Ils fleurissent comme les coquelicots au printemps, ils sont rouge sang. Ils ont leurs terrains de prédilection dans les zones les plus remuées. On savait depuis longtemps qu’ici le terreau était fertile, la culture encouragée et la consommation recommandée au point de provoquer quelques graves accoutumances. Ce narcotique est sournois, il confine à l’obsessionnel et réduit le champ de la réflexion. Les articles de journalistes et les billets d’abonnés rivalisent de surenchère dans cet art de mettre à bas ce mouvement que l’on a aussitôt pointé du doigt comme principal responsable de la dernière défaite électorale de la gauche. Cette formation honnie est livrée à la vindicte des lecteurs comme un exutoire libérateur des instincts refoulés. Le bonheur de tous ces bien-intentionnés soudain dispensé, ce plaisir de dissoudre la France Insoumise et de clouer au pilori ses principaux représentants à l’issue d’un échec tant espéré, faut-il vraiment le partager ?
L’incitation est forte, chaque jour voit naître de nouveaux arguments quelque peu fallacieux et quand le flux ralentit, Reuters qui ne veut pas être en reste, vient à la rescousse. Les « philosophes » sont également convoqués pour cautionner en temps qu’experts analystes de la pensée populaire, ce qui est devenu un impératif avéré pour que renaisse l’espoir : ce mouvement doit disparaître. La démocratie par le vide ? Le collectif par amputation ?
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Serait-il indécent de s’interroger sur les responsabilités des autres partis de gauche pourtant coupables de scores encore plus décevants ? On s’en abstient pudiquement car ils furent les favoris des médias et en particulier du notre, nostalgique d’un temps où les alternances présidentielles avaient la vertu de ne quasi rien changer au sort des citoyens. Alors l’émergence d’un mouvement remettant en cause la loi du marché et un ordolibéralisme certes austère pour les uns mais préservant les avantages des autres, a sans doute refroidi les bien-intentionnés, ceux là même qui, la main sur le cœur prétendent vouloir construire une vraie gauche redistributive.
Cette entreprise de démolition est-elle bien raisonnable car malgré tout le ciel est sombre ? Ces coupes claires que les irréfléchis appellent de leurs vœux déracineront ces jeunes talents qui ont prouvé avec ferveur leur attachement à une nouvelle politique plus humaniste face au cynisme du fric et du pouvoir sans partage. Faire table rase de cette formation qui a donné tant d’espoir laisserait le champ libre à ceux, trop nombreux qui acceptent, néolibéralisme oblige, de faire de notre pays un domaine à privatiser à l’encan au prix de la destruction programmée de nos services publics.
Les choix citoyens se font hélas sous l’influence des médias pour qui la personnalité et les traits de caractère de celles et ceux qui auront la responsabilité de gouverner et de faire vivre une démocratie malmenée, priment sur les programmes. A droite, on peut comprendre que la préservation des privilèges oriente l’électeur vers celle ou celui qui, même au mépris de principes républicains élémentaires sera le mieux à même de les pérenniser, mais à gauche la donne est toute différente :
Face à l’urgence climatique, aux inégalités sociales qui se creusent, à la transgression des droits humains, à la mise à mal de la démocratie dans une république incapable de respecter un équilibre politique qui mettrait à l’abri d’un régime de type fasciste, il est urgent de concevoir à minima, une plate-forme de propositions acceptable par toutes les formations de gauche et donc par tous les citoyens désireux de mettre fin à un système qui ne satisfait plus qu’une minorité aisée de la population. Les personnalités devraient se mettre au moins temporairement en retrait au profit de ce manifeste commun. C’est peut-être le plus difficile, les égos sont toujours là. Auront-ils l’intelligence de faire ce sacrifice ? Le peuple en attente de changement ne leur pardonnerait pas d’y renoncer.
Toutes les formations de gauche devraient être partie prenante dans ce processus. Continuer à pratiquer l’exclusion est une faute grave, la gauche a besoin de tous les talents. Cette véhémence contre la FI apparaît à beaucoup d’entre nous comme irresponsable de la part de médias qui se réclament d’une gauche novatrice. Mediapart en est-il vraiment ?
Un mariage d’amour, c’est sans doute trop demander, mais pourquoi pas une union sincère et durable … avec beaucoup d’enfants pour un monde meilleurs ?