L'avenir vient de loin

Depuis des siècles, par toutes sortes de moyens politiques, idéologiques, philosophiques, religieux, guerriers, plus ou moins combinés, des hommes, des États ont voulu conquérir et dominer le monde. Certains y sont partiellement arrivés.
Nul n’a pu assujettir tous les peuples et tout ce qui nage, vole et se meut sur la terre. Les religions du livre qui se croyaient mandatées pour cette mission n’ont pas plus réussi (1). Malgré leur souvent belliqueux prosélytisme.

Plus de la moitié de la population mondiale se réclame du christianisme, (28,8 % à 32 %) ou de l’islam, (24 %)… En Asie, l’assujettissement, la domination ne sont pas les principes fondamentaux des religions comme l’hindouisme (1,16 milliard 15 %) ou le bouddhisme (507 millions 6 %),
De même les religions amérindiennes qui voient en la Terre une mère nourricière, sacrée, vivante, les humains faisant partie de la nature, un tout qu’il faut respecter.

La population mondiale est regroupée en États ou ensembles d’États dans des aires culturelles religieuses : christianisme, catholique et protestant, pour l’Occident chrétien, orthodoxe pour la Russie, bouddhisme, taoïsme et autres formes religieuses et populaires traditionnelles pour la Chine, hindouisme pour l’Inde, islam pour de nombreux autres États…
Même si, quelquefois, une importante partie de la population est sécularisée. Partout, des minorités religieuses, reconnues ou non. Rares sont les États qui suivent totalement les préceptes religieux dominants sauf, peut-être, certains États musulmans, comme l’Iran. Qui place à la tête de l’État un Guide suprême, représentant de Dieu sur Terre et garant de l’application de la charia.
Dans tous les pays, quelle que soit l’importance de la pratique des fidèles,
les préceptes religieux imprègnent la culture de toute la société.

Aucune religion n’est, dans un avenir prévisible, en capacité d’étendre sa domination à la population mondiale. Ni aucun État ou regroupement d’États.
Quels que soient la religion, les régimes, les constitutions, les États sont fortement reliés les uns aux autres. Tous ont adopté une forme de capitalisme, utilisent des techniques dérivées de la science d’origine européenne et l’anglais comme langue de communication.
Tendance vers un modèle de civilisation unique. Une mondialité. Avec des apparences très différentes qui ne sont que de gros détails par rapport à ce qu’ils ont de commun.
Tous les États sont nationalistes et même plus ou moins impérialistes suivant leur puissance. Avec des formes de gouvernance de plus en plus autoritaires.

L’impérialisme le plus important, le plus visible, le premier estampillé à l’échelle mondiale, est l’impérialisme étasunien. Il suffit de regarder le nombre de bases militaires installées en dehors des États-Unis : au moins 128 dans 49 pays ! Ou les interventions politiques ou militaires hors du territoire. Ou d’écouter le président Trump parler du Groenland et du Canada qu’il veut annexer, de la Palestine, du Brésil, du Venezuela, de l’Ukraine... !
L’impérialisme étasunien se projette sur la totalité de la planète.

La Chine ne cache pas son projet : devenir la première puissance mondiale au XXIème siècle. Par son uniformisation intérieure : Tibet, Xinjiang. Par son développement scientifique : premier pays pour le nombre de brevets déposés. Industriel : de l’espace aux voitures électriques en passant par l’Intelligence artificielle. Économique : les nouvelles Routes de la soie, les investissements bien au-delà de ses traditionnelles zones d’influence jusqu’en Europe, en Afrique, en Amérique latine... Par sa diplomatie : volonté de coopération internationale, y compris au niveau du commerce international, volonté d’une paix basée sur le dialogue et le respect des traités... Non reconnaissance de l’annexion de l’Ukraine, malgré son soutien à la Russie, rôle important de médiateur entre l’Iran et l’Arabie saoudite, soutien à la cause palestinienne… Militaire : dernier défilé militaire devant les chefs d’États amis et rappel constant des revendications territoriales sans intervention chaude (affirmation de sa souveraineté sur Taïwan et en mer de Chine méridionale). Pour le moment...

La Russie, afaiblie, vise à reconstituer l’empire des tzars et des soviets surtout dans son voisinage proche, avec des interventions séquelles de la période soviétique au Proche-Orient et d’autres plus ou moins officielles en Afrique pour remplacer les anciennes métropoles.
D’autres États ont des ambitions plus modestes comme l’Inde, la Turquie, l’Arabie saoudite...

Reste l’Europe, à l’origine du modèle des puissances impériales modernes. Encore au XIXème, Elle continue à vivre dans son passé de concurrence interne et dans une certaine démocratie qui fléchit sous les poussées internes et externes vers des formes plus autoritaires.
La France, en plus, est empêtrée dans les mauvaises relations avec son ancien empire.

Dans chaque empire qu’il se dise libéral ou communiste, pouvoir politique et pouvoir économique et financier, interdépendants, vivent une collaboration plus ou moins conflictuelle. Des têtes apparaissent qui disparaissent quand elles deviennent trop importantes, temporairement comme en Chine ou définitivement comme en Russie. Ce qui montre la force du pouvoir politique de la première, le parti, et une certaine faiblesse de celui de la seconde.
Aux États-Unis, le ballet des licornes autour de Trump s’affiche, chaque jour, à la une avec à leur tête des opposants avant l’élection, des courtisans après ou faiseur de roi, égaré, voulant prendre la place du calife mais qui dépend, comme les autres, peut-être plus que les autres, des commandes du prince...

Pendant ce temps, l’humanité, la planète en a vu d’autres, vit sous deux menaces mortelles.
Le risque nucléaire. L’existence de 2 superpuissances nucléaires durant la guerre froide, a pu être un facteur d’équilibre dans le cadre de la coexistence pacifique, limitant les affrontements à des conflits locaux.
Avec 9 États détenant l’arme nucléaire (États-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni, Inde, Pakistan, Israël et Corée du Nord), le risque a considérablement augmenté.

L’anthropocène est la seconde menace. Plus exactement le capitalocène.
Le premier Homo remonte à 3 millions d’années et l’Homo sapiens parcourt la terre depuis 300 000 ans. Le réchauffement climatique attribué aux activités humaines commence au XVIIIème siècle. La production de gaz à effet de serre au niveau mondial a de fortes probabilités d’augmenter avec la croissance de la population qui aspire aux mêmes mode de vie qu’en Occident.
Malgré de possibles sauts d’étapes dans le développement qui pourraient venir de Chine.

Pour le moment, les techniques associées à la volonté dominatrice de l'homme et le capitalisme, tel qu’il est, progrès et profits à court terme, détruisent les conditions nécessaires à la vie sur terre.

L’homme s’est, longtemps, contenté de prélever dans la nature ce qu’elle reproduisait aisément. La situation change quand la technique permet de satisfaire à moindre prix les besoins et génère des profits. Cette efficacité ne débouche pas seulement sur la satisfaction des besoins mais aussi sur la création de besoins nouveaux et de nouveaux profits… D’où l’engrenage.
Nouveaux produits, nouvelles techniques, nouveaux usages, nouveaux profits. Désormais les profits pèsent plus que les avantages ou les inconvénients pour la vie des hommes et la nature ou la condition des producteurs. Les profits guident le changement. Le progrès ?

Devant la catastrophe annoncée, les rats pensent à quitter le navire.
À se sauver dans des ghettos sur terre !
Ou dans l’espace !

1 Dieu les bénit et leur dit : « Soyez féconds et multipliez-vous, remplissez la terre et soumettez-la. Soyez les maîtres des poissons de la mer, des oiseaux du ciel, et de tous les animaux qui vont et viennent sur la terre. » Genèse 1-28