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Billet de blog 23 juillet 2012

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Que peut-on faire pour les Syriens ?

Depuis 16 mois, le boucher de Damas écrase son pays sous une répression sanglante, qui a causé 19 000 morts, dont 600 au cours des 2 derniers jours. C’est donc un terrible sentiment d’impuissance que l’on ressent devant l’incapacité de la communauté internationale à mettre fin au calvaire du peuple syrien.

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Depuis 16 mois, le boucher de Damas écrase son pays sous une répression sanglante, qui a causé 19 000 morts, dont 600 au cours des 2 derniers jours. C’est donc un terrible sentiment d’impuissance que l’on ressent devant l’incapacité de la communauté internationale à mettre fin au calvaire du peuple syrien.

Le blocage du Conseil de sécurité de l’ONU par trois vetos successifs de la Russie et de la Chine a rendu impossible une implication internationale forte pour tenter d’empêcher les massacres. Ce triste constat oblige à se concentrer sur la préparation de la « suite », en espérant une chute rapide d’un régime à l’évidence condamné.

Dans l’immédiat, des mesures urgentes s’imposent pour alléger les souffrances des réfugiés. Plus de 120 000 Syriens (dont 30 000 au cours des dernières 48 heures) ont fui leur pays et se trouvent dans une situation souvent très précaire. Les « amis de la Syrie », notamment les pays européens, devraient être très actifs pour les aider.

Il me paraît également nécessaire que Bachar el Assad soit rapidement et fermement mis en garde au sujet de l’utilisation possible qu’il pourrait faire de son armement chimique. On se souvient que Saddam Hussein y avait eu recours dans sa guerre contre l’Iran (1983-1988), entraînant la mort de 70 000 personnes, principalement des Kurdes. Il doit être clairement annoncé au président syrien que, s’il agissait ainsi, il franchirait une « ligne rouge » et serait exposé à une possible intervention militaire.

Des mesures sont à prendre pour empêcher qu’après la fin de la dictature, des stocks d’armes (chimiques ou sophistiquées) ne se retrouvent au Liban, dans les mains du Hezbollah, aggravant de ce fait la tension avec Israël.

Il est normal que les « amis de la Syrie » soient préoccupés par la composition de l’équipe qui dirigera le pays après la chute du régime. Pour autant, il ne faut pas rêver. Dans un pays aussi complexe, avec autant de composantes et de minorités, religieuses et ethniques, qui a subi pendant 40 années une dictature sanglante, on imagine difficilement la mise en place d’un gouvernement démocratique de type occidental. De plus, l’opposition actuelle est très composite. Les Frères musulmans commencent à élever la voix et les sunnites, opprimés par la minorité alaouite (12% de la population), risquent de manifester une volonté de revanche une fois arrivés au pouvoir.

Il faudra donc considérer avec beaucoup de prudence la sollicitude quelque peu intéressée des pays riches (et peu démocratiques) du monde arabe, qui semblent vouloir peser sur la composition du futur gouvernement. Le sujet de préoccupation majeur de ceux qui veulent aider les Syriens devrait être le respect des nombreuses minorités (1), afin d’éviter d’autres affrontements, qui risqueraient de prolonger, sous une autre forme, la terrible guerre civile qui ravage la Syrie.

(1) Chrétiens, Arméniens, Assyriens, Kurdes, Alaouites, Chiites, Druzes, Turkmènes.

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