Paul Machto (avatar)

Paul Machto

Psychanalyste - Psychiatre

Abonné·e de Mediapart

19 Billets

4 Éditions

Billet de blog 20 novembre 2024

Paul Machto (avatar)

Paul Machto

Psychanalyste - Psychiatre

Abonné·e de Mediapart

No other land, les effets d'un film

Film indispensable, objet rare. La sauvagerie d'une armée d'occupation, prétendument dite "à l'éthique irréprochable"... Drôle d'éthique, inversion du sens même des mots. Des bulldozers contre des cris, des pleurs, d'enfants, de femmes et d'hommes, villageois sans arme, pas d'autre arme qu'une caméra d'un journaliste qui filme année après année les destructions de maisons, d'école...

Paul Machto (avatar)

Paul Machto

Psychanalyste - Psychiatre

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

No other land

Il faut aller voir ce film.

Film long métrage de Basel Adra, Yuval Abraham, Rachel Szor, et Ramdan Ballal. Il a été récompensé par obtenu le prix du documentaire du jury et le prix du public dans sa section Panorama lors de la 74ème édition de l’Internationale FilmSpiele de Berlin, la Berlinale.

Celles et ceux qui ne veulent pas savoir,

Celles et ceux qui diront dans des années « on ne savait pas »,

Celles et ceux qui se retranchent derrière des vérités alternatives, derrière un négationnisme et se maintiennent dans l’aveuglement,

Ceux-là doivent aller le voir… s’ils en ont le courage.

On en sort bouleversé, et révolté.

Je suis sorti de cette séance vendredi 15 novembre 2024 bouleversé, et  révolté.

Dans la présentation du film une accroche illustre parfaitement l’effet de cette projection : « Ce film nous permettrait de dire des choses et d’atteindre une vérité émotionnelle que nous sommes incapables s’atteindre en tant que journalistes ».

Lorsque les lumières se sont rallumées, un silence grave a empli la salle.

Les spectateurs de cette salle d’une centaine de places, pleine à plus des trois-quarts pourtant en une fin d’après-midi de semaine, se levèrent sans un mot. Sans parole. Sans échange. Un silence enveloppant. Les gens sortirent lentement, la tête enfoncée dans les épaules, comme assommée, pour encaisser le choc.

Il fallut être dehors, pour pouvoir parler, échanger, mettre des mots sur ce que nous avions vu.

Nous sommes témoins de la sauvagerie destructrice de l’armée israélienne. De l’inhumanité à l’oeuvre. De la violence meurtrière des militaires, des colons fanatiques protégés, soutenus, par cette armée. Année après année, l’armée revient avec ses bulldozers pour détruire les maisons, les écoles de ce village, Masafer Yatta, que les palestiniens reconstruisent sans cesse. Cette armée repousse femmes et enfants, paysans désarmés, qui sont parfois abattus à bout portant, parfois incarcérés de façon arbitraire. C'est le cri d'une femme qui donne son titre au film : " (nous n'avons) No other land" !

Nous assistons à ce que sont la vérité et la rage destructrice d’une armée d’occupation. Quelques soient les époques, les nationalités d’une armée d’occupation, d’une armée coloniale, qu’elle soit américaine, allemande, française, russe, soudanaise, congolaise, ruandaise, … israélienne. C’est la même sauvagerie.

Au nom de mensonge d’état. Tel dans ce cas, le mensonge d’Ariel Sharon, lorsque furent décrétés ces villages et ces terres « terrain d’entraînement militaire – zone de tir », pour masquer la décision d’appropriation de terres palestiniennes en Cisjordanie. Ce premier ministre israélien a reconnu dans un document révélé que « ces zones de tir ont été créées pour réserver les terres aux colons israéliens ».

La haine se montre, s’exhibe, se déclare, comme lorsqu’un officiel de l’armée jette à la figure du journaliste israélien Yuval Abraham « ah le voilà le juif avec les arabes » ! Cette fabrique de la haine, la « meilleure » façon de générer des futurs activistes, des futurs militants que l’on nommera dans 5, dans 10, dans 15 ans « terroristes » tant le traumatisme immense se voit, se lit dans les regards, les cris, les pleurs des enfants palestiniens de 5, 10, 15 ans.

Parallèlement se montre aussi la relation d’amitié entre un journaliste palestinien et un journaliste israélien … fragile espoir, espérance ténue, dans l’inhumanité guerrière.

Il faut aller voir en face cette sauvagerie, pour entendre et peut-être … comprendre.

Ce film est écrit et réalisé par Basel Adra, Yuval Abraham, Hamdan Ballal, Rachel Szor. Ce documentaire a été réalisé sur 5 ans et terminé en octobre 2023. Il a pris une dimension nouvelle depuis le 7 octobre 2023.

Basel Adra est avocat, journaliste et réalisateur. Militant et documentariste depuis l’âge de 15 ans, il lutte contre l’expulsion massive de sa communauté par Israël

Yuval Abraham est un cinéaste israélien et journaliste d’investigation de Jérusalem

Hamdam Ballal est photographe, cinéaste et agriculteur originaire de Susya. Il a travaillé comme chercheur pour plusieurs groupes de défense des droits de l’homme.

Rachel Szor est directrice de la photographie, monteuse et réalisatrice originaire de Jérusalem.

(Document AFCAE (Association Française des Cinémas Arts et Essai) et cinéma l’Arlequin – Paris 6ème

Illustration 1
Affiche No other land

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.