"L'effort pour rendre l'autre (les citoyens) fous" ?
Madame la Maire de Paris
Madame la Maire du 12ème, Madame Emmanuelle Pierre-Marie,
Monsieur Mathieu Delmestre[1],
Monsieur David Belliard[2],
Avec cette référence à Harold Searles, psychiatre américain qui a publié en 1959 cet article à propos de la schizophrénie, traduit et diffusé en France par les éditions Gallimard le 25 novembre 1977, je veux illustrer à travers une anecdote dont je me serai volontiers passée, ce qui se passe dans notre belle ville de Paris et singulièrement dans cet arrondissement où je vis depuis février 1987, après avoir passé 12 ans -entre 1975 et 1987 dans le 14ème arrondissement.
Comment simples citoyens, nous sommes de plus en plus confrontés à une violence étatique dans notre vie quotidienne, qui est devenu totalement absurde sinon folle.
Je veux ici parler de ce que je nomme une « stratégie de la tension » qui apparait de plus en plus délibérée par … qui désigner d’ailleurs ? la préfecture de police ? la mairie de Paris ? le Ministère de l’Intérieur ? "la" Société ?
Je réside à Paris donc depuis 1968.
Pour la petite histoire, j’ai aussi toujours voté à gauche, aussi je ne céderai pas aux sirènes du #saccageParis, instrumentalisé par une certaine ambition politicienne.
Ce propos liminaire pour en venir à l’objet de mon propos...très courroucé.
J’ai « bénéficié » d’un FPS, acronyme dans la novlangue administrative, élément de langage visant à adoucir le mot d’amende ou de PV, le 27 janvier 2024 pour un dépassement de sept petites minutes.
J’avais réglé une heure de stationnement pour aller faire mon marché à Aligre, dont je suis un fidèle, amoureux de cet endroit et de ce quartier encore populaire du 12ème. Alors c’est vrai me direz-vous peut-être, qu’allais-je faire à Aligre en voiture un samedi matin pour faire mon marché ? Vous imaginerez peut-être avec complaisance ou compréhension qu’à 75 ans revenir du marché avec les paniers pleins, puis escalader les cinq étages de mon immeuble, peut-être un des derniers de cette avenue à ne pas être doté d'un ascenseur par les propriétaires de l'immeuble… j’ai peut-être quelque bonne raison ; même si désormais il est de bon ton, politiquement correct, de laisser son véhicule tranquillement au garage… et par exemple de prendre le 29. Sauf que le 29 … fonctionne bien de façon très aléatoire…Donc comme disait Pierre Desproges dans le Tribunal des flagrants délires, "donc je suis coupable" !
Ces 7 minutes supplémentaires m’ont coûté la modique somme de … 46 euros ! ce qui fait, vous en conviendrez, un peu cher la minute… C’est donc un véhicule de cette société de sous-traitance, nommée Moovia, qui distribue généreusement ces amendes qui viennent renflouer je ne sais quelle caisse de l’État ? de la ville ? celles de cette société privée ?
Rejetant toute démarche de contestation ou de demande d’indulgence, par une procédure extrêmement chronophage, je me suis résolu en râlant à payer ces 46 € par un chèque envoyé en « courrier suivi » d'un service postal qui n’a plus rien d’un service public…
La date limite pour le paiement de ce PV étant fixée aux environs du 27 mai, j’envoyais donc mon chèque le 7 mai 2024.
Il a été présenté à l’encaissement le 29 mai.
Là pourrait s’arrêter mon aventure (sic) et ne donner lieu à aucune lettre ouverte de protestation.
Or à mon retour de quelques jours de repos indispensables après une suspicion d’infarctus à l’aube du 25 mai, qui m’a valu de faire connaissance avec un équipage de pompiers envoyé par le SAMU à 7 h le samedi matin et de connaître la douce ambiance du service des urgences de Saint-Antoine, d’où je ressortais tranquillisé mais totalement épuisé, je trouvais au courrier un « FPS majoré » de 50 € pour non-paiement de mon FPS" originel !
Le 20 juin, encore sous la colère de ce courrier, je prenais mon beau clavier pour envoyer un courriel pas tendre du tout à la Trésorerie Paris-Amendes.
N’ayant reçu aucune réponse à ce jour de ce service de la DGFIP, cet après-midi lundi 24 juin, j'ai pris mon courage à deux mains pour tenter de démêler ce parcours kafkaïen.
Pas moins de trois appels à l’ANTAI[3] : après une première conversation avec une dame extrêmement accueillante - vous saisirez, j’espère l’ironie de mon propos au sujet de cette brave dame archétypique de l’Administration avec un A majuscule-, qui n’arrêtait pas de me dire de me calmer… alors que j’exposais le plus calmement possible mon parcours et mon incompréhension ; j’ai eu ensuite une brave dame très sympathique et rassurante au possible, qui m’a exposé patiemment qu’il fallait que j’écrive à Limoges pour demander l'indulgence du tribunal auprès de je ne sais plus quel représentant officiel de l’Etat !
Cette dame m’a par ailleurs raconté que son père très âgé s’était vu infligé également une amende … de 135 € par un agent de la Mairie de Paris qui estimait que le véhicule était mal garé !!!
En ce qui me concerne, je ne parviens pas à expliquer ni comprendre : mon chèque de 46 €, a bien été débité de mon compte le 29 mai 2024, pourquoi un avis post-stationnement majoré a été émis le 13 Juin 2024 !!! soit QUINZE JOURS soit ONZE JOURS OUVRÉS après !!!
Je me perds en hypothèses les plus paranoïaques les unes que les autres :
s’agirait-il : - soit d’une stratégie délibérée pour rendre les citoyens de plus en plus agressifs, ( l’effort pour rendre l’autre fou ? ),
- soit de les persécuter pour des motifs totalement fallacieux,
- soit démontrer la carence et la faillite des services publics,
- soit susciter écœurement, voire révolte des gens de la cité.
Une telle faillite des services de la Préfecture ?, de la ville ?, du Ministère de l’Intérieur ? est absolument insupportable et révoltante.
S'il s’agit de rendre la vie quotidienne des parisiens totalement folle, c’est un formidable succès ! Sans parler, quoiqu’il faut bien tout de même en dire un mot : des conditions de circulation absolument absurdes sinon aberrantes depuis plusieurs mois, avec des changements de sens incohérents qui font les discussions quotidiennes dans les bistrots et terrasses des alentours. (J’aurai de multiples exemples à citer, ne serait-ce que dans le périmètre très étroit de la rue de Charenton, de la rue du Charolais, du boulevard de Reuilly, de l’avenue Daumesnil, des rues Dubrunfaut et Dugommier …)
Voilà j’en ai terminé et j’espère que vous aurez la patience et le temps de me lire jusqu’au bout, ce dont je vous remercie par avance.
Cordialement à vous
Paul Machto.
[1] Mathieu Delmestre, Adjoint chargé des mobilités, des transports et du quartier Aligre-Gare de Lyon
[2] David Belliard, Adjoint à la maire de Paris en charge de la transformation de l'espace public, des transports, des mobilités, du code de la rue et de la voirie.
[3] Agence de Nationale de Traitement Automatisé des Infractions.