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Billet de blog 21 avril 2012

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Le dr. Pelloux se dévoile

Médecine générale   courage, fuyonsLes généralistes sont très régulièrement accusés d'être à l'origine de l'encombrement des urgences hospitalières par leur "carence".Dans les faits, ces urgences souffrent d'un triple problème:Le premier problème tient à la gestion des lits d’aval. Les urgences sont d’abord « encombrées » par la difficulté vieille comme les urgences de trouver un lit dans les services. Certes, il y a eu une politique de réduction des lits, mais le taux d’occupation des lits hospitaliers n’est pas un des plus hauts d’Europe. J’ai d’ailleurs connu cette situation comme interne dans les années quatre-vingt. Le cloisonnement des services reste un mal français qui explique grandement cette situation.

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Médecine générale   courage, fuyons

Les généralistes sont très régulièrement accusés d'être à l'origine de l'encombrement des urgences hospitalières par leur "carence".

Dans les faits, ces urgences souffrent d'un triple problème:

  • Le premier problème tient à la gestion des lits d’aval. Les urgences sont d’abord « encombrées » par la difficulté vieille comme les urgences de trouver un lit dans les services. Certes, il y a eu une politique de réduction des lits, mais le taux d’occupation des lits hospitaliers n’est pas un des plus hauts d’Europe. J’ai d’ailleurs connu cette situation comme interne dans les années quatre-vingt. Le cloisonnement des services reste un mal français qui explique grandement cette situation.
  • Le second problème est passage trop systématique des patients hospitalisés par les services d’urgences. Tous les généralistes savent que, sauf exception, un contact avec un service hospitalier pour programmer une entrée directe se finit par le passage rituel aux urgences. Faut-il croire que les brancards dans les urgences font partie des traditions inaliénables même pour les personnes âgées en fin de vie ?
  • Dernier élément, mais bien sûr non des moindres, les responsables des urgences eux-mêmes ne cachent pas leur désir de développer leur secteur en acceptant toutes les personnes qui s’y présentent même pour des pathologies bénignes. Certains d’entre eux souhaitent que les urgences deviennent le lieu des consultations non programmées.

 Le Dr Pelloux, dit le chevalier blanc, dans une analyse des positions du front national, livre en fait un des problèmes de fond, le refus de nombre d'urgentistes de mettre des freins à l'accès aux urgences:

"Quant aux urgences « meilleure organisation du système de soins, et notamment du système d’urgences trop souvent embouteillé par des cas très bénins, sera recherchée pour écarter les abus et les dérives d’un système mal géré ». Je ne sais pas ce qu’est un cas très bénin car même la bêtise est grave dans certains cas. Leurs idées sont irréalistes sauf à mettre une compagnie de CRS devant chaque service d’urgence pour refouler les malades ; mais gare au scandale le jour où le « cas bénin » sera retrouvé mort après avoir été refoulé des urgences ! Par définition on sait si un malade est urgent après un examen. La charge de la mission d’intérêt général est une sécurité faite de la veille et l’anticipation. Le Front national devrait aussi empêcher les gens d’appeler inutilement la police, les pompiers, les plombiers, les électriciens…"

Un urgentiste qui ne sait pas ce qu'est un cas bénin, ça fait froid dans le dos. Il faudra donc une compagnie de CRS pour l'aider à les repérer, diantre.

Il ne sait sans doute pas que dans les locaux de l'hôpital, des médecins, urgentistes et généralistes, font la part des choses au téléphone, en réponse au 15, pour savoir quelle est l'intervention appropriée. Ça s'appelle la régulation médicale. Point de compagnie de CRS, de la compétence suffit. Dans certains pays, cette régulation est faite par des personnels dédiés et non des médecins. Dans les cabinet médicaux, elle est faite par la secrétaire qui doit "sentir" quand une visite est plus urgente. 

La régulation médicale est partout et tout le temps, même dans des services d’urgences qui collaborent avec des maisons médicales de garde, pas dans la vision manichéenne du dr. Pelloux.

Par ailleurs, la police ne rigole pas trop avec les appels injustifiés, les pompiers font payer maintenant une partie de leurs prestations et je ne parle par des plombiers et électriciens. On y réfléchit en général à deux fois avant d'appeler un plombier la nuit.

J'écris dans mon livre: "Certains urgentistes comme le très médiatique Patrick Pelloux jouent sur plusieurs tableaux : augmentation volontaire de la charge de travail des urgences par refus d’une régulation en amont, appels médiatiques lors des engorgements qui en résultent, dénigrement des généralistes pour obtenir des fonds et une reconnaissance des urgences comme une spécialité à part entière."

Je le remercie donc d'illustrer mon propos. Encore n'a-t-il enlevé que le haut.

En fait le problème est là. Tout comme la grenouille qui voulait être plus grosse que le bœuf, les services d'urgences sont surtout victimes d'un défaut de réflexion et elles explosent. Il s'agit de politiques délibérées d'extension de territoire dans le contexte concurrentiel intra-hospitalier.

Je ne reviendrai pas dans son papier sur ce qui concerne la pénurie de généralistes, allez prendre un café au café du commerce, ce sera plus intéressant.


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