C'était de la grisette Margot, la blanche caille, et Fanchon, la cousette...
Mon prince, on a les dam's du temps jadis - qu'on peut...
« Faites l'amour, pas la guerre » fut l'un des slogans de Mai 68. Cette maxime fut joyeusement mise en pratique par une jeunesse en mal de liberté ; « Il est interdit d'interdire » en fut une autre plus ambiguë. Le pouvoir en place n'apprécia ni la première ni la seconde. Celle-ci fut-elle le prétexte à certains mal dégrossis d'y trouver une nouvelle légitimité d'assouvir sans consentement des pulsions trop contenues ?
Martine : Trois jeunes types costauds désirent ma compagnie... le baratin habituel pour tenter de tirer un coup ! (J'avais été emmerdée dans la rue)
Monica : J'ai croisé trois hommes. L'un a brusquement saisi mon sexe dans sa main en disant quelque chose que je n´ai pas entendu, il a grassement rigolé puis il est parti avec ses deux compères.
Martine faisant la leçon au petit Groseille : Si tu veux plaire aux filles, je vais te dire : tu t'y prends mal. Elle a bien raison, jamais d'agression, jamais de violence, chacun sa méthode pour séduire la belle ; la mienne (ma belle, pas ma méthode...quoique !) je l'avais solidement arrimée au bout d'une corde pour éviter qu'elle ne m'échappe, j'avais la faiblesse de croire qu'elle n'en avait pas très envie mais sait-on jamais ? Il faut dire que j'étais tête de cordée dans une fine escalade au fond du cirque de Gavarnie...
Tous ces prédateurs que ne proposent-ils galamment à leurs cibles, un voyage pour Cythère où serait née la belle Aphrodite, plutôt qu'un viol dans un train de banlieue ? Combien d'autres témoignages restent accablants pour la gent masculine ? Et pourtant, un certain nombre d'entre eux savent depuis toujours que leur sœur, leur compagne, leur fille, leur copine, sont leurs égales et ils ne supportent pas qu'on les humilie, qu'on les rabaisse, qu'on les confine. Ils veulent pour les femmes la liberté et les droits auxquels chaque être humain peut prétendre nous dit Monica dans FÉMINISME.
Combien de crétins, imbus d'une prétendue supériorité qu'ils cultivent consciemment pour se prouver par des actes d'agression physique ou verbale qu'elle est légitime, combien donc restent volontairement hermétiques à tout argumentaire ? Qu'ont-ils donc dans la tête ces prédateurs aux pulsions mal contrôlées ? N'ont-ils jamais été amoureux à en crever ? N'ont-ils jamais eu le cœur chaviré à la contemplation d'un visage de madone ? L'envie irrépressible de protéger contre tous les dangers du monde une inconnue fluette et fragile ne les a-t-elle jamais submergée ? Dans leur enfance, n'ont-ils jamais eu quelque tendresse pour une maîtresse d'école un peu câline et plus tard, n'ont-ils pas été secrètement amoureux d'une jolie prof qui, en échange de philosophie, leur apprenait à philosopher ? N'ont-ils jamais eu comme moi l’infidèle, au hasard d'un chantier de vacances, le cœur déchiré par la belle infirmière venue sonder elle aussi les entrailles d'un vieux château pour y découvrir que les vrais trésors sont en nous ... N'ont-ils plus la mémoire de leurs premiers émois d'adolescent, de ceux qui font soudain basculer dans un monde troublant et mystérieux ?


S'ils n'ont rien vécu de tout cela, ils sont à plaindre car ce sont des cœurs secs et de la vie, ils auront manqué le meilleur, la fabuleuse aventure de la séduction. Ce qui manque à ces hommes, c’est l‘éducation du cœur. Ne comprendront-ils jamais que le respect, l'écoute, et un minimum d'intelligence, s'ils sont sincères, sont les meilleurs atouts pour séduire et que leurs méthodes brutales qu'ils jugent viriles, ne flattent que leurs ego de machistes. Il est vrai que l'homme n'en aura jamais fini d'éradiquer au tréfonds de lui même cette volonté de domination qui sommeille. Y a-t-il de nos jours une réelle régression des relations hommes/femmes ? Franchement, je n'en sais rien mais certains témoignages féminins dans le club m'inclinent à penser que ce n'était guère mieux 40 ans plus tôt.
Mon intention n'est pas de débattre une fois de plus de ce rapport de domination mais plus plaisamment de vous proposer en musique ce qu'évoquaient pour les poètes et chanteurs de jadis ces attirances amoureuses. Ces complaintes étaient tendres, passionnées, mélancoliques, désespérées, nostalgiques, niaises parfois mais toujours respectueuses. Il me plaît de penser que ma vie sentimentale et mon comportement avec la gent féminine ont été influencés par ces troubadours. Réminiscence radiophonique d'une époque où j'étais encore un peu innocent, cette discussion entre Brassens, amoureux de toutes les femmes et Brel un tantinet misogyne m'avait passionné et ouvert quelques horizons (impossible à retrouver sur le net).
Et puisque les beaux jours arrivent, nous pouvons nous replonger dans nos années adolescentes pour retrouver les chansons, les poèmes, les livres, les films qui ont laissé des empreintes dans nos cœurs romantiques,
Car le cœur à vingt ans se pose où l’œil se pose,
Le premier cotillon venu vous en impose,
Au printemps Cupidon fait flèche de tout bois...
Parmi tous ces chanteurs qui ont marqué ma jeunesse, Georges Brassens, Jacques Brel, Jean Ferrat, Barbara, Mouloudji, Guy Béart, Léo Ferré, Anne Sylvestre et tant d'autres que je ne peux citer, répertoire fort convenu me direz-vous mais dans lequel, les jours de nostalgie je trouve à me ressourcer pour chasser la désespérance de ces temps modernes ; je vous propose cette chanson de Brassens sur des strophes d'Antoine Pol, poète de la grande guerre auteur des « Émotions poétiques », que vous connaissez sans doute déjà mais qui traduit le mieux ce qu'adolescent timide j'avais toujours ressenti. Bien sûr vous serez nombreux à trouver tout cela ringard mais au nom de quelle modernité renierais-je mes émotions de jeunesse ?
Et puis, en attendant vos contributions, cette autre de Brassens, posthume, qui relate de tendres amours enfantines.
Mais depuis tout ce temps, j'en ai manqué beaucoup de ces chansons romantiques qui laissent toujours des petites blessures et je compte un peu sur vous pour parfaire mon éducation sentimentale, il n'est jamais trop tard pour ces choses là.