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Billet de blog 14 octobre 2022

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McKinsey et autres : il faut en finir avec le recours à ces officines privées !

La proposition de loi, déposée au Sénat, portant sur l’intervention des cabinets de conseil privés dans la sphère publique n’aboutira sans doute à rien de bien spectaculaire : ce serait en effet remettre en cause la volonté profonde d’Emmanuel Macron de « néo-libéraliser » la société française et le fonctionnement de l’État sur le modèle américain.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Un article publié le 24 juin dernier dans l’Obs sous le titre « La République des consultants », nous apprenait que l’État, les entreprises publiques et les collectivités locales avaient consacré 43 milliards d’euros en 2019, pas moins, pour financer diverses prestations de « conseils » auprès de cabinets français mais surtout étrangers, dont le célèbre cabinet américain McKinsey qui intervient un peu partout à raison de « 4000 euros par jour », et par consultant.

C’était, et c’est sans doute encore ce cabinet qui conseillait le gouvernement dans l’orientation de sa politique de vaccination. Ainsi, l’on peut lire dans ce même article que « Chaque après-midi, au démarrage de la campagne de vaccination, les membres de la task force du ministère de la santé étaient conviés à des points d’étape pilotés … par un associé du bureau McKinsey à Paris. Un service facturé 4 millions d’euros … » : ces propos n’ont pas été démentis.

Plus gênant encore, le directeur associé de McKinsey France est M. Victor Fabius, fils de Laurent Fabius, Président du Conseil Constitutionnel qui ne pouvait donc ignorer le rôle majeur des « conseils » et des actions de « pilotage » prodigués au gouvernement par ce cabinet dirigé par son fils, mais qui n’a pas pour autant jugé nécessaire de se déporter lorsque la haute juridiction qu’il préside a été amenée à examiner la conformité à la Constitution de la loi sur le pass vaccinal.

Le recours à ce cabinet et à tant d’autres de ces officines semble en réalité relever d’une volonté politique plus générale d’Emmanuel Macron de « néo-libéraliser » en profondeur la société française et le fonctionnement de l’État en s’inspirant du modèle américain.    

Dans un entretien qu’il avait accordé le 1er mai 2018 (en anglais, s’il vous plaît …) au magazine économique américain Forbes, Emmanuel Macron tenait en effet à rassurer le monde néo-libéral en jouant cartes sur table : « Ce que je propose comme changement de profondeur est d'expliquer au peuple français : la meilleure protection n'est pas de vous protéger contre le changement. Parce qu'il va arriver », en ajoutant que « Beaucoup de gens expliquent aux citoyens français, « je vous protégerai contre les effets pervers d'Uber ou de Airbnb », mais ces entreprises sont là et les consommateurs français les adorentmême si elles mettent en péril beaucoup d'emplois », pour conclure que « Je veux que mon pays soit ouvert à la disruption et à ces nouveaux modèles ». Il reste que je suis peut-être un cas isolé, mais ces modèles, je ne les adore absolument pas, bien au contraire !

Ces nouveaux modèles sont donc ceux qu’il avait et a toujours la volonté de copier-coller dans notre pays, à savoir « plus de flexibilité et d'accélération dans l'économie, une approche business-friendly (...). Le message que je veux envoyer aux investisseurs étrangers est que nous sommes en train de faire baisser l'impôt sur les sociétés, de simplifier tout, d'apporter plus de flexibilité au marché du travail, d'accélérer la transformation de l'économie française », une transformation dont il ne se rend pas compte qu’elle est fondée sur « le principe de précarité », une transformation dont on mesure désormais à quel point elle vire à la catastrophe économique et sociale.

Mais Emmanuel Macron ne semble pas en avoir cure. Ce qui importe, c’est faire plaisir à Uber, Amazon ou autres Airbnb : et à cet égard, l’aide d’un cabinet comme McKinsey n’est pas seulement précieuse, mais indispensable, voire incontournable !

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