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Billet de blog 21 juin 2015

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Une échappée belle

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Non, il ne s'agit pas ici de l'exploit d'un coureur cycliste du tour de France dans une rude étape de montagne mais d'une invitation à l'évasion car si vous n'y prenez garde, médiapartiennes, médiapartiens, l'addiction vous guette qui vous grignotera le cerveau, l'angoisse existentielle de disparaître du club vous ôtera le sommeil, vous serez en permanence en quête d'une nouvelle idée pour un billet original vous valant l'approbation de vos amis ou, plus subtil d'un sujet très polémique ou franchement provocateur dont le nombre de commentaires vous propulsera à la une du journal. Par exemple : « Eric Woerth sera-t-il premier ministre de Hollande en 2017 ? » ou bien « la solidarité n'est plus une valeur républicaine à défendre ». Le choix est sans limite.Il vous faudra aussi veiller à chaque instant à laver les affronts qui vous seront faits dans les commentaires, c'est un travail à temps plein si vous voulez préserver un minimum de dignité. Si quelques abonnés maîtrisent très bien une présence assidue dans les colonnes du club et savent garder une distanciation qui les préserve de graves traumatismes, d'autres sont déjà atteints, rendant urgente la présence de psychothérapeutes dans la cellule de modération. Je leur conseille plutôt la solution bio : l'escapade au moins temporaire. Les amis en seront peut-être un peu chagrins et les opposants s'en réjouiront, quoique l'absence soudaine d'un adversaire à insulter est parfois frustrant. Mais pour ceux qui l'adoptent, ce sera un grand bol d'air frais à condition de trouver les endroits où souffle ce vent de liberté.

Médiapart n'est pas un trou noir d'où l'on ne peut s'échapper. Avec un peu de volonté il est même possible d'en réchapper : l'Univers en trois dimensions, l'Espace, le Temps, les Sentiments, nous offre d'immenses étendues d'évasion.

Certains ont choisi la fiscale (d'évasion). Il paraît que la contemplation de lingots d'or malhonnêtement acquis, dans le coffre d'une banque suisse provoque une satisfaction proche de l'orgasme. De vieux messieurs à la virilité flageolante préfèrent s'y adonner régulièrement plutôt que de jouir sans réelle félicité des prestations de jeunes personnes pourtant très habiles. On m'a dit qu'avec des lingots factices ça marche beaucoup moins bien. Vous pouvez malgré tout tenter l'expérience :

Illustration 1

Décevant n'est-ce pas ! Il faut donc conseiller à celles et ceux qui n'en ont pas les moyens, de trouver d'autres chemins.

Pratiquer l'évasion spatiale n'est pas non plus sans charme. S'envoyer en l'air dans une navette, aventure promise dans un futur proche aux touristes très argentés offrirait une extase hors de portée du clubiste lambda, mais sans atteindre à un mysticisme béat que personnellement je déconseille, la simple contemplation d'un ciel étoilé orientera vos pensées dans des directions diverses selon votre humeur du moment : vous pourrez y voir en artiste pointilliste le modèle d'un nouveau chef-d’œuvre ou bien en observateur cartésien vous demander si l'univers est fini ou non, interrogation qui en amènera d'autres (s'il est fini, qu'y a-t-il derrière la frontière...?) balayant comme des vagues successives les basses préoccupations médiapartiennes. Il est aussi conseillé de s'interroger sur la présence de petits hommes verts (ou de toute autre couleur) d'ailleurs incontestable dans notre galaxie (ou dans d'autres mais les rencontres seraient quasiment interdites), de leur mode de vie, de leur nourriture, de leurs loisirs etc... et pourquoi ils n'ont pas encore de téléphone portable !

Mais la conquête de l'évasion spatiale peut très bien se faire sur terre. Je ne sais si la tour-Eiffel évade vraiment les parisiens, mais il est sûr que chausser une paire de croquenots et grimper une butte, fut-elle colline ou montagne ne serait-ce que par l'effort fourni laisse loin derrière les mesquineries du bas peuple qu'il faut malgré tout se garder de considérer d'un air condescendant, le bouquetin mécontent de votre air supérieur pourrait d'un coup de corne vous y faire redescendre illico.

Illustration 2

Le voyage dans le temps est imaginable dans les deux sens. Si les politiciens dont le métier est de nous assurer un avenir radieux nous promettent de raser gratis demain, ils ont intelligemment préparé le terrain en nous mettant presque tous à poil. Dès lors, le total dénuement qui nous attend peut-il enthousiasmer si l'on n'est pas soi même adepte d'un naturisme de groupe doublé d'une ascétique sobriété alimentaire ? Compte tenu de la situation actuelle, l'odyssée du futur nécessite une imagination hors norme si l'on veut la colorer d'un peu de rose. Certaines et certains y parviennent pourtant, et dans les colonnes clubiennes, tentent de nous persuader régulièrement que les actuels néo-sociaux-libéraux au pouvoir commencent à déboucher les tubes rose-vif pour 2017. Les super-naïfs pourraient suivre, il est des égarements qui, telle une bouffée de coke vous régalent d'un vol qui hélas ne plane jamais très longtemps. J'hésite à poster ici une photo de notre trio de tête : FH, MV et EM, mais elle gâcherait le plaisir et l'envie qui vous gagne déjà, j'en suis sûr, de rejoindre ces contrées encore virtuelles d'euphorique béatitude. Ces lendemains qui ne chanteront pas ne sont pas évasion ; au contraire il nous faudra penser sérieusement à scier les barreaux.

Et donc, le futur étant quelque peu bouché, le demi-tour s'impose et là, de l'horizon mémoriel du passé où vous côtoierez les premiers hominidés jusqu'aux plus récents événements, vous avez vraiment l’embarras du choix : si votre esprit encore belliqueux de votre séjour récent sur les plages rarement ensoleillées de Mediapart vous invite à d'autres batailles, notre seul territoire national vous émerveillera, des petites guérillas de pouvoir aux grandes batailles bien sanglantes. A l'assassinat sournois de prise de pouvoir ou aux grandes conquêtes napoléoniennes, vous pourrez comme tonton Georges préférer la guerre de 14/18, mais l'évasion dans les charniers en rebutera plus d'un. Ceux d'entre vous qui réprouvent les régimes autoritaires trouveront plus enthousiasmants les combats révolutionnaires dont notre histoire est truffée, dont nous aimerions voir de nouveau l'esprit souffler force 7.

Illustration 3

Si vous préférez les grands espaces non encore défrichés, affrétez une caravelle, rassemblez des hommes de confiance et lancez-vous sur les flots à la conquête de terres inconnues.   

Illustration 4

  Vous pourriez baptiser l'une d'elle Amérique. Ah bon, c'est déjà fait ! Cette conquête est-elle encore séduction ? le conquérant n'a-t-il pas finalement accepté d'être soumis ? C'est un jeu à la mode en Europe ; il ne vous fait pas rêver ? Vous êtes pardonné, alors il y a pour vous d'autres territoires à défricher qui, s'ils ne laisseront pas votre glorieux nom dans l'Histoire et ne vous font pas voyager dans le temps, libéreront à coup sûr votre esprit des mesquineries du monde :

Illustration 5

  Un jardin c'est souvent : une porte, une grille, un pont, un mur !... C'est dommage... en tout cas... pas obligatoire. C'est comme le bonheur ! Tant que vous ne l'avez pas senti venir et que pourtant vous êtes dedans... vous ne vous apercevez de rien !!! Carpe Diem. (Emprunté à Eugénio sans son autorisation, sorry.)

Insondable, mystérieux comme la gravitation, merveilleux souvent, l'univers des sentiments est-il restreintà notre planète ? Les éthers ont été considérés comme des substance subtiles distinctes de la matière pouvant fournir ou transmettre des effets entre les corps. Si les physiciens ont abandonné ce concept, il est séduisant de l'adopter définitivement ici pour couper court à toute tentative d'explication scientifique. Savoir que telle molécule est responsable de votre envie d'aimer vous entraînerait vers une fatale neurasthénie et dans ce domaine les tentatives d'évasion seraient inopérantes. La déconnexion du monde réel par le biais des sentiments est pourtant la plus exquise, la plus totale : un seul être vous manque et tout est dépeuplé, Mediapart elle-même a perdu tous ses blogueurs, y compris les plus sympas, alors les grincheux !!... Vous voyez, l'évasion la plus séduisante est à portée d'une sensibilité affective minimale. La palette à votre disposition est de nuances infinies, évitez les couleurs sombres, n'attendez nul autre conseil car les sentiments échappent à toute analyse, éther primordial de la vie qui s'évapore à toute tentative de préhension.

Mais il faut prendre des initiatives parfois délicates pour les plus timides. Il n'est nul besoin de tenter tout de suite le grand amour, il est de tendres sentiments ou de simples connivences qui offrent d'immenses satisfactions. L'évasion à deux est la plus planante, vous le savez déjà.

Monsieur, si l'âge aidant moins, vous ne vous sentez plus de gravir comme à vingt ans des sommets amoureux il vous suffira, la mine attendrie de lui fredonner :

Viens encore, viens ma favorite, descendons ensemble au jardin (celui que vous avez défriché tout à l'heure) viens effeuiller la marguerite...

saturne de Brassens © nadaflower

Le froid cartésien fera place à la chaleur humaine et vous prendrez conscience que les petits conflits d'opinion qui opposent, mis en balance avec l'affectif qui rapproche sont bien peu de chose au regard de ce que le reste de votre vie peut encore vous apporter de beau, de tendre, de joyeux. Vous vous sentirez réconcilié avec l'humanité toute entière et à votre retour sur Mediapart vous verrez les aigris, les grincheux, les insulteurs comme de dérisoires petits insectes que vous pourrez à votre tour inviter à butiner des jolies petites fleurs.

Il vous est tout aussi loisible de vous évader un peu sans quitter votre journal favori : sans fouiller très loin, vous trouverez de la musique, des billets charmants où on parle de tout et de rien (essayez de parler de RIEN, c'est très rafraîchissant !), retrouvez votre jeunesse dans Je me souviens...

A vous qui avez de jolis contes dans votre besace, mais aussi pourquoi pas à la cellule de modération dont le métier est l'apaisement, puis-je humblement vous demander : évadez-nous !

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