La France, démocratie exemplaire, pays des droits de l'homme et regardée comme telle par le reste du monde … il y a bien longtemps, en est arrivée en 2020 à un conflit triangulaire entre le peuple, le pouvoir exécutif et l'institution policière, affrontements qui, après les crises sociales non traitées et celle calamiteuse du covid19, ne vont guère faciliter la nécessaire union des bonnes volontés pour affronter un avenir incertain que certains voient comme un inévitable collapsus.
Un Président à la hauteur de ce défi ?
- La constitution de la Ve République donne au pouvoir exécutif doublé d'un parlement trop souvent complaisant, un pouvoir exorbitant qui lui permet durant tout un quinquennat, d'imposer sa politique sans réel contre-pouvoir autre que celui dérisoire de la rue.
- Pour museler ces opposants citoyens, négligeant le dialogue républicain via les parlementaires représentants du peuple, ou les syndicats, ce pouvoir coercitif utilise les forces de police et de gendarmerie. A cours des derniers mandats présidentiels, il n'a jamais été question de réformer un tant soit peu une institution policière trop zélée, pour la rendre vraiment républicaine et au service des citoyens. Au contraire, le pouvoir a tout fait pour qu'elle apparaisse comme une force de dissuasion à manifester. Un pouvoir autoritaire, une police robocop, une démocratie en lambeau, la suite se devine déjà !
- Ce dernier rempart contre des manifestants en grande majorité pacifistes, n'a jamais été formé à l'apaisement par le dialogue, à l'image de la hiérarchie administrative et politique. L'exclusive dissuasion physique a coupé cette police d'état, d'une population qui prend peur. Est-ce de la part du pouvoir, une option délibérée ?
- Consciente de son rôle primordial pour la pérennisation d'un exécutif maintenant aux abois et forte d'une impunité rarement démentie, l'institution policière refuse une remise en cause de méthodes dénoncées pour leur violence excessive. Nous ou le chaos : un non-dit tonitruant. Sera-t-il perçu comme tel ?
- Le piège se referme sur un gouvernement et surtout un président hors sol qui, ayant toujours nié les violences policières va devoir choisir soit de rester sur la même ligne au risque d’apparaître encore plus dictatorial et répressif, soit d'engager une transformation plus républicaine de l'institution policière (et judiciaire, ce serait bien aussi), option courageuse et nécessaire qui l'obligerait à revoir dans la foulée tout son logiciel de gouvernance et pour tout dire, son idéologie néolibérale qui écrase les plus faibles. Il peut aussi choisir de ne rien dire mais de le faire avec dignité et toute l'emphase qui sied à un président ... en attendant des jours meilleurs.
Mais si ce Jupiter voulait faire dans le sublime, il devrait envisager de passer à une VIe république et pour cela, le mieux serait de passer la main. Ce serait beau non ?