Les utopies nourrissent les âmes des justes. Mais elles ne sont plus d'actualité depuis que le libéralisme outrancier a façonné les esprits dans l'idée que dans ce monde en presque faillite, la satisfaction des intérêts personnels biens sentis, dans un repli soit disant salutaire et bien à l'abri des prédateurs intérieurs et extérieurs, était le modèle indépassable qu'il était impératif d'adopter sous peine d'inexorable déclassement. Ce mantra des hommes de pouvoir est mandaté par un bloc bourgeois et financier qui n'a pas encore pris conscience que sans un minimum de partage et de concessions, une entropie universaliste risquait tôt ou tard de les emporter. Ainsi va l'histoire de la France et du monde depuis que l'homme dans sa tribu est partagé entre la soif de pouvoir, de richesse et de gloire et la conscience que sa survie à long terme n'est garantie que par le partage collectif.
Alors on voit dans la population, hormis un bloc très aisé qui se tait en espérant préserver ses privilèges, d'une part celles et ceux, souvent des précaires en situation de survie qu'on n'a pas le droit de blâmer, dont les besoins vitaux les incitent à écouter les sirènes prometteuses de politiciens identitaires et xénophobes et d'autre part une population éclairée, démocrate, humaniste, très soucieuse du bien commun, qui dans l'histoire de notre pays a toujours su réagir de manière pacifique ou plus violente aux menaces d'atteintes graves aux droits de l'homme, de la part de personnages autoritaires qui n'hésiteraient pas à mettre à mal une démocratie qui restreindrait leurs pouvoirs. Les premiers, hélas, s'ils en restent au premier étage de leurs revendications sans nul doute légitimes mais en faisant le mauvais choix, ne verront pas les lumières … peut-être, d'un sursaut d'humanisme dans une société qui doute.
Un fol espoir est né d'un (mauvais) coup d'état mal inspiré, par la surprenante concorde des représentants des peuples de gauche, que d'aucun jugeait impossible et par un souffle purifiant dans les artères de tout le pays … et puis hélas le retour du viruségo narcissique qu'on espérait éradiqué et qui commence déjà à éroder les fragiles fondations de ce nouvel édifice en gestation. Faut-il désespérer de la nature humaine ? Le combat contre les siens sera-t-il toujours le préalable à la lutte pour le bien de tous ?