Les fleurs du mâle

Ça bourgeonne de partout, la douceur du climat réveille la nature, les jeunes pousses sortent de terre, émerveillées de l'accueil solaire qui leur est fait, assurées de s'épanouir parmi les autres espèces dans une symbiotique cohabitation. Il n'en est pas de même pour les humains, le printemps qui habituellement réchauffe les cœurs s'annonce frisquet chez nous et ailleurs sur la planète. Les scientifiques se seraient-ils trompés, le réchauffement annoncé serait-il au contraire les prémices d'une nouvelle période glaciaire redoutable pour la survie de l'espèce humaine ?

Les grand maîtres de notre monde, bien au chaud dans leurs bulles qu'ils imaginent increvables ne perçoivent pas ce vent froid qui balaie même les contrées réputées humaines et accueillantes. Le notre (grand maître) placide et débonnaire, commémore à tout va, parcourt le monde en délivrant des paroles apaisantes, concocte consciencieusement un plan-climat qu'il s'empresse de transgresser, et laisse à son second couteau, qui rêve de devenir en glaive, le premier, le soin de s'occuper de la piétaille sans travail qui braille, canaille qu'il conviendra de mater pour éviter une pagaille dommageable aux intérêts de ceux pour lesquels c'est tous les jours Versailles. 

Il serait intéressant de détailler ici tout ce qui va germer de la semence de cet homme ô combien viril, malgré des températures nettement à la baisse dans les pâturages sociaux. 

Entre le chardon interdit de culture et le cactus un chouia provocateur, le stramoine ou herbe aux fous est sans conteste la plante qui symbolise le mieux notre premier ministre.

Mais mon propos n'est pas du tout de faire ici une analyse critique de la politique malmenée depuis 2012, d'autres le font à longueur de colonnes de façon beaucoup plus pertinente. Ce serait pourtant un thème porteur qui pourrait me gratifier de la Une de Mediapart. Mais ce tourment qui me préoccupe tout autant que l'avenir du pays, que vous trouverez peut-être futile mais qui obsède sans nul doute nombre de familles propriétaires ne serait-ce que d'un minuscule lopin de terre, cette détresse donc qui m'a poussé à écrire ce billet est la suivante :

Le printemps étant déjà de retour dans tous les jardins de France et de Navarre, quelles plantations doit-on prévoir pour enjoliver un environnement immédiat apte à faire oublier les turpitudes plus lointaines ? Faut-il choisir les arbres et arbustes propres à isoler de la misère extérieure ou bien privilégier les petits massifs, fleurs odorantes et colorées, agréables certes mais qui réclament un entretien de tous les instants et qui finissent inexorablement par se faner, délabrement qui rappelle hélas celui de nos gouvernants ? 

Mon épouse et moi, bataillons depuis quelques semaines, chacun pour faire prévaloir ses choix. Soucieux d'éviter un conflit conjugal qui pourrait aboutir à une rupture, je viens ici solliciter votre aide car le problème est d'envergure. L'indépendance d'esprit dont chacun fait preuve dans ce journal, le souci incessant du compromis, l'impartiale objectivité des commentaires que je constate tous les jours m'ont convaincu de m'adresser à vous. J’attends de vous une totale franchise, ne craignez pas de vous attirer les foudres de l'une ou de l'autre, ce dernier ne vous en voudra pas trop de donner parfois raison à l'une. Alors je vous fais juges :

 Voila le genre de plantation qu'elle me propose. Sans vouloir vous influencer, avouez que c'est affligeant. J'imagine qu'elle choisirait au départ des spécimens un peu plus jeunes mais c'est quand même ce qu'ils deviendront tôt ou tard.

 Quand je lui suggère ces somptueux arbustes, elle fait la moue, elle me dit que c'est trop, trop … tape à l’œil. Moi je préfère me taper l’œil avec une jolie branche de céanothe plutôt qu'avec une renoncule fanée. Et vous ? 

Mediapart n'est certes pas le lieu idéal pour résoudre les problèmes conjugaux des abonnés, le club n'a pas été créé pour cela mais si on peu se rendre service mutuellement, pourquoi pas ? Dans ce genre de conflit, seule une majorité issue d'avis extérieurs peut porter un jugement accepté par les deux parties. Je sais que vous ferez preuve d'une franche objectivité, alors je compte sur vous pour apporter un sévère démenti à sa flagrante mauvaise foi, je sais qu'elle pourra accepter ce verdict avec dignité. Et puis, pour nombre de personnes en but aux tracas du jardinage décoratif, vous aurez fait une bonne action. Merci !