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Billet de blog 2 février 2024

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Crise agricole : une défaite du gouvernement en rase campagne !

Ce qui apparaît comme étant une défaite en rase campagne du gouvernement révèle une fois de plus un manque de courage et une absence de vision globale qui mène à une gestion chaotique et invraisemblable de la politique menée dans notre pays. Pour Emmanuel Macron, l’urgence n’est plus de lutter contre le réchauffement climatique ni de protéger la santé des français.

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Je tiens à rassurer toutes celles et tous ceux qui s’intéressent aux questions écologiques : le président Macron vient en effet de déclarer à Bruxelles qu’il serait « intraitable avec les industriels » de l’agro-alimentaire et donc, normalement, avec M. Arnaud Rousseau qui préside aux destinées du puissant groupe Avril (huiles Lesieur, Puget etc… : de l’ordre de 10 milliards de chiffre d’affaires annuel !) avec lequel il semble pourtant entretenir d’excellentes relations en sa qualité de président de la FNSEA, au point d’avoir demandé à son gouvernement de céder à quasiment  toutes ses exigences, y compris aux revendications qui compromettent gravement la santé de la population et à celles qui visent à anéantir tout effort  destiné à protéger la biodiversité et à lutter contre le réchauffement climatique !  

Il est possible que certaines des mesures égrenées consciencieusement par notre jeune Premier ministre aillent dans le bon sens, notamment celles qui visent à rémunérer au juste prix le fruit du travail des agriculteurs dont personne ne conteste ni la difficulté, ni l'importance vitale. Et c’est tant mieux, car les agriculteurs méritent d’être écoutés et aidés intelligemment, d’ailleurs au même titre que les autres travailleurs de notre pays. En revanche, celles des mesures dont le but majeur est de favoriser l’agriculture intensive et rentable, indifférente aux questions écologiques et sanitaires, doivent être impérativement bannies : ne plus contrôler le comportement du travail agricole tel qu’il est orienté et décidé par cette industrie agro-alimentaire, c’est-à-dire substituer des normes cachées de rentabilité à tout prix à celles qui protègent la santé de la population et l’état de la planète, est en effet inadmissible, méprisable et surtout inquiétant.

En fait, ce qui apparaît comme étant une défaite en rase campagne du gouvernement révèle une fois de plus un manque de courage et une absence de vision globale qui mène à une gestion chaotique et invraisemblable de la politique menée dans notre pays. Tout ça est évidemment absurde, comme l’est de toute façon cette tragi-comédie politique qui nous est imposée ces dernières années par le pouvoir en place et scandaleusement exploitée par des médias puissants qui interdisent, sur des sujets majeurs, tout débat contradictoire digne de ce nom.

On en reparlera bientôt, et sans doute dès le prochain été qui s’annonce difficile, en particulier pour les agriculteurs, si l’on en juge par les informations alarmantes concernant l’état de notre planète et par la fréquence préoccupante des catastrophes climatiques qui se succèdent les unes aux autres à un rythme affolant.  

Et les exemples ne manquent pas pour anticiper ce qui risque de nous arriver, comme ces nouvelles qui nous viennent d’un pays voisin, l’Espagne : j’invite MM Macron, Attal, Rousseau et autres à lire d’urgence un article alarmiste que vient de publier le journal Les Échos (propriété de Bernard Arnault dont la réputation n’est pas celle d’être un éco-terroriste …) qui titre « Barcelone impose des mesures draconiennes contre la sécheresse / L'administration régionale impose des restrictions à 6 millions d'habitants, annonce des baisses de pression au robinet, voire des coupures d'eau, et se prépare à tout pour tenir, y compris un ravitaillement par bateau-citerne ». Mais comment M. Bernard Arnault a-t-il pu laisser passer dans l’un de ses journaux un tel message relevant, il faut bien l’admettre, de l’écologie punitive ? Il est vrai qu’il y possède une usine, là d’où sortent ses produits Louis Vuitton. Et de l’eau, il en a besoin!

Et qu’en pense M. Arnaud Rousseau ? Que pense-t-il des agriculteurs qui perdent tout à la suite des cataclysmes climatiques qui s’abattent sur leurs terres, de plus en plus souvent ? Que pense-t-il de la disparition des glaciers et de ses conséquences sur l’avenir de l’agriculture ? Que pense-t-il de l’élévation du niveau des océans, de la sécheresse qui s’abat sous nos yeux ? Comment réagira-t-il devant un désastre annoncé et désormais suffisamment documenté pour être parfaitement crédible ? Mais cela l’intéresse-t-il vraiment ?

Il est temps que cesse cette tragi-comédie du pouvoir politique qui, pour l'essentiel, s’est mis au service du seul intérêt de ceux qui détiennent le privilège de manipuler leurs précieuses manettes destinées à la production de profits financiers.

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