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Billet de blog 14 mars 2022

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Élection présidentielle : le candidat Emmanuel Macron fuit le débat. Il a peur !

Emmanuel Macron refuse de débattre, car il a peur. Il a peur que lui soient rappelés ses insultes lancées aux gens qui le dérangent, ses discours emplis de contre-vérités et de contradictions, son indifférence aux pauvres et sa fascination pour les très riches, sa méfiance du Parlement, sa politique ultra-libérale et son indifférence face à la crise écologique. Il parie sur l’oubli.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Les « riens » ? N’en parlons surtout plus …

« Une gare, c'est un lieu où on croise des gens qui réussissent et des gens qui ne sont rien » s’était  exclamé Emmanuel Macron en commençant son mandat, des mots qui ont révélé son rêve d’une société française aseptisée qu’il veut modernisée, c'est-à-dire financiarisée, numérisée, ubérisée, et fermement voire violemment surveillée, une société ainsi reformatée pour se liquéfier et se fondre dans les flots d'argent de ce monde globalisé et virtualisé comme il en rêve pour la France qu'il estimait « descendre en pente douce »[1]. C’était en 2017, peu après son élection, et c’était son premier mot de mépris à l’égard de tous ces gens qui le dérangent, des gens qu’il n’aime pas, qu’il faut diviser et éloigner pour qu’ils ne se parlent pas, des gens qu’il faut enlaidir, car ils gênent.

Alors, les mots humiliants se sont mis à pleuvoir, tout au long du quinquennat. Les riens, puis les illettrées, puis des mots visant ces cohortes de pauvres et de précaires « qui pensent que le summum de la lutte c'est les 5 euros d'APL », ou encore ces ignorants qui « ne savent pas ce que c'est que l'histoire de notre pays »[2] ? Comment, non plus, ne pas oublier cette adresse aux « fainéants », à l'évidence dépourvus de « sens de l'effort » qui coûtent un « pognon dingue »[3] à réclamer de l’aide pour dénicher l’emploi pour lequel il se sont préparés, mais de plus en plus introuvable, même « en traversant la rue ». Et que dire de ces gens qu’il a décidé d’ « emmerder » au seul motif qu’ils aimeraient en savoir un peu plus sur l’obligation vaccinale alors qu’il a lui-même déclaré peu auparavant que « « Je ne suis pas favorable à la vaccination obligatoire pour ce vaccin » car « On ne sait pas tout sur le vaccin ni sur le virus ».[4]

C’est la violence de ces mots, et celle d’une action répressive visant les gens qui osent exprimer leurs désaccords ou leur désarroi qui constituent deux des caractéristiques marquantes de l’action du pouvoir essentiellement détenu par un Président de la République omniprésent qui, l’air toujours sûr de lui et satisfait de l’action qu’il mène et des mots qu’il prononce, gouverne sans partage, monopolise l’espace médiatique de façon outrancière, refuse tous dialogue et débats contradictoires dignes de ce nom, un président qui a largement exprimé, par ces mots et les maux qu’il inflige au pays, son mépris pour ces gens, ces « riens » qu’il a définitivement marginalisés comme tels dès son arrivée au pouvoir, ou plutôt aux affaires.

En revanche, l’on entend à peine de telles diatribes articulées de façon audible à l’encontre de ces quelques « stratèges » de la finance et ces hauts dignitaires de la haute fonction publique, tous récompensés comme il se doit, alors qu’ils détruisent ou contribuent à détruire discrètement des pans précieux de la vie sociale, de l'économie et de la culture du pays. Elles ne visent pas non plus ces lobbyistes inconscients et trop souvent malveillants qui n'ont que faire de la santé humaine et de l'avenir de la planète. Elles ne ciblent pas davantage cette puissante minorité de très riches résidents de notre territoire, férus de tourisme fiscal dans les îles ou autres enclaves paradisiaques, qui fulminent de rage devant l'état de nos finances publiques excessivement gangrenées, marmonnent-ils enfermés dans leur vase clos, non par un défaut de recettes discrètement soustraites à l'État qu'ils dissipent en douce sous d'autres cieux, mais forcément par d'insoutenables dépenses publiques et surtout sociales. Eux, ils ramassent l’argent, ils détiennent le pouvoir économique et le pouvoir médiatique. Mais eux, ils ne partagent pas : c’est un principe intangible. Et eux, ils vivent cachés.

Emmanuel Macron aimerait qu’on oublie tout ça, qu’on n’en parle pas, mais il a peur que tel ne soit pas le cas : alors, il fuit le débat !

En France, être citoyen n’est plus chose simple : mais oublions tout ça !

Être citoyen n’est plus chose simple dans notre pays.

Et surtout, gare à ceux qui osent dire non : manifester directement ou indirectement sa désapprobation ou son indignation, aujourd’hui en France, c’est prendre de plus en plus de risques face à la violence d’un pouvoir exécutif dépourvu de discernement. Mais tout ça doit être occulté et oublié avant les élections. Après, on verra …

Et pourtant, quelle désolation et quelle image donnée de la France que celle révélée par les chiffres effarants qui émaillent l’action répressive du quinquennat d’Emmanuel Macron ! Quel triste spectacle, en effet, que celui de ces rues et places transformées en champs de batailles : des cortèges pacifiques disloqués par des provocateurs cagoulés rarement identifiés et poursuivis, des morts, des milliers de blessés parmi les manifestants et dans les rangs des forces de l’ordre, de nombreux mutilés, éborgnés, des biens publics et privés incendiés, détruits, de simples passants ou des journalistes malmenés[5]. Ah, ces « gilets jaunes », n’en parlons surtout plus : ça fait un peu trop peuple !

Consternante aussi cette chasse aux étrangers, comme ce jour de novembre 2020[6] où ordre a été donné d’arracher délibérément et de déchirer, en public, devant les caméras de télévision, les tentes fragiles et les bouts de cartons simplement destinés à protéger un peu de la pluie, du vent et du froid des personnes humaines, au seul motif qu’elles demandaient l’asile dans notre pays et parce qu’elles osaient présenter l’état de leur misère sur une belle place d’un beau quartier de Paris : rien ne paraissait alors plus urgent que de les pourchasser comme des bêtes, vers les faubourgs périphériques, là où personne n’ose s’aventurer, là où ils pourront se terrer, se cacher, hors de notre vue, leurs tentes, leurs couvertures, leurs bouts de carton confisqués, jetés au rebut. Ce sont des exemples, mais parmi tant d’autres sur notre territoire, par exemple du côté de Calais. Il est insoutenable qu’une autorité d’un pays démocratique puisse ordonner de telles exactions.

Et puis, comme si cela ne suffisait pas, le pouvoir s’est mis à punir fermement des jeunes qui ont osé, le jour de la fête de la musique, organiser des concerts sans lui en demander la permission. En 2019, en pleine nuit, sur un quai situé à Nantes en bord de Loire, c’est sous un déluge de grenades qu’une de ces fêtes s’est transformée en cauchemar[7]. Ces jeunes qui ne cherchaient qu’à écouter un peu de musique ont dû se résigner à fuir, en tous sens, aveuglés par les gaz lacrymogènes, pour certains en se jetant à l’eau : un mois plus tard, l’un d’entre eux a été retrouvé mort, noyé dans la Loire. Deux ans plus tard, c’est à Redon, en Bretagne, que la fête de la musique s’est transformée en mauvais rêve[8], avec ce même spectacle de désolation où pleuvaient les coups de matraque et les grenades lacrymogènes, en pleine nuit. Un jeune s’est retrouvé la main arrachée ! Mais il fallait aussi que les autorités supérieures de l’État y laissent un message fort, celui de bien faire comprendre à ces jeunes de ne plus recommencer, plus jamais : ordre a donc été donné de détruire, de réduire en miettes les instruments et le matériel de musique qui s’y trouvaient.

Un mort, c’est un drame sans retour, et une main arrachée, c’est pour toute une vie : mais je n’ai guère entendu le Président de la République exprimer dignement le moindre mot sur ces faits d’une violence inexplicable en démocratie. Pourtant, il n’y a rien d’étonnant à cela : pour Emmanuel Macron, ces jeunes venus chanter et danser le jour de la fête de la musique sont à ranger dans la catégorie des riens.

En revanche, pour lui, tel n’est pas le cas d’autres jeunes plus convenables, et surtout plus utiles dans une perspective électorale, comme ces deux individus qui se qualifient d’« influenceurs » qu’il a invités en personne dans les salons de l’Élysée pour y faire les pitres en sa présence, une présence sans retenue laissant une image pitoyable d’un symbole de nos institutions, et tout ça pour tenter maladroitement, sur les réseaux sociaux, une piètre opération de séduction à but dérisoirement électoral[9]. Certains prétendent que ces deux-là sont talentueux : c’est possible, mais alors pourquoi ne mettent-ils pas, ne serait-ce qu’un peu, leur supposé talent « d’influenceurs » au service des pauvres, des gens désespérés, de la planète qui souffre, au lieu de faire la promotion des puissants qui se fichent de tout ça ? S’ils parviennent un jour à faire évoluer leur perception intéressée mais si déficiente de la vie d’aujourd’hui, la vraie, ils s’en mordront les doigts. Mais il sera trop tard : ils parient toutefois sur l’oubli, le courage d’affronter la souffrance n’étant pas, me semble-t-il, la qualité qui les inspire aujourd’hui ! Mais le plus consternant, c’est qu’un Président de la République en soit arrivé à s’abaisser à un tel niveau d’insignifiance politique.

En définitive, le quinquennat du Président Macron, qu’il le veuille ou non, sera marqué à jamais par cette volonté de réprimer avec fermeté : car il a décidé que les français devaient se taire, que les jeunes devaient lui obéir et faire au moins semblant de s’émerveiller de son action et de son comportement !

Surveiller, ficher, faire peur aux plus courageux et punir les désobéissants, voilà ce qui figure en bonne place sur la feuille de route du pouvoir. Mais, encore une fois, Emmanuel Macron refuse d’en débattre.

En France, le gouvernement doit obéir : mais quelle drôle d’idée d’en débattre !

Depuis qu'il a conquis le pouvoir, Emmanuel Macron, qui ne manque pas une occasion d’ignorer ou écarter sèchement tous propos critiques exprimés par ceux qui lui déplaisent voire, comme on l'a vu, d'humilier publiquement ceux qui le gênent, n'a de cesse en effet de crisper la société française en nous assénant, à la manière de Margaret Thatcher dans les années 1980 ou d’autres absolutistes du même genre, que le chef, celui qui sait tout et qui décide de tout, c'est lui et lui seul, et que le seul choix possible - son fameux cap sans autre alternative envisageable -, c'est désormais le sien et seulement le sien, celui d'une politique personnelle résolument orientée vers un modèle de démocratie étouffante et répressive au service du libéralisme financier le plus pur et dur, une politique qui risque bien de mener notre pays, notre République, vers une impasse où, si l'on n'y prend garde, elle pourrait n'être plus qu'une ombre d'elle-même.

La méthode du d’Emmanuel Macron pour contraindre les français à l’application de ces décisions, c’est d’occuper sans partage, sans l’intervention de contradicteurs, et quasi quotidiennement l’espace médiatique en noyant l’information diffusée par les chaînes d’information, privées comme publiques, de chiffres, de courbes et d’analyses approximatives qui arrangent, et surtout en évitant de présenter et de commenter ce qui gêne : il suffit alors de favoriser l’expression publique d’experts complaisants chargés d’apporter les explications qui conviennent en évitant tous débats contradictoires.

Il fut un temps, désormais révolu, où lorsque le Président de la République voire un ministre s’exprimaient dans le cadre de leurs fonctions, les médias organisaient immédiatement un débat, sans attendre, en invitant des personnalités politiques ou intellectuelles à donner leur point de vue à chaud. Aujourd’hui, cette pratique démocratique a disparu, ce qui est difficilement acceptable s’agissant des chaines et des radios publiques. Et le Conseil supérieur de l’audiovisuel reste silencieux, ne réagit pas !

Dès lors, quoi de plus pratique pour le pouvoir qu’un bon état d’urgence sanitaire qui permet de confiner les gens, de les infantiliser, de les surveiller[10] dans leurs faits et gestes comme on surveille des gamins ou des animaux de compagnie, de leur imposer des règles de vie coercitives que cette situation sanitaire ne justifie pas dans bien des cas, de les sanctionner s’ils n’obéissent pas ! Il est alors de bon ton d’alimenter subtilement un climat de psychose, un climat anxiogène, de favoriser la division des français, de leur faire peur quitte à leur bourrer le crâne de contradictions et de contre-vérités, de les dresser à obéir comme on dresse des bêtes de cirque, sous peine de lourdes sanctions.

Quant au gouvernement, et comme s’il se délectait à rester confiné dans le giron élyséen, il est principalement cantonné à la difficile et pénible mise en cohérence puis à la mise en œuvre obéissante des directives, louvoyantes à foison, qui émanent de l’unique parole présidentielle, audible depuis les seuls salons du Palais de l’Élysée où les conseils des ministres ne servent plus à grand-chose, puisque c’est désormais au sein de mystérieux « conseils de défense », dont les membres sont désignés à la seule discrétion du Président, que sont discutées en grand secret, sans laisser de traces sur un quelconque procès-verbal, les principales orientations et décisions concernant le pays, des orientations souvent soufflées par de puissants cabinets de conseils, tel le cabinet américain McKinsey, dont on sait qu’ils coûtent fort cher à l’État, mais pas ce qu’ils produisent[11] !

Voilà comment fonctionne l’exécutif pour concocter ses décisions. En cachette.

En France, le Parlement ne fait qu’obéir : c’est un autre sujet qui ne mérite pas de débat !

Le gouvernement peine à gouverner en respectant à la lettre le principe de souveraineté du peuple pourtant gravé dans le marbre de notre Constitution[12], mais l’on pourrait quand même penser que l’Assemblée Nationale est là pour équilibrer les choses dès lors que le Parlement, selon l’article 24 de la Constitution, « contrôle l’action du Gouvernement »  !

Eh bien non. L’Assemblée Nationale est, elle aussi, fermement tenue à distance, parfois avec violence. Elle est tenue d’obéir, et la majorité présidentielle y veille avec efficacité, il faut le reconnaître, notamment en concédant à l’exécutif ce qui s’apparente de plus en plus à l’exercice de pleins pouvoirs pour gouverner la France par la voie règlementaire, à savoir par décrets ou au mieux, par ordonnances[13], c’est-à-dire sans véritable débat démocratique. Quant aux lois, souvent votées de nuit par une poignée de députés pour nombre d’entre elles, elles ne sont que copies conformes de textes élaborés et dictés par l’exécutif, s’agissant en particulier de cette profusion de textes restreignant ou encadrant avec inflexibilité l’exercice des libertés publiques.

Il est arrivé que cette Assemblée ait tenté de dire non, mais mal lui en a pris. Par exemple, lors de cette séance mémorable au cours de laquelle les députés ont eu à supporter le comportement ahurissant du ministre de la santé, Olivier Véran, qui s’est permis, à l’occasion du débat[14] du 3 novembre 2020 sur la prolongation de l’état d’urgence sanitaire, d’inviter en pleine nuit les députés « désobéissants » à quitter l'enceinte de l'Assemblée Nationale, c'est-à-dire à cesser de débattre, de délibérer, de voter, de contrôler l'action du pouvoir exécutif : une telle injonction hurlée dans un moment de panique par un ministre qui semblait avoir perdu ou qui feignait de perdre à ce point son sang-froid n'est pas une simple marque de mépris envers la représentation nationale, celle du peuple, mais un outrage à la démocratie d'une extrême gravité ! Le ministre n’a pas supporté que l’Assemblée Nationale ait rejeté des mesures essentielles de son projet de loi, et il a donc exigé en des termes menaçants que les députés votent à nouveau dans le sens décidé par l’exécutif : ces derniers ont obéi. Ils ont retenu la leçon, et ne recommenceront plus !

Un autre exemple est celui donné par la ministre de l’action et des comptes publics, Agnès Pannier-Runacher, accusée par de nombreux députés d’avoir exercé sur eux des « pressions graves et inacceptables »[15] dans le but de les dissuader de déposer un recours devant le Conseil Constitutionnel contre la loi d’accélération et de simplification de l’action publique qu’elle défendait : que dire d’une attitude aussi déshonorante si ce n’est que cette ministre, sans doute prise de panique à l’idée de voir « sa » loi censurée par le Conseil Constitutionnel, n’a pas hésité à tenter de contourner les prérogatives constitutionnelles du Parlement qui ne la concernent pourtant pas.

Voilà des comportements qui révèlent une invraisemblable méconnaissance du principe de séparation des pouvoirs, mais sans doute aussi un sentiment de crainte de l’exécutif de voir sa majorité s’étioler, car le gouvernement sait parfaitement que s’il ne disposait plus de la confiance du Parlement, il ne pourrait plus fonctionner, et Emmanuel Macron ne pourrait plus présider selon son bon vouloir. Ce sont des comportements qui ignorent délibérément notre Constitution, en particulier son article 3 selon lequel « La souveraineté nationale appartient au peuple qui l'exerce par ses représentants et par la voie du référendum. Aucune section du peuple ni aucun individu ne peut s'en attribuer l'exercice », pas même le Président de la République ni aucun de ses ministres.     

A l’évidence, notre Constitution ainsi dévoyée mérite bien plus qu’une simple révision. C’est un changement radical qui s’impose : celui qui doit impérativement pousser le curseur de l’équilibre des pouvoirs vers un renforcement de celui du Parlement qui est, faut-il encore le rappeler, de proposer et voter des lois plutôt que des projets ou des ordonnances dictés par l’exécutif, outre de contrôler ce pouvoir exécutif plutôt que de lui obéir. La position de ce curseur doit être telle qu’elle permette de redéfinir les pouvoirs devenus exorbitants du Président de la République, donne concrètement au peuple une place qui ne se limite pas à une position de principe, et préserve ainsi le pays de toute tentation autocratique.

Pourquoi ne plus débattre sur la question de la gestion de la crise sanitaire ?

Après un périple de près de 5 ans, harassant pour la plupart des français, le quinquennat d’Emmanuel Macron tire à sa fin et son intention est désormais de tenter d’atterrir discrètement, mais pour redécoller immédiatement, en avril prochain, sans quitter sa confortable cabine de pilotage et sans couper les moteurs de l’appareil dont il maitrise pourtant si mal les instruments de navigation.

En attendant, notre planète souffre le martyre, la France reste silencieuse sur des points essentiels, telle la crise écologique sur laquelle elle ferme les yeux. Et les français qui se voient insidieusement confisquer leur démocratie n’y peuvent rien, puisqu’obligation leur est faite de se taire au prétexte d’une crise sanitaire réelle, mais gérée par des amateurs sous la houlette du cabinet américain McKinsey[16], et sous le contrôle pesant de médias de plus en plus apeurés, tétanisés et résignés !

Il serait trop long de passer en revue tous les griefs qui pourraient être opposés au candidat Emmanuel Macron si seulement il avait le courage d’accepter un débat, dès à présent, avant le premier tour de scrutin.

Ainsi, il est de bon ton d’affirmer qu’Emmanuel Macron s’en est finalement bien sorti dans sa « gestion » de la crise sanitaire, en oubliant pudiquement ce qui pourrait gêner.

Par exemple, citer le rapport publié le 12 novembre 2020[17] par la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France (FNSPF) qui porte un regard sévère sur la gestion de l’épidémie de Covid-19, en y y dénonçant notamment le choix du gouvernement d’avoir confié la gestion de cette crise aux ARS. Ou encore insister sur les effets désastreux d’une politique purement comptable menée ces dernières années expliquant la pénurie de lits et de personnels hospitaliers : en y regardant de près, on constate ainsi que la situation apparaît particulièrement invraisemblable s’agissant du nombre de lits de réanimation[18], et il est difficile, en effet, de ne pas admettre que les politiques « d’économies » qui ont saigné les hôpitaux publics au détriment de la santé de la population constituent l’une des causes majeures de la mort de très nombreux malades pour l’unique raison qu’ils n’ont pu être soignés, ou au moins correctement soignés, faute de places et de personnels suffisants dans ces hôpitaux. C’est, là aussi, l’une des causes d'une surmortalité qui n’est jamais suffisamment soulignée ! Dans un communiqué publié en octobre 2020, l’Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament soulignait ainsi que le confinement est « rendu nécessaire par la saturation des services hospitaliers » dont « la situation inacceptable et dramatique est l’aboutissement des politiques d’austérité prônées depuis vingt ans ». C’est un constat qui garde toute son actualité et qui souligne aussi une absence de vision désespérante, une absence qui perdure, hélas !

Alors, l’autosatisfaction qui domine aujourd’hui les discours de nos dirigeants lorsqu’ils évoquent la gestion de cette crise, plus particulièrement à ses débuts, ne permettra de toute façon jamais d’oublier le désarroi et la peine de toutes ces familles, de tous ces amis qui ont perdu un proche, victime de cette sale maladie, parfois sans même pouvoir assister à ses obsèques. Eux ont besoin de comprendre les causes de ces drames et, pour des dizaines de milliers d’entre eux, pour faire leur deuil, c’est-à-dire se délivrer de la tristesse, de la souffrance, de l’incompréhension qui s’attachent à la perte d’un proche. Cette autosatisfaction presqu’indécente des pouvoirs publics ne pourra empêcher de penser, en effet, à toutes celles et ceux qui ont souffert et souffrent encore, mais aussi aux personnels des hôpitaux à présent si malmenés, à ceux des services de secours, aux médecins qui ont soigné comme ils le pouvaient, à, tous ces gens qui ont pris tant de risques pour continuer d’assurer nos besoins les plus vitaux.

Il faudra donc bien un jour entendre de vraies explications, simplement pour comprendre. Mais comprendre suppose d’entendre des paroles de vérité, et pas des ukases ou des discours anxiogènes à l’excès, ces discours enrobés de paroles d'experts communicants qui expliquent sans se lasser qu’ils ne savent pas vraiment, mais qu’ils sont sur le point de révéler ce qu’ils sauront un jour. Et puis, les responsables au pouvoir doivent endosser leurs propres responsabilités, et non s’en décharger comme ils le font par exemple devant les commissions d'enquête ou devant les caméras, sans même hésiter à culpabiliser les victimes, tel le préfet de police de Paris qui expliquait dans les médias pendant le premier confinement que « ceux qui sont aujourd'hui hospitalisés, qu'on trouve dans les réanimations, sont ceux qui au début du confinement ne l'ont pas respecté. Il y a une corrélation très simple … » !

Il reste qu’il ne sera pas aisé de rechercher cette vérité. Le Président Macron a en effet astucieusement imposé le déroulement des débats de l’exécutif portant sur sa gestion de la crise sanitaire dans un cadre restreint, celui du Conseil de défense, lequel présente l’avantage pour le pouvoir, et l’inconvénient pour les victimes, d’être solidement abrité derrière cette muraille quasi infranchissable qu’est le secret-défense. La levée du secret-défense relevant d’une mission quasi impossible, même pour un juge, une solution devra s’imposer : adopter une loi qui lève cet obstacle pour l’ensemble des réunions du Conseil de défense qui ont été organisées dans le cadre de cette gestion de la crise sanitaire.

Mais Emmanuel Macron ne veut surtout pas en débattre.  

Que dire de plus ?

Tout d’abord que le virus du Covid-19 a bon dos. En supposant même que l’épidémie du Covid-19 justifierait de prendre des mesures drastiques, infantilisantes à l’excès, cela ne justifie en rien que le pouvoir en profite pour glisser insidieusement dans son arsenal juridique des mesures sans le moindre rapport avec une quelconque situation sanitaire. C’est politiquement insupportable. Comment ne pas réagir, en effet, contre ces textes liberticides, par exemple sur le fichage des opinions des citoyens, sur la « sécurité globale » ou sur l’instauration d’un « délit d’intrusion dans les universités », textes qui organisent un système généralisé de surveillance de la population et altèrent gravement les libertés fondamentales d’aller et venir, de manifester, de s’exprimer ? C’est inacceptable, car l’état d’urgence sanitaire ne saurait être un état d’exception permettant au pouvoir d’en profiter pour installer dans notre pays les premiers soubassements d’un État autoritaire[19].

Que reste-t-il alors de l’action menée au cours du quinquennat ? Rien de très brillant, il faut en convenir, sauf peut-être dans la tête de quelques communicants.

S’agissant de la question de l’immigration, rappelez-vous. Emmanuel Macron, en sa qualité de Président de la République, a fait il y a peu le choix d’accorder un long entretien à l’hebdomadaire Valeurs actuelles - qu’il qualifie de « très bon journal », pas moins ! - pour y décrire la vision de sa politique migratoire en y affirmant notamment, s’agissant des immigrés, que « mon objectif, c'est de sortir tous les gens qui n'ont rien à faire là »[20]. Et puis, il n’a pas hésité à inviter M. Zemmour à lui établir une « note » à propos d’un « plan zemmourien » destiné à régler en France le sort des immigrés (propos non démentis rapportés par M. Zemmour dans son dernier ouvrage) ? Alors, comment ne pas être médusé d’entendre le Président de notre République prendre ainsi, en plein exercice de ses fonctions, l’initiative d’un rapprochement aussi troublant avec quelques adeptes d’une idéologie intellectuellement défectueuse, une idéologie de toute façon étrangère au respect des libertés humaines fondamentales et de la protection de la dignité de la personne humaine. Un Président de la République ne devrait ni faire, ni dire ça !

En matière économique, il n’y a jamais eu et il n’y aura jamais de débat avec Emmanuel Macron. Son choix est en effet celui d'orienter l'économie du pays dans le but ostensible de favoriser, en priorité et sous le regard bienveillant de ces puissants lobbyistes qui l'entourent, le ruissellement de l'argent là où il ruisselle le plus naturellement, essentiellement sur les comptes d'une poignée de privilégiés que le bien-être des gens, le sort des pauvres, des précaires, et les menaces qui planent sur la planète laissent largement indifférents, en espérant toutefois que quelques-uns d'entre eux auront quand même l'aimable bonté d'investir dans notre pays un peu de leurs dividendes pour permettre de créer des emplois, ou au moins des postes de travail, sans trop en supprimer.

C’était dit et écrit dès le début de son mandat, et expliqué comme il se doit à nos amis américains, d’ailleurs en anglais et pas en français. Dans un entretien qu’il a accordé au magazine économique Forbes dès le 1er mai 2018, il a ainsi voulu rassurer le monde néo-libéral en jouant cartes sur table : « Ce que je propose comme changement de profondeur est d'expliquer au peuple français : la meilleure protection n'est pas de vous protéger contre le changement. Parce qu'il va arriver » a-t-il assuré, en ajoutant que « Beaucoup de gens expliquent aux citoyens français, « je vous protégerai contre les effets pervers d'Uber ou de Airbnb », mais ces entreprises sont là et les consommateurs français les adorent, même si elles mettent en péril beaucoup d'emplois », pour conclure que « Je veux que mon pays soit ouvert à la disruption et à ces nouveaux modèles ». Ces nouveaux modèles, il les a précisément définis comme étant ceux qu’il a la volonté de copier-coller dans notre pays, à savoir « plus de flexibilité et d'accélération dans l'économie, une approche business-friendly (...). Le message que je veux envoyer aux investisseurs étrangers est que nous sommes en train de faire baisser l'impôt sur les sociétés, de simplifier tout, d'apporter plus de flexibilité au marché du travail, d'accélérer la transformation de l'économie française ». Et pour commencer, il lui fallait, en France, rassurer les plus riches en supprimant l’impôt sur les grandes fortunes. En réalité, il n’a pas tenu sa promesse de candidat, car ce n’est pas exactement ce qu’il avait expliqué dans son livre Révolution, à savoir qu'il souhaitait « une fiscalité qui récompense la prise de risque », une fiscalité qui ne pénalise pas, y compris par l'impôt sur la fortune, « ceux qui investissent dans les entreprises et dans l'innovation » : mais une récompense suppose forcément une contrepartie réelle et constatée. Or, en supprimant cet impôt au bénéfice des très fortunés, sans vérifier l’existence de contreparties, c’est tout le contraire qui est mis en œuvre, un peu comme si, dans une compétition sportive, l'on vous récompensait de la médaille du vainqueur en vous exemptant de participer à la compétition ! Et force est quand même de constater que beaucoup trop de ces prétendus vainqueurs aujourd'hui félicités, admirés et récompensés sont ceux qui participent sans états d'âme à la destruction de l'économie réelle du pays. Comment, par exemple, est-il moralement et politiquement soutenable qu’un milliardaire à la tête du laboratoire pharmaceutique SANOFI puisse, en pleine crise sanitaire, être ainsi récompensé en supprimant 400 emplois de chercheurs[21] ? Mais que voulez-vous, l’important est que l’argent puisse convenablement ruisseler ! Et si, en plus, on peut démanteler notre tissu industriel, c’est encore mieux : quelles belles performances économiques et sociales, en effet, que la disparition du pays d’Arcelor, Alcatel, Technip, Alsthom, Essilor, Lafarge !

Quant à la question de la crise écologique, elle paraît bien secondaire pour Emmanuel Macron. La question du désastre écologique qui s’annonce est un sujet qu’il peine à évoquer, ou alors avec les précautions qui conviennent pour ne pas froisser la puissance financière et industrielle qui veille discrètement, mais efficacement, à ce que le pouvoir politique ne dépasse pas des limites pour elle infranchissables, à savoir celles de ne plus pouvoir continuer de « faire sereinement des affaires » et assurer la pérennité du ruissellement de leurs précieux dividendes. En fait, ils ont tous peur et choisissent l’alimenter le déni !

Ainsi, la façon dont Emmanuel Macron a traité les travaux et conclusions de la Convention citoyenne pour le climat dont il avait d’abord promis, la main sur le cœur, de retenir la quasi-totalité des recommandations jusqu’à s’engager à en soumettre certaines d’entre elles à un référendum puis, faisant rapidement volte-face, décidé d’en jeter l’essentiel au rebut, révèle le peu d’intérêt, voire le mépris qu’il porte à cette question. Une fois de plus, il n’a pas tenu parole. Une fois de plus, il a trompé les français.

Son action pusillanime sur ces questions, celle de son gouvernement, de sa majorité parlementaire et de son entourage bien trop proche des intérêts de ces puissantes industries ou corporations indifférentes au devenir de la planète, prouvent de toute façon à quel point il n’y a plus rien, mais plus rien à attendre de ce côté-là. Ce côté est en effet celui où se blottissent tous ces esprits irresponsables, enfermés dans l’immédiat et devenus incapables de penser le temps long, un coin vaguement ripoliné de quelques éclaboussures verdâtres destinées à leur permettre de se donner bonne conscience car, figurez-vous, ils prétendent tous avoir, désormais, la « fibre écologique » ! Ils sont tous verts, car c’est la couleur politique à la mode, mais sont loin d’imaginerqu’un jour proche ils pourraient être verts de peur face à tous ceux, verts de rage, qui n’ont cessé en vain de les alerter depuis des décennies[22].

Enfin, un dernier mot à propos des castes qu’Emmanuel Macron critiquait sévèrement lors de sa campagne de 2017, notamment celle des « hauts fonctionnaires (qui) se sont constitués en caste et donnent le sentiment de diriger dans l'ombre les affaires du pays ». Mais, là non plus, il n’a pas tenu sa promesse de porter remède à ce mal qui mine de l’intérieur le fonctionnement du pays, en réformant en particulier ces deux puissantes institutions que sont l'administration des finances et le Conseil d'État. Il n’a rien fait, bien au contraire pour mettre fin au phénomène de « pantouflage » vers l’entreprise privée qui a pris, ces dernières années, des proportions quasi insupportables. Ainsi, la situation des membres de l’inspection des finances ou du Conseil d’État qui occupent des postes stratégiques dans d’importantes entreprises publiques ou privées sans avoir définitivement coupé leurs liens avec leur institution d’origine est sans doute celle qui génère à leur égard le sentiment de suspicion le plus marquant.

Les exemples qui illustrent ce phénomène de métissage professionnel ne manquent pas. Comment comprendre, par exemple, qu’un membre du Conseil d’État, sans en avoir démissionné, puisse devenir avocat dans un cabinet d’affaires ou fiscal, ou encore être le n° 2 ou 3 d’un opérateur de téléphonie mobile. Même Google France avait recruté il y a quelques années un conseiller d’État pour y occuper des fonctions stratégiques importantes. L’on peut citer aussi l’exemple de la directrice générale adjointe du Medef, en disponibilité du Conseil d’État, qui discutait forcément de la loi travail avec son collègue alors Premier ministre et maître de requêtes lui aussi en disponibilité, ou encore de la directrice générale du groupe privé Korian, conseillère d’État également en disponibilité, directement concernée aujourd’hui par la grave problématique de la gestion au bas mot approximative de la pandémie du Covid dans les EPHAD. Comment ne pas être gêné par ce phénomène de pollution du débat démocratique ?

Qu’on le veuille ou non, c’est l’ambiguïté du mélange de leurs situations statutaires et professionnelles qui, à mon avis, jettent un grand trouble et créent un sentiment de méfiance, voire de défiance à l’égard des institutions.

Mais c’est un sujet tabou. Il est interdit d’en débattre.

Les français sont fatigués, et ce n’est pas forcément bon signe !

La plupart des français paraissent de plus en plus fatigués par le fonctionnement inconséquent du régime politique auquel ils sont désormais soumis : preuve en est qu’ils ne vont plus voter, ou si peu !

Ils sont las. Ils paraissent résignés. Ils n’éprouvent plus l’envie de faire le tri entre les promesses mal tenues et celles non tenues d’Emmanuel Macron. Ils sont pris d’étourdissement par une action publique émaillée de contradictions, de contre-vérités, d’incohérences, et surtout de violence. Ils n’ont plus confiance. Et les pitreries organisées sur les réseaux sociaux pour y gratouiller de misérables egos n’y feront rien.

Mon billet est un peu long, je le reconnaît, mais mon souhait est qu’il puisse être partagé et présenter une utilité pour débattre, non pas avec le candidat Emmanuel Macron qui a décidé de fuir le débat, mais au moins avec les militants de son parti et de ceux du parti socialiste venant de plus en plus nombreux à sa rescousse. N’oublions pas non plus la campagne des législatives. Mon souhait est également que les jeunes qui se résignent à ne pas aller voter ne laissent pas les clés de leur avenir et celui du pays à un électorat plus âgé qui ne vit bien que dans l’immédiat, qui recherche avant tout sa sécurité, et que le futur indiffère trop.

Le candidat Emmanuel Macron fuit le débat, le vrai. C’est décevant. Mais il est encore temps de s’écrier à nouveau, à la manière de Stéphane Hessel : « Indignez-vous ! ». Et il est urgent de sortir de sa torpeur !

NOTES

[1] Emmanuel Macron "Révolution", XO Éditions, 2017

[2]  France 3, Entretien avec Emmanuel Macron, 7 mai 2018.

[3] S'adressant le 13 juin 2018 à ses conseillers au cours d'une nuit de travail, le Président, visiblement énervé, s'est écrié dans un message qu'il a fait mettre en ligne sur les réseaux sociaux : « On met un pognon de dingue dans les minima sociaux et les gens ne s’en sortent pas ». Mais la bonne question n'est-elle pas plutôt celle de savoir pour quelle raison profonde ils ne s'en sortent pas ?

[4] Brut, interview du 4 décembre 2020. Voir également mon billet de blog du 12/02/2022 intitulé « Vaccination et passe vaccinal : une piqûre de rappel pour expliquer la défiance … ».

[5] Public Sénat, article de François Vignal, 12 août 2021 : « Un an après le mouvement débuté le 17 novembre 2018 sur les ronds-points, le bilan est lourd. 11 personnes ont perdu la vie au cours des manifestations. Beaucoup de personnes mortes ont été tuées lors d’accidents de la route. Zineb Redouane, 80 ans, elle est morte après avoir reçu une grenade lacrymogène au visage dans son appartement, à Marseille. Chez les manifestants, on ne compte pas moins de 4.439 blessés, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur. Deux fois moins côté forces de l’ordre : 1.944 blessés. Parmi les Gilets jaunes, 24 ont été éborgnés, 5 ont eu la main arrachée … ».

[6] Libération, « A Paris, migrants frappés et journalistes molestés lors de l'évacuation d'un campement éphémère », article de Gurvan Kristianadjaja, 23 novembre 2020.

[7] La Croix « La mort de Steve a marqué Nantes de son empreinte », 21 juin 2020.

[8] Libération, « Main arrachée. A Redon, la préfecture aurait empêché les pompiers de secourir des blessés », 1er juillet 2021.

[9] Le Figaro, « Emmanuel Macron - McFly et Carlito : Une vidéo qui ne fait honneur ni à la politique, ni aux influenceurs, ni à la jeunesse », article de Mathieu Slama, 23 mai 2021.

[10] Trois décrets, discrètement publiés au Journal officiel du 4 décembre 2020, « modifiant les dispositions du code de la sécurité intérieure relatives au traitement de données à caractère personnel dénommé Prévention des atteintes à la sécurité publique » et codifiées à l’article R. 236-13 du code de sécurité intérieure, autorisent ainsi le gouvernement, plus précisément les services du ministère de l’intérieur, à procéder à « à la collecte, la conservation et le traitement de données » relatives à des « opinions politiques, philosophiques, religieuses ou syndicales » ou encore à « des données de santé révélant une dangerosité particulière ». Inquiétant !

[11] L’Obs, « La République des consultants », articles de Matthieu Aron et Caroline Michel-Aguirre, 24 juin 2021 : l’on apprend notamment que l’État, les entreprises publiques et les collectivités locales ont consacré 43 milliards d’euros en 2019, pas moins ( !), pour financer diverses prestations de « conseils » auprès de cabinets français mais surtout étrangers, dont le célèbre cabinet américain McKinsey qui intervient un peu partout à raison de « 4000 euros par jour » et par consultant. C’est par exemple ce cabinet qui oriente la politique de vaccination du gouvernement. L’on peut lire ainsi que « Chaque après-midi, au démarrage de la campagne de vaccination, les membres de la task force du ministère de la santé étaient conviés à des points d’étape pilotés … par un associé du bureau McKinsey à Paris. Un service facturé 4 millions d’euros … » !

[12] La souveraineté est définie à l’article 2 de la Constitution selon lequel « Son principe est : gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple ». Et l’article 3 de cette même Constitution précise que « La souveraineté nationale appartient au peuple qui l'exerce par ses représentants et par la voie du référendum ».

[13] Ce qui interpelle, c’est que même le propre site des services du Premier ministre (vie-publique.fr) s’interroge sur cette pratique du recours exagéré aux ordonnances : « Depuis le début des années 2000, le nombre d’ordonnances adoptées sur le fondement de l’article 38 de la Constitution est en forte augmentation. Les gouvernements ont souvent recouru à cette procédure pour des sujets techniques ou des réformes délicates. On peut ainsi donner l’exemple des "ordonnances Covid-19" de mars à juin 2020. Selon un rapport sénatorial de 2020, sur la période 2012-2018, le nombre d'ordonnances dépasse celui des lois adoptées selon la procédure ordinaire". Or, en ce qui concerne la session parlementaire 2018-2019, l'argument du gain de temps censé résulter du choix de cette procédure n'est pas vérifié" y compris lorsque les textes d'habilitation passent par la procédure accélérée" ».

[14] Dalloz actualité, article détaillé de Pierre Januel : « L’Assemblée s’enflamme sur l’état d’urgence sanitaire », 4 novembre 2020.

[15] Rapporté, par exemple, dans Le Figaro, article de Sophie de Ravinel, 3novembre 2020.

[16] Marianne, « Branquignols et bras cassés » à propos des débuts de la gestion de la crise sanitaire, éditorial de Jacques Julliard, 5 février 2021.

[17] FNSP, « Covid-19 : Rapport de synthèse des sapeurs-pompiers de France sur la gestion de la première phase », 12 novembre 2020.

[18] Pour prendre l’exemple de la région Ile-de-France, et selon un article publié le 22 mars 2021 par l’Agence France Presse, « le nombre de lits en réanimation a été porté actuellement à environ 1350-1400 en Ile-de-France, selon l'ARS. », ce qui signifie qu’il y en a moins en période normale. Rapporté à une population de 12 millions d’habitants, le ratio nombre de lits de réanimation /100 000 habitants serait alors, dans cette région, de l’ordre de 11 lits de réanimation pour 100 000 habitants (c’est par exemple, à peu de choses près, la population de villes comme Argenteuil ou Saint-Denis …). Qui osera alors affirmer que cette situation est normale, que ce nombre de lits et celui des personnels soignants formés dans cette spécialité sont suffisants sachant, sauf erreur de ma part, que cette moyenne de 11 lits concerne aussi bien l'accueil des malades du Covid que pour soigner d’urgence bien d’autres pathologies ? Et quel parlementaire ou quel journaliste osera un jour poser cette question au Président de la République ?

[19] Vincent Brengarth et Jérôme Hourdeaux, « Revendiquons le droit à la désobéissance », Fayard, 2021 : un livre salutaire où les auteurs « dressent un bilan implacable du quinquennat Macron, du tournant répressif contre ceux qui concourent à l’expression de la pluralité des opinions (gilets jaunes, zadistes, lanceurs d’alerte…), de l’illusoire course à la sécurité. Pour mieux nous inciter à résister à la surveillance généralisée ».

[20] Valeurs actuelles, 30 octobre 2019.

[21] Ouest-France, « Sanofi. En pleine pandémie, les 400 suppressions d’emplois du groupe pharmaceutique ne passent pas », article de Julia Toussaint, 18 janvier 2021. 

[22] Voir mon billet de blog du 29/01/2022 intitulé « Campagne présidentielle : la crise écologique reste hélas un sujet à peine effleuré ! ».

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