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Petit conte intemporel, du pylonus de l'époque paléofertile ...
Cette découverte qui a échappé à l’œil acéré de M. de Pracontal figurait pourtant dans les prédictions des spécialistes de paléobotanique qui envisageaient au cours de la protohistoire et plus spécialement à partir de l'âge du fer, l’apparition de cette curieuse végétation. Les paléopalynologues on d'ailleurs recueilli des grains de pollen porteurs de nombreux atomes de fer, preuve incontestable que ces pylonus arboricum ont proliféré puis ont disparu sans doute sous l'action des violents orages très actifs à cette époque et qui déchargeaient leurs éclairs en priorité sur ces arbustes. Il était donc à prévoir que 3000 ans plus tard, un climat plus serein permettrait la réémergence de cette espèce, le fer contenu dans son ADN prenant alors le pas sur le vert feuillus.
Nous devons la toute récente découverte de ce premier spécimen de l'ère moderne à une blogueuse déjà célèbre de Mediapart : Grain de Sel. L'arbrisseau étant déjà devenu adulte, on devine à sa tête son ossature métallique. On pourrait s'y tromper, serait-ce un pylône avec des feuilles ? Nous sommes nombreux à nous être fourvoyés, et bien non, le pylonus arboricum est un arbre avec un tronc de fer. Il est à parier que les hommes vont l'utiliser pour y suspendre toute sortes de choses, cordes à linge, supports de balançoire et même peut-être fils électriques. Craignons alors que ces polynus ne soient dépouillés de leur verdure, nouvelle agression contre la nature :

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Mais revenons à cette découverte. Grain de Sel, dans un doute légitime s'est posée la question : Quand les pylônes auront des feuilles, ressembleront-ils à ce magnifique pylonus arboricum ? Et puis, que dissimule-t-il cet arbre mystérieux ? On ne ressurgit pas du fond des temps sans quelques secrets initiatiques d'une culture disparue. Cache-t-il une sombre et impénétrable forêt, le silence, la peur, le loup qui rôde ? Elle s'y est aventurée, sous les futaies, a parcouru longuement sentes et chemins, a sondé talus, tanières et clairière, y a côtoyé des êtres bizarres, drôles ou inquiétants mais rarement hostiles a tenté le dialogue et, en entomologiste avide d'observer toute cette biodiversité dans sa musette amoncelée, nous en a rapporté des merveilles : la vie, des vies qui étonnamment ressemblent aux nôtres ; les dames et messieurs du temps jadis avaient-ils la même gouaille, les mêmes espoirs, la même nostalgie ?
… aux contes modernes de la folle vie pas toujours ordinaire.
Divagations, provoquées sans doute par les fruits arc-en-ciel de cette arbre venu d'un autre âge qu'imprudemment elle a voulu goûter, car si le pylonus arboricum nous a ramené quelques millénaires en arrière, les récits rapportés de ses errances sont bien contemporains et le charme joue à fond. On vagabonde oui, mais le pylonus s'est évaporé, peut-être que si Grain de Sel nous emmène un jour au jardin des plantes …
D'abord on la suit dans son labyrinthe d'émotions, curieux de ses contacts improbables, de ses réflexions, des anecdotes glanées ici ou là et puis on l'accompagne volontiers où ses envies la conduisent, certains d'y butiner de l'inédit, objets ou personnages, fantaisistes, bohèmes, capricieux, coup de cœur, de blues, de cafard. Dans son quartier parisien, elle oublie notre présence à ses cotés pour s'émerveiller des « mille grâces et arabesques dessinées par le hasard dans l'air glacé et parfois au bord d'expirer puis reprenant de plus belle leur pavane désolée » … sacs plastiques qui volent au vent. Comment résister à la grâce qu'elle sait donner aux choses les plus insolites ? Quelle splendeur va-t-elle nous vendre pour trois sous au prochain tournant, à la brocante qu'elle a repérée dans un coin insoupçonné ? Elle nous met dans le cadre somptueux d'un grand peintre, les caprices des humbles, des paumés, des snobs, des grands bourgeois croisés au hasard d'une expo. Elle sait créer des parenthèses insolites dans la monotonie du quotidien, dans lesquelles on aime à se noyer pour oublier la grisaille du jour ou la noirceur de la nuit. On la suit un peu inquiet dans l'impasse des emmerdes, de l'ANPE à l’hôpital, surprenant parfois le triste éclat de quelques grain de sel entre les cils, quelle dissous rapidement par la découverte d'une issue, passe-muraille qui s'efforce à l'optimisme en toute situation. Dans ses pérégrinations, elle n'hésite pas à piétiner les jardins secrets, petits braconnages inoffensifs, pour nous en révéler les mystères. Avec toujours ces états d'âme à fleur de peau, nostalgie cachée que pourtant on devine, appréhension du temps qui passe ... mais toujours la vie qui s'obstine.
Mais je ne vous raconte pas tout, le meilleurs est à découvrir, d'ailleurs avec mes lourds pataugas je ne ferais que ruiner la grâce, la poésie, la gouaille qui font le charme de ce recueil. C'est un périple initiatique duquel on revient un peu moins innocent.
A lire bien sûr le billet de Jonasz : Grain de Sel a ouvert sa gibecière : le livre

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