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Billet de blog 28 novembre 2011

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Un triste début de campagne

Il paraît que Nicolas Sarkozy ne serait pas encore candidat à la prochaine élection présidentielle et qu’il ne faut pas interpréter ses discours comme des propos de campagne. Ah bon !

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Il paraît que Nicolas Sarkozy ne serait pas encore candidat à la prochaine élection présidentielle et qu’il ne faut pas interpréter ses discours comme des propos de campagne. Ah bon !

Que faut-il alors penser de ce flot d’attaques violentes et de positionnements aussi tranchés qu’hasardeux du président sortant depuis quelques jours ?

Il entend probablement décrédibiliser ses adversaires et faire la preuve (pense-t-il) de son sérieux, de sa cohérence et de ses qualités pour rester à l’Elysée. Et, afin de combler son retard dans l’opinion, il n’hésite pas à en rajouter sur les thèmes susceptibles de plaire à la partie de l’électorat sensible à la démagogie qu’affectionnent le FN et une partie de l’UMP.

Il n’hésite pas non plus à réécrire l’histoire….y compris la sienne ! C’est ainsi que j’ai eu la surprise, lors de la réception de 2500 maires à l’Elysée, de l’entendre fustiger ceux qui, pendant 30 ans, «ont augmenté sans compter les dépenses publiques de fonctionnement au détriment de l’investissement» et «n’ont cessé d’augmenter le nombre de fonctionnaires ». Mais, Monsieur le Président, avez-vous oublié que vous avez été ministre pendant cette période, à trois reprises (Ministre du budget, de l’Intérieur, des Finances) et que vous avez donc participé, entre 1993 et 2007, aux actions prétendument irresponsables que vous dénoncez ? Il est vrai que ce n’est pas la première fois que vous êtes frappé d’amnésie….

Une campagne présidentielle peut être l’occasion d’éclairer les Français sur les orientations et les choix qu’on leur propose, à condition que l’affrontement démocratique ne se confonde pas avec un combat confus, où l’on assène avec culot des fausses évidences, présentées comme des antidotes à des peurs que l’on attise par ailleurs. C’est en tout cas l’image qu’a donnée le chef de l'État, qui, selon la presse, «a sorti l'artillerie lourde pour pilonner l'accord entre le PS et les Verts sur la diminution de la part du nucléaire dans la production d'électricité en France

Je suis sûr que, dans la campagne qui commence, nos concitoyens attendent de vrais débats et qu’ils ne se satisferont pas d’entendre chaque jour des perroquets savants leur réciter des slogans réducteurs et des formules à l’emporte pièce. Par exemple, parmi les questions qui engagent l’avenir, les réponses à la grave crise actuelle et le choix du modèle de développement sont des sujets qui ne devraient pas être traités avec les approximations de ce début de campagne.

Il n’est pas certain d’ailleurs que l’élection présidentielle soit le meilleur moyen pour vérifier la nécessaire adhésion populaire que nécessiteront les décisions fortes à prendre dans ces deux domaines. Ici, le recours au référendum, précédé par une phase d’information intense et objective, serait certainement une voie plus adaptée. J’en ai déjà parlé*, mais j'aurai l’occasion d’y revenir.

* http://blogs.mediapart.fr/blog/paul-quiles/300811/nucleaire-pourquoi-un-referendum

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