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Billet de blog 8 mai 2020

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L'ALCOOL EST LA SEULE DROGUE A LAQUELLE ON EDUQUE NOS ENFANTS

Il peut être tentant d'avoir recours à l'alcool durant le confinement, et les blagues à ce sujet fleurissent un peu partout... Retour sur la relation particulière que nous entretenons avec ce produit (en dessins !)....

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

L'autre jour j'ai vu ce tweet qui m'a beaucoup fait rire, il disait :
Recycler en 2019 : "je vous jure que je suis pas alcoolique j'ai fait une fête !"
Recycler en 2020 " Je vous jure que j'ai pas de fête, je suis alcoolique !"
Mais, dans le fond ce n'est pas si drôle que ça...

« Quand je questionnais ma consommation d’alcool ou celle de mes proches en soirée, j’obtenais deux types de réponses :

– la minimisation : « Oh, il faut bien que jeunesse se fasse ! » ou « Le binge-drinking, ça ne date pas d’aujourd’hui, on l’a tous fait ! »;

– la culpabilisation : « Faut te faire soigner ! Ma mère était alcoolique, elle nous a beaucoup fait souffrir ! ».

Ces deux postulats ne m’ont jamais aidé.

La décision de rédiger cette BD vient d’un long cheminement personnel et de l’electro-choc causé par le travail de Holly Whitaker. Cette féministe américaine utilise son compte instagram @hipsobriety pour partager un regard nouveau sur l’alcool. Cette BD reprend essentiellement ses idées et les posts d’autres instagramers (et ils sont nombreux, contrairement en France) qui utilisent le hashtag #sober. Une nouvelle forme de lifestyle qui refuse l’étiquette glamour ou même joyeuse de l’alcool.

De mon côté, j’ai commencé à binge drinker au lycée vers 15 ans. Pendant longtemps, jamais l’alcool ne m’a semblé être un problème. Il me donnait l’assurance dont j’avais besoin, pour tenir les conversations en soirée. Avec un verre en main, j’avais toujours le mot pour rire.

Puis lentement, j’ai commencé à dire des choses que je regrettais immédiatement, faire des choses que je regrettais le lendemain, voire oublier des parties de mes soirées. Mais je ne me suis jamais sentie addict, je peux très bien me passer de boire pendant un mois sans problème, comme avec la cigarette d’ailleurs. Pourtant, l’alcool commençait à me causer plus souvent du tort que du bien.

La seule solution qu’on propose à « l’alcoolisme » est l’abstinence. On dit que « l’alcoolisme » est une maladie incurable. A l’époque,  je trouvais cette vision des choses terriblement déprimante. Une vie d’abstinence dans le monde dans lequel je vivais, c’était effrayant, c’était se mettre de côté de la vie sociale telle que je la connaissais pour toujours. Puis c’était s’afficher comme malade et différent. Je voyais bien que le binge-drinking était dangereux, un danger trop socialement accepté, mais l’abstinence me paraissait encore plus redoutable.

Et pour cause, nous manquons cruellement d’exemples de vie heureuse sans alcool. C’est comme si l’alcool faisait quoiqu’il arrive toujours partie des événements heureux.

En 2012, j’ai étudié en long et en large le sujet de l’alcool pour rédiger mon mémoire de fin d’études. J’avais lu alors, une trentaine de livres à ce sujet, sans compter le nombre d’articles scientifiques, historiques et de documentaires. Et pourtant, je n’avais jamais lu rien de tel que le point de vue de Holly Withaker.

Holly Whitaker qui vous parle de comment le patriarcat, le racisme, et le capitalisme interagissent. Qui remet l’alcool à sa place, celle d’une drogue.

LA SEULE DROGUE DANS LE MONDE Où C’EST QUAND TU ARRÊTES QUE TU DEVIENS MALADE -_-‘ (cf : alcoolique)

Selon elle, le mot alcoolique prétend qu’il est normal de pouvoir consommer cette substance addictive sans difficultés et anormal de rencontrer des difficulté à en consommer. Il divise le monde en deux catégories qui n’existent pas, ce n’est pas blanc ou noir. Les gens qui présentent une alcoolodépendance ne sont pas les seuls qui rencontrent des problèmes à cause de l’alcool.

C’est aussi un mot qui enferme les gens dans une histoire un peu sombre. Alors qu’en fait, si on en boit plus ça peut être aussi parce que c’est un choix conscient, parce que c’est une énorme perte de temps, qui entrave nos capacités sociales plutôt que de les booster comme je pensais (merci à mes grossesses, j’ai appris à apprécier être à une soirée sans boire, même si c’était difficile au début, maintenant j’aurais l’impression de louper quelque chose en buvant !).

Et si on se posait deux secondes pour voir tout ce qui entoure cette drogue ? Le poids culturel qui fait nuage de fumée autour de la réalité de cette substance ultra glamourisé ?

On encourage les non fumeurs, on est effrayés par les non buveurs. il y a tellement de non sens communément admis autour de ce produit.

Je ressens quelque chose de très fort vis à vis de cette prise de conscience, et je tenais à partager ce déclic à tous ceux à qui il pourrait également être bénéfique

Ces quelques dessins tentent de partager un regard différent sur ce produit. Car c'est ce qui manque le plus aux gens qui commencent à se rendre compte que l’alcool a des effets négatifs (quels qu’ils soient) sur leurs vies. Il nous faut un autre son de cloche que « rien de plus relaxant qu’un cocktail au bord de la piscine, rien de plus fun que de boire des shots entre potes ». Ça, on l’entend déjà partout !

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.