AUX ENSEIGNANTS DE LA FRANCE DES LUMIÈRES
Je n'ai pas de mots. Paralysé par la somme de mes angoisses depuis octobre 56 à Budapest et aujourd'hui par cette ambiance de fin de monde. Le crime sordide et tragique qui touche non seulement un homme, mais aussi toute l'institution de l'enseignement (public ou pas) m'élance dans le crâne sans cesse. Pas dormi la nuit dernière, c'est mal parti pour celle qui vient.
Encore une fois je n'ai pas de mot. Suis sous le choc, sidéré. Persuadé que les politiques ou les « Zemmour » qui ont instrumentalisé les divisions, les peurs, amalgamé la montée des pauvretés avec l'immigration qui serait cause de tout…
Alors qu'il s'agit bien d'une lutte à mort entre forces progressistes et un capitalisme financier qui se fout de l'humain. Non j'ai des mots, mais ils sont imprononçables comme souvent, parce que trop lucides des manipulations que nous subissons.
Voilà. J'ai laissé passer la journée, mais rien ne me vient pour réconforter les enseignants, leur dire que ça va aller. Non ça va pas aller. C'est clair. Les politiques (pas tous je sais), se sont sali les mains jusqu'au coude, abandonnant les institutions chargés d'enseigner la tolérance et les valeurs des Lumières qui ont conduit à la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789…
Ces politiques ont des noms, des partis, et manipulent l'inconscient collectif depuis 35 ans.
J'espère que les vacances de la Toussaint vous permettront de vous recueillir, de faire face à l'incommensurable souffrance morale et psychologique. L'après Toussaint me semble encore loin. Notre résilience peut être incroyablement puissante.
Il y a eu Charlie, mais là c'est pas Charlie. C'est la République Française qui vacille sur ses fondements. J'espère que vous trouverez le courage et le désir de surmonter tout cela. Mais je n'en voudrais à personne de rendre son tablier Je crois que ce n'est pas lâche que d'avoir peur. C'est même l'ADN de l’instinct de survie.