En savoir plus "médecine générale courage, fuyons!
En 2007, il y avait 93820 généralistes en activité, dont 56773 à exercice libéral exclusif, 6248 à exercice mixte, 29578 salariés selon l’Atlas annuel de l’ordre.
En janvier 2011, la France comptait 93394 médecins généralistes en activité selon le dernier Atlas. Parmi eux, 55136 avaient un exercice libéral exclusif, 6604 avaient une activité mixte (salariée et libérale), 31568 avaient une activité salariée exclusive.
Même si le nombre global est encore stable, un transfert vers les postes salariés se dessine.
Il y a certes des salariés en centre de santé qui exercent la médecine générale de premier recours. Leur nombre est faible en France et rien ne laisse penser qu’ils sont plus nombreux qu’en 2007.
La CARMF (Caisse Autonome de Retraites des Médecins Français), dans une projection (1), a estimé le nombre de généralistes en 2025 à 51312 pour un effectif en 2006 de 68319 soit environ 17000 de moins.
Ces chiffres intègrent les médecins à mode d'exercice particulier (MEP - homéopathes, acupuncteurs, nutritionnistes, médecine esthétique…) qui sont environ 20 % des "généralistes" libéraux à ce jour. La projection de la CARMF ne renseigne pas sur le pourcentage de ces médecins en 2025.
Sur la base stable de 20 % de médecins à mode d’exercice particulier, les effectifs des généralistes de premier recours chuteraient de 54655 à 41049 généralistes en 2025 soit une baisse de plus 13500, 25 % !
L'Observatoire National de la Démographie des Professions de Santé estime pour sa part la décroissance des généralistes à -10 %.
Étonnamment, il s'agit de la comptabilisation de diplômes et non de l'exercice de la médecine générale de premier recours alors que l’un des problèmes majeurs est la perte des effectifs entre diplôme et installation.
Certes, l’ONPS considère qu’il faut « …aussi rappeler que l’augmentation des diplômés de médecine générale ne garantit pas la disponibilité en généralistes de premier recours du fait des spécialisations qui permettent à ces diplômés d’exercer un autre métier. L’attrait pour l’exercice de la médecine générale de premier recours dépend au moins autant d’une juste perception de ses missions que du nombre de postes affectés à cette spécialité. »
On remerciera l’ONDPS de cette grande lucidité mais, dans les faits, les pouvoirs publics s’appuient cependant sur ce chiffre de -10 % pour minorer les problèmes spécifiques à la démographie des généralistes.
Il est pourtant clair qu’un cardiologue ou un radiologue a une activité de cardiologue ou de radiologique qu’il soit salarié ou libéral. La réalité est tout autre pour la médecine générale « à la française » où devenir salarié veut globalement dire ne plus faire de médecine générale.
Le syndicat MG France a pour sa part une estimation beaucoup plus pessimiste de l'évolution de la démographie.
Selon ses chiffres, il n'y aura plus en 2025 que 31000 généralistes (contre 54000 actuellement). La différence avec les chiffres de la CARMF est assez notable sauf si on estime que la crise va frapper plus les généralistes de premier recours que les médecins à exercice particulier voire que la crise pourrait entrainer un afflux vers ces modes d’exercice particulier.
Selon une projection personnelle à 10 et 15 ans (dont les données sont concordantes avec les projections de la CARMF, à savoir 41000 généralistes en 2025), le nombre généralistes en activité en 2020 et 2025 sera différent selon l'attractivité (2) du métier. Les études actuelles trouvent une attractivité à moins de45 %.
Compte-tenu d'un nombre de généralistes en 2010 d’environ 55 000, des départs prévisibles à la retraite, si 45 % des internes de médecine générale s’installent, il y aura 5000 généralistes de moins en 2015, 12 000 de moins en 2020, 17000 de moins en 2025 soit 37 000 contre 55 000 environ à ce jour.
(1) La Lettre de la CARMF – n° 29 – juin 2007
(2) L’attractivité est ici le pourcentage d’internes de médecine générale qui feront de la médecine générale de premiers recours.