Ce questionnement doit tourner dans bien des têtes sur cette planète qui elle, ne tourne plus très rond. Que gagnent tous les massacreurs en activité, Daesh, Boko Haram et bien d'autres ? Que gagne le PS à ce suicide programmé ? Que gagnent Hollande, Valls & Co dans ce suivisme effréné du néo-capitalisme mortifère ? Bien sûr, n'attendez de moi aucune réponse, mais si vous en avez, je suis preneur.
Non, je vais très très modestement parler d'un combat minuscule où il n'y eut ni mort, ni blessure sinon d'amour propre, celui que quelques-uns d'entre nous ont mené contre ce qu'il est convenu d'appeler poliment la cellule de modération de Mediapart.
Nous avons donc perdu. Pour nous, ce ne fut pas Waterloo, mais je crois que pour eux, ce ne fut pas Arcole. Ce fut d'ailleurs un combat des ombres, enfin d'une ombre car si de notre coté, les belligérants ont bataillé à visage découvert, prenant courageusement le risque de compléter une liste noire, de l'autre, la mollesse des réactions, malgré une esquive maladroite, nous a donné à croire que nos coups d'épée ne transperçaient que du chamallow. Impression désagréable qui ne fit qu'exacerber les plus tenaces d'entre nous. Les arguments sérieux pourtant ne manquèrent pas, ils auraient dû atteindre un cerveau normalement constitué mais chamallow oblige, aucun neurone ne fut percuté. Le grand collisionneur de hadrons du CERN, récemment remis en service permet à des neutrons d'atteindre leur cible, dévoilant ainsi les secrets ultimes de la nature. Devrons-nous, pour percer les secrets de la nature humaine de notre bien-aimé modérateur, le soumettre à de telles accélérations ? D'ailleurs, est-il bien un humain, un doute m'habite. Les progrès de la robotique ont atteint un tel niveau que surgissent des applications inattendue. Imaginez une machine bourrée d'informatique avec dans sa mémoire, d'une part une liste de mots et d'expressions interdits, une routine qui sache les combiner à l'infini, et d'autre part des éléments de langage à éjecter de manière aléatoire, peu importe, machine robotiquement dotée de ciseaux petits et grands qui entrent en action quand un seuil tolérable est dépassé. Pour faire moins peur, le robot est affublé d'un nom bien de chez nous, au hasard Bruno Doguet. Bien sûr, ni le cœur ni le cerveau de cette machine ne sont accessibles par quelque signal extérieur autre que les mots et expressions préprogrammés, c'est sa force, sont bouclier, peut-être qu'un hackeur bien intentionné... Ce fonctionnement serait un moindre mal si ce robot n'avait complété sa mémoire par une liste de noms ou pseudos permettant de moduler le seuil de déclenchement de la censure car enfin il faut appeler un chat un chat et non un petit minet bien gentil.
Nous avons donc perdu. Mais qu'ont-ils gagné ? J'ai interrogé les astres, ma voyante attitrée dans sa boule, n'a vu que du noir, les esprits... non je ne leur demande plus rien ! Et vous, si par hasard un éclair vous transperce, veuillez s'il vous plaît nous électrifier, merci.
Nous avons donc perdu. Je ne vais pas en faire un fromage (j'aime beaucoup le brie de Meaux, ma ville natale, un petit coucou à Jean-François!), je ne vais pas par dépit (pas amoureux quand même) me désabonner de Mediapart, le défaut de ma cotisation ne leur en ferait même pas bouger une. Je continuerai à lire les articles de journalistes talentueux avec peut-être un œil nouveau quand ils s'indigneront d'une justice aux ordres, de crapules non sanctionnées, de sournoises corruptions ou d'autres canailleries bien de chez nous. Et, puisque les grands débats, souvent de haute tenue sur Mediapart ne font jamais avancer d'un iota la réflexion de nos exécuteurs et législateurs, je continuerai à dialoguer dans la bonne humeur, l'humour, la rigolade, le dérisoire (pas tant que cela) que j'adore, avec mes copines et mes potes, mais désormais en pesant bien mes mots.