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Billet de blog 18 août 2022

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Allocation de rentrée scolaire : des députés de droite sombrent dans le ridicule !

C’est bien connu, les plus démunis sont forcément des fraudeurs potentiels qui pillent les caisses de l’État : il est donc urgent de les mettre au pas, et au plus vite !

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Le 4 août dernier, quelques jours avant le versement de l’allocation de rentrée scolaire de l’ordre de 400 euros attribuée aux familles les plus modestes, les députés « Les Républicains » en mal d’inspiration n’ont pas trouvé mieux que de déposer à l’Assemblée Nationale une proposition de loi visant à encadrer, ou plutôt à contrôler au plus près l’utilisation de cette allocation. L’exposé des motifs du texte soumis au Parlement est très clair : « l’absence de contrôle sur les dépenses effectuées … permet de facto aux bénéficiaires d’utiliser cette aide à d’autres fins que celle des besoins de leurs enfants pour leur scolarité ».

Il est probable que cet énième aboiement de la droite contre ces profiteurs de pauvres sera sans effet. Mais il révèle une défaillance intellectuelle et morale dans le comportement de certains parlementaires qui ne méritent certainement pas de représenter le peuple, à savoir tout le peuple, et pas seulement la minorité qu’ils adulent et protègent.

Cette rengaine n’est pas nouvelle. L’ancien ministre de l’éducation nationale, Jean-Michel Blanquer déclarait déjà, le 29 août 2021, qu’il n’était pas opposé à cette idée en ajoutant sans rire qu’ « On sait bien, si on regarde les choses en face, qu'il y a des achats d'écrans plats plus importants au mois de septembre qu'à d'autres moments ». Les caisses d’allocations familiales chargées de verser cette aide ont beau affirmer que ces fraudes présumées sont quasi inexistantes, rien n’y fait. En réalité, cette obsession de droite de culpabiliser les pauvres jusqu’à les accuser de fautes voire de délits qu’ils ne commettent pas n’a d’autre objectif que celui de détourner l’attention sur les fraudes massives qu’il faut éviter de contrôler, et surtout d’évoquer.

On peut rappeler par exemple à M. Blanquer le cas de cette subvention de plusieurs dizaines de milliers d’euros qu’il a accordé à un syndicat de jeunes lycéens qui n’a pas trouvé mieux que de dilapider cet argent public pour satisfaire les petits plaisirs personnels de quelques-uns de ses membres. Il s’agit d’abus de biens sociaux, mais qui s’en souvient ? Il est probable que cette affaire n’aboutira pas, alors qu’il aurait été décent que les intéressés remboursent au moins l’argent indument utilisé. C’est un exemple parmi tant d’autres.

Et puis, il y a ces fraudes fiscales ou ces aides massives offertes aux entreprises en partie transformées en dividendes. Mais là, on ne contrôle pas : secret fiscal et secret des affaires obligent !

Alors, je suggère à la gauche parlementaire de déposer une proposition de loi destinée à combattre la fraude des « très bien lotis », une proposition qui prend modèle sur celle qui vient d’être déposée par la droite à propos de l’allocation de rentrée scolaire, histoire d’équilibrer le discours politique. Pour l’exposé des motifs, il suffirait de s’inspirer du style de l’exposé des motifs précité tel qu’il a été rédigé par les députés LR, ce qui pourrait donner la formule suivante : «l’absence de contrôle sur les dépenses effectuées par les milliardaires grâce aux aides de l’État obtenues et aux impôts délibérément impayés  … permet de facto à ces bénéficiaires d’utiliser ces aides et ces économies fiscales à d’autres fins que celle des besoins de leurs entreprises pour en assurer le développement et créer de véritables emplois sur le territoire national ».

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