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Bonsoir,
Nous sommes une génération qui a saccagé son héritage.
Nous avons saccagé notre mer, la Mer Méditerranée.
Elle nous a été léguée par nos parents, depuis des millénaires, comme le berceau de notre humanité. C’est ici que nous sommes nés à la politique, aux religions, à l’écriture, au commerce, à la musique, à tous les horizons.
Mais, en quelques années à peine, notre génération a fait de ce berceau un cimetière, en laissant sans secours des milliers de sœurs et de frères humains naufragés.
Nous sommes une génération qui a fait de la lumineuse Mer Méditerranée une étendue macabre.
Nous avons saccagé notre rivage, l’Europe.
Elle nous a été léguée par nos parents, depuis le milieu du 20e siècle comme un continent de paix, comme une terre refuge. Ici, sur les ruines d’une guerre apocalyptique, ont été posés les fondements d’une politique pionnière de l’amitié entre les peuples.
Mais, en quelques années à peine, notre génération a fait de ce continent un laboratoire de la violence contre l’altérité, en dressant des murs et des barbelés aux frontières, en apportant son soutien à des organisations criminelles telles que ces milices libyennes qui, le 24 août dernier, ont utilisé des armes et un navire fournis par l’Europe pour faire feu sur les marins sauveteurs de SOS Méditerranée.
Nous sommes une génération qui a fait du rêve européen un cauchemar.
Pourtant, certains d’entre nous ne cessent d’honorer notre héritage. Vous le savez parfaitement bien ici, à Lampedusa. Vous savez qu’en haute mer comme sur nos rivages, des citoyens européens accueillent des enfants, des femmes, des hommes en péril. Vous savez combien leurs gestes quotidiens font tenir notre humanité. Vous savez que sans leur persistance, notre mer serait devenue tout entière un charnier, notre rivage une horreur.
C’est pourquoi, avec le collectif PEROU, nous avons décidé de faire inscrire ces gestes de l’hospitalité vive au Patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Nous y travaillons depuis quatre ans avec des artistes, designers, architectes, juristes, sociologues, soignants, réfugiés, habitants, étudiants de l’Europe entière. Et le temps est aujourd’hui venu de finaliser cette instruction.
C’est depuis Lampedusa que nous souhaitons adresser cette requête à l’UNESCO.
C’est ici que nous souhaitons réunir une assemblée citoyenne en charge de sélectionner les 10 images exigées par l’UNESCO pour cette procédure, images que nous devrons recueillir d’Europe entière et qui devront témoigner de la beauté et de la portée de ces gestes de sauvetage, de soin, d’accueil, de bienveillance.
C’est ici que nous voulons rendre publique cette candidature, dévoiler ces 10 images ainsi que le détail d’un plan d’action à mettre en œuvre pour protéger ces gestes et les transmettre aux générations futures.
C’est ici que nous rendrons alors publics les plans définitifs du Navire Avenir, premier navire d’une flotte européenne conçue non pour agresser les marins sauveteurs, mais pour les soutenir et faire se perpétuer leurs savoirs et savoir-faire.
C’est donc ici, à Lampedusa, que nous nous engagerons à transmettre à nos enfants, par des récits et des actes, cet héritage de paix et d’amitié constitutif de notre civilisation.
Tel est le projet que nous avons soumis à Agrigento2025, et je remercie chaleureusement la Fondation MeNO, de l’avoir accepté et de m’avoir invité ce soir pour vous en présenter les grandes lignes.
Et je veux enfin tout particulièrement remercier Giovanni Allevi de m’avoir permis ce soir d’ajouter à sa musique mes paroles au sujet de ces gestes d’hospitalité qui font tenir notre humanité ici à Lampedusa, comme à Marseille, Hambourg, Lesbos, Calais, et tant d’autres villes en Europe, malgré les politiques de criminalisation qui prévalent encore. Ces gestes, techniques et sensibles, sont un trésor que nous devons faire reconnaître comme tel, pour les protéger, pour les consolider, pour les transmettre à nos enfants qui en auront un besoin vital pour affronter les bouleversements climatiques et géopolitiques à venir. Alors nous le ferons, non parce que c’est possible, mais parce que c’est nécessaire.
Merci et très bonne soirée.
Sébastien Thiéry
coordinateur des actions du PEROU et du projet Navire Avenir.
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Buonasera,
Siamo una generazione che ha distrutto il proprio patrimonio.
Abbiamo distrutto il nostro mare, il Mar Mediterraneo.
Ci è stato tramandato dai nostri genitori, da millenni, come culla della nostra umanità. È qui che sono nate la politica, le religioni, la scrittura, il commercio,
la musica, tutti gli orizzonti.
Ma, in pochi anni, la nostra generazione ha trasformato questa culla in un cimitero, lasciando senza aiuto migliaia di sorelle e fratelli naufraghi.
Siamo una generazione che ha trasformato il luminoso Mar Mediterraneo in
una distesa macabra.
Abbiamo devastato la nostra costa, l’Europa.
Ci è stata lasciata in eredità dai nostri genitori, dalla metà del XX secolo, come un continente di pace, come una terra di rifugio. Qui, sulle rovine di una guerra apocalittica, sono state gettate le basi di una politica pionieristica di amicizia
tra i popoli.
Ma, in pochi anni, la nostra generazione ha trasformato questo continente in un laboratorio di violenza contro l’alterità, erigendo muri e filo spinato alle frontiere, sostenendo organizzazioni criminali come le milizie libiche che, lo scorso 24 agosto, hanno usato armi e una nave fornite dall’Europa per sparare sui soccorritori di SOS Méditerranée.
Siamo una generazione che ha trasformato il sogno europeo in un incubo.
Eppure, alcuni di noi continuano a onorare la nostra eredità. Lo sapete bene qui a Lampedusa. Sapete che in alto mare come sulle nostre coste, i cittadini europei accolgono bambini, donne e uomini in pericolo. Sapete quanto i loro gesti quotidiani sostengano la nostra umanità. Sapete che senza la loro tenacia, il nostro mare sarebbe completamente diventato un cimitero, le nostre coste un luogo dell’orrore.
Per questo motivo, insieme al collettivo PEROU, abbiamo deciso di iscrivere questi gesti di ospitalità viva nel Patrimonio culturale immateriale dell’umanità. Ci stiamo lavorando da quattro anni con artisti, designer, architetti, giuristi, sociologi, operatori sanitari, rifugiati, abitanti e studenti di tutta Europa. Oggi è giunto il momento di portare a termine questo progetto.
È da Lampedusa che desideriamo rivolgere questa richiesta all’UNESCO.
È qui che desideriamo riunire un’assemblea cittadina incaricata di selezionare le 10 immagini richieste dall’UNESCO per questa procedura, immagini che dovremo raccogliere da tutta Europa, immagini che dovranno testimoniare la bellezza e la portata di questi gesti di salvataggio, cura, accoglienza.
È qui che vogliamo rendere pubblica questa candidatura, svelare queste 10 immagini e i dettagli di un piano d’azione da attuare per proteggere questi gesti e trasmetterli alle generazioni future.
È qui che renderemo pubblici i piani definitivi della Navire Avenir, la prima nave di una flotta europea concepita non per aggredire i marinai soccorritori, ma per sostenerli e perpetuare le loro conoscenze e competenze.
È quindi qui, a Lampedusa, che ci impegneremo a trasmettere ai nostri figli, attraverso racconti e azioni, questa eredità di pace e amicizia che costituisce la nostra civiltà.
Questo è il progetto che abbiamo presentato ad Agrigento2025, e ringrazio di cuore la Fondazione MeNO, per averlo accettato e per avermi invitato questa sera a presentarvene le linee generali.
Infine, desidero ringraziare in modo particolare Giovanni Allevi per avermi permesso questa sera di aggiungere alla sua musica le mie parole su quei gesti di ospitalità che mantengono viva la nostra umanità qui a Lampedusa, come a Marsiglia, Amburgo, Lesbo, Calais e in tante altre città europee, nonostante le politiche di criminalizzazione che ancora prevalgono. Questi gesti, tecnici e sensibili, sono un tesoro che dobbiamo far riconoscere come tale, per proteggerli, per consolidarli, per trasmetterli ai nostri figli che ne avranno un bisogno vitale per affrontare i cambiamenti climatici e geopolitici che ci attendono. Allora lo faremo, non perché è possibile, ma perché è necessario.
Grazie e buona serata.
Sébastien Thiéry
coordinatore delle azioni del PEROU e del progetto Navire Avenir