis donc résolu à fixer des panneaux de liège à 19,90 € avec des clous à tête plate. Un ingénieux système d’armature me permettait ensuite de les camoufler avec des plaques de placo. J’ai travaillé d’arrache-pied plusieurs week-ends d’affilé. J’allumais la radio, montais sur l’escabeau et fixais les dalles. C’était du bon travail. J’imaginais la chaleur bienfaitrice en forme de volutes qui butait contre mon installation et restait prisonnière des chambres. L’image me remplissait de fierté. J’avais le sentiment de protéger ma famille des vapeurs malsaines du monde industriel. Il était tellement évident qu’on cherchait à nous empoisonner au nom du sacro-saint profit. L’humanité devait lutter contre ce principe morbide qui voulait l’anéantir.  Cette certitude d'être dans le droit chemin a duré une bonne partie de l’été. Accompagnée d’une boisson fraîche fortement alcoolisée, elle déteignait et transformait la campagne défigurée par le béton en un univers magique peuplé de lutins et de fées. Pour un peu, on se serait perdu dans le petit bois, à côté du parking du centre commercial. 

    Malheureusement, durant l’hiver, l’isolation a révélé ses limites. Tout le monde sait qu’un intérieur étanche ne suffit pas et qu’il faut d’abord penser à la circulation de l’air. Autrement, de la condensation se forme aux fenêtres et sur les murs, les peintures bavent, les tapisseries se décollent et tout se décompose. La famille n’a formulé aucun reproche. Je sentais clairement que j’avais merdé.  La solution aurait consisté à poser immédiatement une VMC qui aurait amélioré l’aération de l’appartement mais cela impliquait des frais supplémentaires auxquels nous étions incapables de faire face. J’avais déjà beaucoup emprunté pour le liège, un matériau assez onéreux comme chacun sait. Il fallait se résigner. On tiendrait comme ça, un hiver ou deux et puis, on finirait bien par mettre en place cette fameuse VMC dont je n’avais pas voulu parce que je me méfiais des artisans. J’essayais de parler du problème à mes amis: « Je ne suis pas architecte.  Je ne sais pas bien isoler les plafonds malgré tous mes efforts. J’aurais tellement aimé réussir ça dans ma vie !»

    Ce constat amer me faisait souffrir affreusement. C’était une époque difficile. On ne parlait qu’ameublement et logement, tapisserie et rénovation des combles. Tous les week-ends, les Ikea étaient pris d’assaut par une foule endiablée qui ne rêvait qu’intérieurs coquets et ambiances éclairées. J’aurais voulu participer à cette frénésie consumériste mais la décomposition avançait sournoisement, jour après jour. C’était d’abord des auréoles sur les murs puis des taches d’humidité qui s’épanouissaient au plafond. D’infâmes gouttelettes tombaient sur l’oreiller et nous réveillaient dans le petit matin gris. L’air stagnait,  les enfants toussaient. Je signais bien souvent des mots d’excuse pour l’école parce qu’ils étaient malades.

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