Que d’ambitions et d’appétits politiques aiguisés à observer pour quelle ligne politique ? Nancy-Paris, une heure trente pour écrire un témoignage, c’est court. Il va falloir que je turbine dans ce TGV.
La LFI, comme cache-misère intellectuel
Une fois n’est pas coutume, je partage les propos de Jean-Luc Mélenchon. Les socialistes seraient sans doute mieux inspirés de travailler leur sujet et leur doctrine, à savoir la réduction des inégalités économiques et sociales plutôt que de se situer sempiternellement au regard de La France insoumise (LFI). C’est ennuyeux de sans cesse remettre Jean-Luc Mélenchon au centre du jeu ! C’est fâcheux de lui faire de la publicité gratuite en permanence ! Quelle curieuse stratégie politique ! Quand on ne souhaite pas d’unité au PS, tous les prétextes sont bons pour l’invoquer plus que de raison. Olivier Faure, Nicolas Mayer-Rossignol et Boris Vallaud, trois hommes pour diriger le PS. Trois premiers signataires pour trois textes d’orientation (TO). Ces fameux TO qui détermineront la ligne politique du parti jusqu’au prochain congrès. Tous des hommes. Pas une femme pour concourir.
Les idées portées par ces trois différents TO sont-elles si différentes les unes des autres. Ces textes sont-ils vraiment exclusifs les uns des autres ? Les militants qui ont signé ces textes respectifs sont-ils des adversaires les uns pour les autres, alors que l’extrême droite rôde à nos portes dans les villes et les campagnes. Dans les tours et dans les bourgs pour reprendre l’expression de Boris Vallaud dans son TO Unir. Au fur et à mesure que la ligne bleue des Vosges s'éloigne à travers la fenêtre de mon wagon, l'exigence à construire une image d'Épinal se renforce dans mon esprit. Avec 25 000 votants, ce serait sans doute dommage de ne pas réaliser l’unité des socialistes. Attendrons-nous que l’extrême droite règne pour réagir enfin ? Pourtant, l’enjeu est bien là, qui déterminera l’enracinement des progressistes face à l’extrême droite. Une occasion historique à ne pas laisser passer ! Surtout que cette fois-ci, nous avons eu droit à la présentation d’une doctrine et d’une idée. Nous avons même eu droit à une ébauche de projet de société. Une première depuis fort longtemps qui mérite, sans doute d’être soulignée.
La démarchandisation, comme projet de société
La démarchandisation, un mot obus nous a-t-on expliqué. Je ne savais pas que l’on pouvait tirer des mots, de la même façon que l’on tire des munitions. Décidément, grâce à mes camarades, j’en apprends vraiment tous les jours davantage. Une cartouche en or que cette démarchandisation ! Elle fait parler d’elle dans les assemblées générales de section. Les sections du PS, ces locaux qui abritent les derniers survivants. Et jusque dans les médias, lorsque les socialistes y font entendre leur voix certains jours de chance. Que peut bien vouloir dire ce mot nouveau ? En vérité, il dit beaucoup du fait que nos vies sont devenues des marchandises à échanger au seul motif du profit. De notre naissance à notre mort, tout se négocie au prix du marché. De l’accès aux biens communs, tels que l’énergie ou encore l’eau, à l’éducation de nos enfants. Pourtant, la vie des hommes n’est pas une marchandise. Pas plus que la vie des femmes. Ni celle des ruraux et ni celle des citadins.
Après des années de sommeil, l’heure est à l’action au PS qui a trouvé son projet de société : la démarchandisation. Ce concept est intéressant à plus d’un titre, notamment parce qu’il permet d’unir la nation, en cessant d’opposer les riches et les pauvres. Les possédants et les démunis. Ce concept permet de garantir un contrat social renouvelé pour un bien-être partagé sur l’ensemble de notre territoire. Il englobe la transition énergétique et la souveraineté numérique au sens large : passage au cloud (serveur à distance) souverain, déploiement de la 5G sur l'ensemble du territoire, usage de l’intelligence artificielle (IA) au service du collectif, promotion des certifications françaises et européennes. La table ronde qui étudiait les conséquences de la montée en puissance de l’intelligence artificielle (IA) au sein du monde du travail à l'égard de l'évolution du salariat est à noter. Le PS souhaite prendre position sur l’un des enjeux de société majeur pour nos conditions de travail et d’existence. Il se prépare ainsi à répondre aux défis du XXIème siècle.
Je lève le nez et me voilà déjà arrivée Gare de l’Est. J’ai deux minutes pour envoyer mon billet. Peut-être qu’il sera publié et que les lecteurs se diront qu’il faut bien du courage et de la vaillance pour assister à un congrès du PS. D’autres se diront qu’il est sans doute singulier de penser que la politique puisse encore servir à quelque chose de notre société. D’autres encore auront peut-être la lucidité de penser qu’un si l’on veut régler les problèmes sans recourir aux armes dans un monde en furie, il est encore temps d’exiger des politiques qu’ils soient à la hauteur du moment.