Ce soir, elle est déprimée, rien, rien du tout, le vide absolu, que va-t-elle bien pouvoir raconter demain à ses lecteurs ? A la télé, pas la moindre niaiserie regardable pour se vider la tête de tous ces soucis. Aux infos, calme plat, pas de crime bien sanglant, pas de propos hyper-racistes qui font le buzz, pas de mosquée taguée, pas de synagogue incendiée. On a bien notre lot quotidien de corruption, de politiciens véreux qui oublient de déclarer leurs revenus ou leur patrimoine, et aussi de grosses évasions fiscales autorisées ou non, quelques connivences trop voyantes avec des dictateurs africains, mais de tout cela, les français sont blasés, le folklore national ne les passionne plus. Ou alors il en faudrait une bien grosse, niveau Arfi, mais là je vais avoir un peu de mal à les prendre de vitesse, les journalistes de Mediapart. Pujadas est tristounet le pauvre, son audience, ce soir ne va pas crever les plafonds. Même sur BFM ça ne va pas fort, pourtant j'aimerais bien me la faire la journaliste à l’appareil dentaire enjoliveur (tiens ça me fait penser, il faudrait que je nettoie ma Twingo, elle a de la boue sur les phares, elle n'éclaire plus la route), ce soir, pas une hypocrisie plus haute que l'autre, pas de gros mensonges himalayens, même pas de Mélenchon à interrompre. Alors rien ? Je sens que je vais passer ma nuit à gamberger, quelle angoisse ! Une nuit de la même couleur que la copie que je vais leur rendre demain à mes lecteurs : BLANCHE. Alors qu'est-ce-qu'ils vont penser ? Que je suis fatiguée, malade, que je ne les aime plus, que je suis partie en vacances sans leur demander leur avis ? Et pourquoi pas d'ailleurs, j'y ai droit à mes vacances, elle en sont où mes RTT ? Et puis c'est trop facile, si on inversait les rôles un peu, vous bloguez et moi je critique. Bon allez, juste pour demain je vais essayer de vous trouver quelque chose mais ça va pas être facile, tout est gris, même la météo.
La METEO, çà c'est une idée qu'elle est bonne ! C'est un sujet qui passionne tous les français, il suffit pour s'en convaincre d'écouter France-Info, cinq minutes tous les quarts d'heure, ou les chaînes télé : un p'tit coup en début de journal, un p'tit coup à la fin juste avant le grand bulletin météo avec de la pub entre les deux pour faire sandwich.
Mais il faudrait trouver un angle d'attaque un peu polémique. On pourrait par exemple dénoncer le déséquilibre nord/sud qui défavorise les uns au profit des autres, les nordistes confrontés au froid et à la pluie et pourtant travailleurs et courageux, contre les sudistes feignasses qui se dorent au soleil. Il serait alors judicieux de proposer la mise en place du CSEM « Conseil Supérieur de l’Équité Météorologique » avec à sa tête un politicien désavoué par ses électeurs que, pour services non-rendus, il conviendrait de grassement rémunérer. Il faudrait aussi y adjoindre un ingénieur de Météo-France pour le label scientifique. Pour financer, il suffirait de ponctionner l'Aide Sociale à l'Enfance qui, compte tenu de tous les milliards dépensés depuis dix ans pour assurer le bien-être de tous, ne sert plus à grand chose. Ce conseil aurait pour objet, d'établir une taxe-soleil pour les sudistes et un dégrèvement fiscal pour les nordistes. La mise à jour serait hebdomadaire, ou quotidienne en cas de météo perturbée. L’intérêt d'un tel billet viendrait de l'instabilité du climat qui pourrait susciter quotidiennement de nouveaux commentaires et donc enrichir mon compte de « recommander », sauf si le soleil, un matin oubliait de se lever, mais Pracontal pourrait nous expliquer que c'est fort improbable.
Un autre sujet serait sans doute au goût de mes lecteurs : LA CUISINE. A la télé, même sans les saveurs et les odeurs, cela fait un tabac. Alors on pourrait proposer une étude comparée du repas type, à Neuilly et à La Courneuve, ça risque d'être grandiose ! Bien sûr plein de commentateurs n'auront rien compris au débat et viendront ergoter sur la qualité du caviar Petrossian ou discutailler si, sur un Chevreuil Sauce Grand Veneur, il convient de servir un Château Petrus 1988 ou du Château Lafite-Rothschild 1979. D'autres déconseilleront d'acheter les lentilles chez Lidl parce que contenant trop de petits cailloux. Ceux là seront sans doute plus nombreux. La réalité du débat consiste en fait à savoir si les aigreurs d'estomac qui sont dues indubitablement aux petites pierres dans les lentilles ne sont pas aussi favorisées par la vision des yachts étincelants, peuplés de jolies filles à moitié nues, croisant dans les eaux bleutées des lagons, que la télé nous dispense, accompagnant avec un sens civique remarquable, le souhait de monsieur Macron de faire de nous tous des milliardaires. Et puis, de l'autre coté, une Sauce Grand Veneur un peu trop riche, accompagnée au moment du café d'un cigare un peu trop gros provoquant pendant la sieste une lourdeur d'estomac et ces aigreurs insupportables, avec dans le palais un petit arrière goût culpabilisant, à la vue, sur la télé super-grand écran, de ces enfants africains décharnés que cette chaîne a le mauvais goût de programmer à cette heure où le repos des honnêtes gens n'est même plus respecté. Heureusement, le zappeur permet de mettre fin à ce petit désagrément. Là aussi, les avis seront partagés, le combat sera très épicé et j'aurai toutes les chances d'être en Une de Mediapart.
A la réflexion, et pour revenir au thème incontournable de la politique, un autre sujet mériterait que je m'y attarde : L'INFLUENCE DE LA LUNE SUR LA PRODUCTION PARLEMENTAIRE.Mon mari qui tous les ans nous fournit en tomates, poireaux, patates, cornichons et épinards veille scrupuleusement à la date de ses semis, et tous les soirs de printemps lève le nez au ciel pour voir si elle est ascendante, descendante ou s'il s'agit d'un nœud lunaire (ne pas jardiner, idem pour un jour de périgée). Il saura alors si le lendemain, il faudra semer, récolter, tailler, bouturer, planter... Il m'a assuré que les députés avaient aussi leur calendrier lunaire. S'il s'agit d'enterrer un projet de loi, ils choisiront pour délibérer et voter, une date de lune descendante correspondant à un jour « racine », mais si vient en séance un débat sur le développement de nouvelles filières bancaires censées drainer l'épargne populaire vers un actionnariat fiduciairement plus rentable, alors la préférence ira à un jour « feuille » de lune ascendante. Une discussion et un vote sur la revalorisation des rémunérations parlementaires se fait toujours un jour « fleur », ce qui heureusement arrive souvent, en lune ascendante ou descendante. Mais j'ai peur qu'un tel billet ne fasse pas recette car il n'y a là, aucunement sujet à polémique, et donc pour regarnir un peu mon « carnet à thème de billet » qui s'appauvrit chaque jour, j'ai pensé aussi à proposer :
Le PUGILAT MUSICAL A TROIS BANDES. Dans ce billet, je développerais une étude sur la distribution sociologique des goût musicaux selon les genres Classique, Jazz ou Hard-Rock. Seraient pris en compte l'age, le niveau d'instruction, le salaire mensuel, le lieu d'habitation, la religion et bien sûr les opinions politiques. La bataille risque d'être dantesque, il pourrait y avoir du sang dans les colonnes de Mediapart (pardon à celui ou celle qui fait le ménage), ce pourrait être le billet du siècle d'autant plus que l’intérêt politique de la chose n'est pas négligeable : songez donc, cela permettrait au personnel politique d'adapter ses préférences musicales à son électorat potentiel. Tel député de l'ouest parisien ne se sentira aucune attirance pour le hard-rock tandis que dans d'autres quartiers plus populaires, on prétendra adorer le jazz ou le rock. Bien sûr, les occitans, les basques, alsaciens, savoyards ou corses seront mécontents de ne pas apparaître dans le panel, mais il suffira que je leur promette un billet sur les musiques régionales et folkloriques. Une compétition entre chants corses et bretons pourrait d'ailleurs intéresser les adeptes de sports violents et là aussi, je pourrais récolter pas mal de points.
Vous voyez j'ai encore des idées, mais là, je suis crevée, je vais me coucher et demain vous n'aurez RIEN.