Lettre ouverte à Monsieur le Président de la République Française
Attention Danger !
La nuit sécuritaire s’installe avec vos lois et vos mesures !
Allons-nous vers un crépuscule de la démocratie ?
Monsieur le Président,
En décembre 2008 à l’adresse d’un précédent président de la République, nous avions fondé un Collectif de soignants en psychiatrie, rejoint par des patients et des parents. Nous l’avions nommé « Contre la nuit sécuritaire, Quelle hospitalité pour la folie ? Collectif des 39 ».
Après les attaques contre les malades mentaux en 2008 - 2009, nous en sommes aujourd’hui aux attaques contre les citoyens, la presse, les intellectuels et pour une liberté totale à la violence et à la répression policière.
Si je m’adresse à vous en ces jours de plus en plus troublés et très dangereux, c’est parce que je suis inquiet, très inquiet… de moi-même !
Je me surprends à découvrir en moi une rage, une haine et une révolte en écho aux provocations auxquelles notre pays est soumis par votre gouvernement, votre politique au cours de ces dernières semaines.
La France, notre République, n’emprunteraient-elles pas la voie ouverte par le désormais futur ex-Président des États – Unis, le malfaisant Donald Trump ? Ce dernier s’est acharné pendant ses quatre années de mandat et pire encore au cours des dernières semaines, à créer les conditions d’une division violente dans son pays, facteur d’un risque d’une possible guerre civile.
Or, depuis plusieurs semaines votre politique, relayée par un ministre de « l’Éducation » (sic) et surtout par ce nouveau ministre de l’Intérieur aux allures de fort des biceps et des rodomontades, n’ont de cesse de fourbir provocations, mensonges, haines et violences verbales.
Après leur diatribes contre la population française de religion musulmane sous couvert de s’attaquer aux « radicaux islamistes », mais aussi contre toutes celles et tous ceux qui de la Ligue des Droits de l’Homme à la plupart des mouvements et associations engagées à gauche, brefs toutes celles et tous ceux qui luttent contre les tentatives d’attaques frontales et racistes contre l’Islam, deuxième religion en France, ainsi que contre les intellectuels non – médiatiques, je veux dire ceux qui n’ont pas leur place attitrée sur ces plateaux télévisuels diffuseurs de rejets, de haine, de racisme, d’anti-féminisme et d’homophobie.
Celles-ci, ceux-là se voient désormais affublés de la dénonciation « d’islamo-gauchisme », pour interdire toute contestation, toute pensée critique, à l’instar des années trente où avait été inventé « le judéo-bolchévisme ».
Ces ministres, vos ministres, ont constitué un curieux tandem de choc dont les armes sont les provocations, les mensonges et les actes qui libèrent une police dans sa dimension outrageusement répressive et violente, une police indigne de la République qui doit être gardienne de la paix civile et non pas force de l’Ordre.
Car quel ordre s’agit-il d’imposer en cette terrible année 2020 ?
La crise sanitaire, cette pandémie si mal anticipée, si mal abordée par tant d’imprévoyances coupables, d’incohérences, de contradictions et de décisions aberrantes, associée à ces attaques terroristes abominables ne devraient servir à aucun prétexte ! Elles devraient être facteurs de rassemblement et d’actions communes. Au lieu de cela elles sont devenues des outils d’une stratégie politicienne à courte vue ! Les futures élections ne seraient-elles que l’alpha et l’oméga d’une perspective pour notre pays ? Les entraves à la liberté de la presse, les contraintes imposées au nom de la prévention sanitaire se transforment en restriction des libertés de base de plus en plus insupportées. Pour profiter de cette double violence sidérante, pandémie et terrorisme, une loi sur les universités est venue compléter un arsenal de restriction des libertés, de précarisation des enseignants et de concurrence entre les chercheurs..
Quelle est la vision d’avenir pour notre pays ?
Quelles sont les perspectives que vous, Monsieur le Président, vous nous montrez et dont votre gouvernement, vos ministres se font les chantres par leurs actions indignes ? L’université, la santé, l’hôpital sont attaqués, malmenés, trompés avec ces honteuses manipulations verbales qui prétendent rassurer quand elles mettent le feu aux poudres, entraînent démissions et colères.
Elles risquent d’être celles de toujours plus de révoltes et de haines, d’oppositions frontales et dangereuses entre deux Frances ! Elles risquent d’être celles de déclencher le cercle infernal de répressions – violences de plus en plus incontrôlées … et incontrôlables !
Alors Monsieur le Président, rappelez-vous notre Histoire, l’Histoire de la France !
N’oubliez jamais que le peuple français, sauf dans les sombres années de la soumission honteuse au nazisme, le peuple français s’est maintes fois mobilisé, révolté !
Mais... ce fut toujours sanglant ! Les morts tombèrent par milliers, comme en 1789 – 93, en 1830, 1848, 1870, dans les années 30, les années 44-45, pendant la guerre d’Algérie, puis avec l’OAS et les sales œuvres en octobre 1961, d’un sinistre préfet - déjà un …- Maurice Papon enfin condamné cinquante ans après. Il y eut aussi mai 68, décembre 95, puis la lutte contre le CPE, heureusement moins sanglants.
Alors Monsieur le Président, si vous me permettez, prenez garde !
Prenez garde à ce que votre politique n’entraîne pas de violences pires dans ce cercle infernal répression-provocation que fut la révolte dite des Gilets Jaunes, qui, ne l’oubliez pas, n’est toujours pas terminée.
Alors Monsieur le Président, ouvrez les yeux !
J’ai passé 70 ans. Un engagement de psychiatre des hôpitaux, de psychiatre et psychanalyste en Seine Saint Denis pendant plus de 40 ans. Pour mes petits-enfants, pour ma famille, pour mes amis, pour mes voisins, pour le peuple de mon pays, je redoute cette guerre civile potentielle qui s’approche de façon insidieuse « grâce » à l’action de vos ministres, de votre gouvernement …
Une politique fondée sur la peur, les manipulations, le déni des violences policières n’est pas une politique.
Une politique totalement à rebours de vos déclarations et vos engagements de 2017 est une tromperie malfaisante.
Elle ne provoque que défiance parmi la population, parmi les soignants tellement maltraités depuis ces dernières années, parmi « les derniers de cordée », parmi toutes celles et tous ceux, gilets jaunes ou pas, qui ont été méprisés par une arrogance, et des répressions violentes.
Pouvez-vous jouer impunément les apprentis-sorciers avec notre République, avec la France ?
Vos ministres sont dangereux !
Votre politique est dangereuse !
Dr Paul Machto.